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"Soumi est de retour à la maison"

Les partisans de Soumaïla Cissé l'accueillent à l'aéroport de Bamako.   -  
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MICHELE CATTANI/AFP or licensors

Mali

Après des mois d'attente et quelques jours supplémentaires d'incertitude quant à la libération de Soumaila Cissé, ses partisans ont enfin pu laisser éclater leur joie. Ils étaient nombreux a s'être rassemblés devant l’aéroport pour accueillir celui qu'ils surnomment "Soumi".

L'homme politique malien, libéré jeudi plus de six mois après son enlèvement, est une figure éminente de la politique et de l'histoire récente et tourmentée de son pays.

Les seules preuves de vie obtenues pendant sa captivité étaient des lettres transmises à sa famille fin août par l'intermédiaire du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Soumaïla Cissé est la plus haute personnalité nationale enlevée au Mali depuis 2012, date à laquelle des rébellions indépendantiste puis jihadiste ont plongé le pays dans une crise sécuritaire profonde.

L'exigence de sa libération a constitué un des cris de ralliement de la contestation contre le président Keïta, finalement renversé par un putsch le 18 août.

Cet homme élégant, qui passe volontiers pour un intellectuel, débonnaire mais plus professoral que charismatique, a derrière lui un parcours brillant qui l'a conduit à de hautes responsabilités ministérielles et dans des institutions africaines.

"J'ai milité très tôt. Je ne reste pas assis dans un bureau. Pour la démocratie au Mali en 1991, j'étais là", avait-il expliqué à l'AFP en faisant référence à la transition démocratique après les années de dictature post-indépendance.

"En 2012, lorsqu'un putsch a interrompu le processus démocratique, j'étais là aussi. Je n'ai pas de leçons de militantisme à recevoir de grand monde", ajoutait-il.

Aux scrutins présidentiel de 2013 et 2018, il s'était incliné face à Ibrahim Boubacar Keïta, dont il avait vivement et vainement contesté la réélection il y a deux ans, entachée de fraudes selon lui.

Avant même la proclamation des résultats du second tour, celui qui avait en 2013 reconnu sa défaite avant son officialisation refuse de les accepter et appelle les Maliens à "se lever" contre la "dictature de la fraude", sans parvenir à rallier les autres ténors de l'opposition.

- "Super ministre" -

Ingénieur-informaticien de formation, il étudie au Sénégal et en France. Là, il travaille dans de grands groupes tels qu'IBM, Péchiney ou Thomson.

Il rentre en 1984 et intègre la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT), alors colonne vertébrale de l'économie. Il est considéré comme le chef d'un groupe d'intellectuels bien décidés à jouer un rôle politique.

Sous Alpha Oumar Konaré (1992-2002), il est nommé secrétaire général de la présidence, puis ministre des Finances (1993-2000), côtoyant quelques mois au gouvernement Ibrahim Boubacar Keïta comme collègue. En 2000, il devient "super ministre", cumulant plusieurs postes.

En 2002, candidat du parti présidentiel, il est battu au second tour par Amadou Toumani Touré, un militaire qui a pris sa retraite de l'armée.

Il crée en 2003 son propre parti, l'Union pour la République et la démocratie (URD), deuxième force à l'Assemblée nationale jusqu'à la prise de pouvoir des militaires en août 2020.

De 2004 à 2011, il assume la présidence de la Commission de l'Union économique et monétaire ouest-africaine.

Farouche opposant au putsch du 22 mars 2012 qui précipite le pays dans la crise qu'il connaît encore aujourd'hui, il est brutalement arrêté par les hommes du capitaine Amadou Sanogo. Blessé, il va se faire soigner en France.

Après son enlèvement, son parti ralliera le Mouvement du 5-juin, qui mènera la contestation contre le président Keïta jusqu'au putsch.

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