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"Le changement commence par les femmes" : rencontre avec la journaliste Baria Alamuddin

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À l’approche de la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars, Inspire Middle East a rencontré Baria Alamuddin, une célèbre journaliste politique libanaise, pour parler de la place des femmes au Moyen-Orient et en Afrique du nord.

Voilà plusieurs décennies que la journaliste politique Baria Alamuddin secoue le monde médiatique. Elle s’est taillée une solide réputation au Moyen-Orient, aux États-Unis et au Royaume-Uni en parlant sans complaisance à des icônes culturelles, des chefs d‘État et des chefs religieux. Elle est également la dernière journaliste à avoir interviewé la Première ministre indienne, Indira Ghandi, avant son assassinat en 1984.

Baria Alamuddin défend depuis toujours les droits des femmes et a beaucoup écrit sur l‘évolution de leur place, notamment au sein de la société saoudienne.

La journaliste libanaise prône l’alphabétisation et l’accès à l’emploi pour les femmes dans le monde arabe. Selon un rapport du Forum économique mondial, sur les 15 pays ayant le plus faible taux de participation des femmes dans la population active, 12 se trouvent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

La mère de Baria, fervente partisane de l‘éducation et de l’autonomisation des femmes, a eu une grande influence sur sa fille, et Baria elle-même a certainement inspiré ses deux enfants, Tala et Amal. Cette dernière est une célèbre avocate et militante des droits de l’homme, et a épousé l’acteur américain George Clooney en 2014.

Alors que se profile la Journée internationale des droits des femmes, Inspire Middle East a rencontré Barria Alamuddin lors du séjour de cette dernière à Abu Dhabi.

Baria Alamuddin : “J’ai toujours été une agitatrice”

Rebecca McLaughlin-Eastham : Baria, bienvenue dans Inspire Middle East. Pour commencer, pouvez-vous me dire comment vous avez tracé votre parcours professionnel, à une époque où il y avait très peu de femmes dans votre domaine ?

Baria Alamuddin, journaliste et analyste politique : J’ai toujours été une agitatrice, et je n’aimais pas ce que la société, la famille ou d’autres m’imposaient. Au départ, je voulais être avocate, car j’ai toujours voulu rendre justice. Et je me suis dit que le journalisme s’en rapprochait.

Pensez-vous qu’il y ait un plafond de verre, des barrières qui compliquent l’entrée des femmes dans les médias aujourd’hui ?

Baria Alamuddin : Je pense que nous, les femmes, avons placé beaucoup de ces plafonds de verre. Les femmes doivent participer au développement de leur famille, de leur pays, du monde entier, et alors je pense que nous serons sur la bonne voie.

Qu’en est-il des femmes en Arabie Saoudite ? Sont-elles en train de gagner du terrain en matière d‘égalité de traitement avec les hommes, en particulier dans les postes de direction ?

Baria Alamuddin : Eh bien, cela va prendre du temps, mais je peux vous dire que ça bouge rapidement. J’essaie d‘écrire un livre sur les femmes saoudiennes, et j’ai parlé à près de 2300 femmes. C’est une histoire incroyable : 62 ou 63 % des diplômés sont des femmes, et pourtant, la participation des femmes sur le lieu de travail était, jusqu‘à peu, d’environ 10-12 %. Aujourd’hui, elle est d’environ 28 %. Par ailleurs, moins de 2 % des PDG à travers le monde sont des femmes. Donc oui, ça change, mais il y a encore beaucoup de travail, et cela commence par les femmes elles-mêmes, j’insiste.

Vous avez écrit un article intitulé “Le futur sera jeune et féminin”. Nous avons parlé des Saoudiennes, mais la région est vaste et diverse. Qu’en est-il du Liban, de la Syrie ou du Yémen ?

Baria Alamuddin : Je suis très, très fière des Libanaises, en particulier ces derniers temps, car elles sont dans la rue. Elles mènent les manifestations, elles organisent, elles écrivent, elles font tout le travail. Mais je dois dire que les femmes irakiennes sont également une surprise, car l’Irak est une société plus conservatrice. Je vois des jeunes femmes qui sortent des universités et qui participent à la société, peut-être moins que les Libanaises, mais elles y vont quand même.

À ce propos, croyez-vous à la discrimination positive à l‘égard des femmes dans le monde du travail, et même aux quotas – que beaucoup de gens trouvent assez controversés ?

Baria Alamuddin : Je ne crois pas aux discriminations, même si elles sont positives. Les hommes et les femmes sont égaux, nous ne sommes pas en compétition. Dans mes recherches en Arabie Saoudite, j’ai découvert que ce sont souvent les pères qui poussent leurs filles plus que les mères, car les mères ont parfois peur que personne n‘épouse leur fille si elle est trop instruite. Mais tout cela est en train de changer.

Parlons de votre famille. Vous avez élevé deux filles indépendantes et qui ont réussi. C’est aussi le cas, évidemment, de votre gendre, George Clooney, qui s’intéresse de près à la politique. Les conversations tournent-elles toujours autour de la politique ?

Baria Alamuddin : Oui, j’ai de la chance que dans ma famille nous nous intéressions tous aux droits de l’homme et à la justice dans le monde. Et croyez-moi, ce n’est pas possible d’avoir un pays, que ce soit une démocratie ou autre, sans justice. Nous finissons toujours par parler de ces questions. Je suis journaliste politique, et comme vous pouvez l’imaginer, mon gendre est très politisé – comme toute ma famille, je dirais, venant de cette partie du monde, du Liban. Donc oui, nous discutons de politique tout le temps, et nous sommes d’accord la plupart du temps.

Compte tenu de votre carrière de journaliste politique, et de votre désir plus jeune de devenir avocate : pensez-vous avoir influencé votre fille Amal à suivre cette carrière ?

Baria Alamuddin : Je ne crois pas. Je n’ai jamais dit à mes enfants ce qu’ils devaient être ou non. Mais nous avons des idées similaires, nous venons du même milieu. Je ne peux pas imaginer les droits de l’homme sans justice, et la justice sans les droits de l’homme, la démocratie et la transparence. Tout cela fonctionne ensemble. Je n’ai influencé mes enfants en rien, si ce n’est en leur enseignant les valeurs de la vie et de la moralité. Et j’en suis très fière.

Dans le passé, vous avez déclaré vous inquiéter pour le futur et ce qu’il réservera à vos petits-enfants. Quel aspect du monde vous préoccupe le plus ?

Baria Alamuddin : Je suis optimiste et ce qui me fait vraiment mal et me fait peur pour l’avenir de mes petits-enfants, c’est le leadership du monde aujourd’hui. Je pense que le nationalisme n’est pas la voie à suivre. Aux États-Unis, également, il y a beaucoup à dire. Mais encore une fois, comme je l’ai dit, quand je regarde les jeunes, mes petits-enfants, leurs amis, quand je regarde la direction que le monde prend, en essayant d‘éliminer la pauvreté et les maladies, alors je suis optimiste. Je pense que nous arriverons à un monde meilleur.

En parlant de politique américaine, votre gendre George Clooney a des positionnements politiques tranchés. Pensez-vous qu’il pourrait un jour entrer dans la course présidentielle ?

Baria Alamuddin : J’espère que non, parce que je connais la politique. C’est un beau couple, une famille pleine d’amour et de dévouement au monde, qui donne beaucoup. Vous n’avez pas besoin d‘être président pour faire preuve d’humanité. Vous pouvez le faire à votre échelle. Mais il faudra que vous lui posiez la question !

Soigner les enfants autrement

La médecine conventionnelle est souvent la première réponse apportée aux parents inquiets pour la santé physique et psychique de leur enfant. Aux Émirats Arabes Unis (EAU), certaines mères ont toutefois décidé de recourir à d’autres méthodes, alternatives et artistiques.

C’est notamment le cas de l‘Égyptienne Amal Tolba, qui, grâce à sa persévérance, a considérablement amélioré la qualité de vie de sa fille, née avec un handicap mental et moteur. Elle a créé le centre de thérapie HOPE aux Émirats, offrant aux familles des solutions alternatives pour aider leurs enfants atteints du syndrome de Down ou d’autisme. Grâce à cet établissement, Amal entend redonner de l’espoir aux parents.

C’est son expérience personnelle qui l’a poussée à prendre cette voie, lors de la naissance de sa fille : “Elle souffrait d’une défaillance de plusieurs organes, elle ne pouvait pas manger par voie orale, on la soupçonnait d‘être aveugle et sourde. On lui donnait une espérance de vie de trois mois maximum, et un pronostic très mauvais”, raconte Amal Tolba.

La jeune mère a alors rejeté la médecine conventionnelle, et a cherché d’autres réponses. Elle les a trouvées auprès d’un médecin allemand, qui utilise la psychologie de l’enfant, l’intégration sensorielle et une approche holistique pour aider les jeunes enfants. “Holistique, c’est quand on regarde l’enfant dans son ensemble, précise Amal Tolba. On ne se contente pas de regarder le problème qu’il a, on s’intéresse à sa psychologie : ce qu’il ressent, comment il réagit, comment il perçoit son handicap”.

D’autres techniques alternatives, utilisées pour traiter certaines affections pédiatriques, peuvent inclure la musique, la lumière, la danse, les couleurs, le jeu et l’art-thérapie. Le Dr Ola Pykhtina utilise par exemple l’art créatif et la pleine conscience pour aider les tout-petits et les adolescents à surmonter des difficultés, comme l’anxiété. Grâce à cet exutoire créatif, le cerveau peut, selon Ola Pykhtina, établir un nouveau langage pour traiter des informations pénibles, ce qui permet de réduire l’hormone du stress de l’enfant, le cortisol.

“Nous commençons par créer une œuvre d’art, qui montre de manière symbolique ce que cette anxiété ou ce traumatisme signifie. Si vous êtes en colère, vous mettez cette émotion sur papier, et que se passe-t-il ? Vous vous éloignez de ce sentiment et vous le rendez visible”, explique le docteur Pykhtina.

Ces méthodes peuvent aider les adolescents dans leur transition vers le monde adulte, comme Zainab, 15 ans, originaire du Pakistan. La jeune femme souffre d’une mauvaise estime de son corps, qui se traduit par une grande souffrance. Grâce à des croquis et des peintures, elle visualise les émotions qui provoquent ses angoisses : “Quand les choses se manifestent dans ma tête, elles deviennent très confuses, envahissantes. Et quand je les mets sur papier, cela change ma perception. Ça a ouvert de nouvelles portes dans ma tête et a permis le changement”, explique l’adolescente.

Un changement, qui a permis à Zainab de s’asseoir au premier rand de sa classe, et d’interagir d’avantage avec ses camarades.

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