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Algérie : 18e vendredi de manifestation malgré le ton martial de l'armée

Algérie

Les Algériens manifestent massivement pour un 18e vendredi, à l’issue d’une semaine marquée par de nouveaux propos martiaux du chef d‘état-major de l’armée ayant agité les spectres d’une “destruction des institutions” et du séparatisme.

Des dizaines d’arrestations matinales aux abords de la Grande Poste d’Alger, point de ralliement des grandes manifestations hebdomadaires contre le régime, n’ont pas empêché une foule de se rassembler en début d’après-midi, a constaté une journaliste de l’AFP.

A côté des drapeaux algériens, omniprésents dans les manifestations agitant l’Algérie depuis le 22 février, une centaine de drapeaux berbères —moins nombreux que d’habitude— sont visibles, malgré les avertissements du chef d‘état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, qui a prévenu que seules les couleurs nationales seraient désormais autorisées dans les cortèges.

Homme fort du pays depuis la démission du président Abdelaziz Bouteflika le 2 avril, il a averti mercredi que les forces de l’ordre avaient reçu des consignes en ce sens.

Même s’il ne l’a pas cité nommément, les Algériens ont compris qu‘était spécifiquement visé le drapeau de la minorité berbère, dont les revendications identitaires, longtemps ignorées voire réprimées par les autorités, est un sujet extrêmement sensible en Algérie.

“Pas de régionalisme, tous frères!” ou “Arabes, kabyles, chaouis (peuples berbères) sont frères et Gaïd est avec les traîtres”, scandent les manifestants rassemblés très massivement aux abords de la Grande Poste, au coeur d’Alger.

Difficile à évaluer en l’absence de comptage officiel, la mobilisation semblait aussi forte que les semaines précédentes.

Dilemme

Dans la matinée, plusieurs porteurs du drapeau berbère —trois bandes horizontales bleue, jaune et verte, frappées au centre de la lettre Yaz de l’alphabet tifinagh— ont été interpellés de façon ciblée par la police, a constaté une journaliste de l’AFP.

Ces arrestations ont donné lieu à quelques échauffourées et à des tirs de gaz lacrymogènes.

Sur les réseaux sociaux, des photos de policiers fouillant vendredi des sacs à la recherche de drapeaux berbères sont mises en parallèle avec celles de soldats du pouvoir colonial français cherchant des drapeaux algériens sur des Algériens durant la guerre d’indépendance (1954-1962).

Porter ou non un drapeau berbère, tel est le dilemme des manifestants vendredi. Beaucoup rappellent que, Berbères, ils n’en sont pas moins Algériens.

“Je suis kabyle (principal groupe berbérophone en Algérie) et fière de l‘être mais je n’ai qu’un seul drapeau (algérien), celui pour lequel mon père est mort” durant la guerre d’indépendance, dit Lamia Mansouri, 60 ans.

“Le drapeau berbère fait partie de ma culture, mais n’a jamais été présenté comme l’emblème national” par les Berbères, groupe ethnique qui représente un quart de la population algérienne, soit 10 millions d’habitants.
Said Bentahar, 65 ans, berbère, a lui décidé de sortir “pour la première fois avec un drapeau berbère, qui fait partie de l’identité algérienne”.

“Emblème identitaire”

Pour Kamel, commerçant kabyle de 30 ans, les propos du général Gaïd Salah visent à “semer la fitna” (division), mais “cela n’arrivera pas”.

“Notre drapeau est vert, blanc et rouge (couleurs du drapeau algérien) et personne ne remet cela en question. Le drapeau amazigh (berbère) est un emblème identitaire que se partagent les peuples de toute la région”, dit-il, les Berbères étant répartis dans l’ensemble du Maghreb et au Sahara.

Mardi, le général Gaïd Salah avait aussi haussé le ton après une proposition d’associations et de syndicats d’une période de transition d’un an maximum, gérée par des institutions ad hoc et non par l’actuel pouvoir intérimaire, une revendication constante du mouvement de contestation.

Toute transition hors du cadre constitutionnel conduira à “la suppression des institutions” et à “la destruction des fondements de l’Etat”, a-t-il prévenu, pointant du doigt ceux qui critiquent les prises de positions politiques répétées de l’armée, face à un pouvoir civil mutique.

“La transition fait peur à Gaïd Salah parce qu’il ne pourra plus tout contrôler”, estime Salim Hassani, un manifestant à Alger. “Ce n’est pas dans l’intérêt des Algériens de détruire les institutions”, estime Ahmed Mechdall, un autre protestataire pour qui “une transition permettra d’aller vers des élections sans la mafia” actuellement au pouvoir.

Comme les vendredi précédents, en début de matinée, des dizaines de personnes, sans drapeau ni pancarte ont été arrêtées par la police aux abords de la Grande Poste.

AFP

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