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Afrique du Sud : directeur général d'Eskom, un poste qui ne séduit plus

Afrique du Sud : directeur général d'Eskom, un poste qui ne séduit plus

Afrique du Sud

En Afrique du Sud, avoir le titre de directeur général d’Eskom – société publique d‘électricité – peut sembler un luxe aux yeux du citoyen lambda. Mais pour les principaux concernés, la fonction de directeur général est un panier à crabes qui a fait craquer bien de personnes. En une décennie, Eskom a dix directeurs généraux. Rien que ça !

Phakamani Hadebe, actuel directeur général d’Eskom a annoncé, le 26 mai 2019, sa décision de quitter ses fonctions dès le mois prochain. Celui qui n‘était en poste que depuis mai 2018 a justifié sa démission pour les « requêtes inimaginables » qu’implique sa position, évoquant par ailleurs « un impact négatif » sur sa santé. À Eskom – l’une des organisations les plus importantes d’Afrique du Sud – cette décision de M. Hadebe n’est pourtant qu’un épiphénomène.

En effet, depuis 2007, aucun directeur d’Eskom n’est resté plus de trois ans, et en 2013, ce cycle de vie s’est raccourci à une année maximum. Parmi la dizaine de managers passés à la tête de la compagnie d‘électricité, huit ont préféré rendre leur démission, invoquant des raisons personnelles, ou ont simplement été suspendus pour des allégations de corruption. Avant Hadebe, Brian Molefe, avait démissionné en 2016, un an seulement après son arrivée, suite à son implication dans un rapport de corruption du gouvernement. Son successeur, Matshela Koko, nommé par intérim entre 2016 et 2017 jusqu‘à sa suspension, avait quant à lui qualifié le rôle de « calice empoisonné ».

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Une ambiance qui n’a pas toujours prévalu au sein de la compagnie. Car entre 1994 et 2007, la compagnie s‘était bien contentée de deux directeurs généraux. Et lorsque le directeur démissionnaire Phakamani Hadebe parle de « requêtes inimaginables » d’Eskom, il pèse bien ses mots au regard de la crise que traverse l’entreprise.

Ces dernières années, Eskom s’est présentée comme le symbole de la corruption devenue ambiante en Afrique du Sud, notamment sous les années Zuma – lui-même acculé par une litanie de scandales. Cette culture de la corruption s’est-elle répercutée sur la société ? Vraisemblablement oui. La société traîne une dette abyssale de 35 milliards de dollars imputée à la mauvaise gestion (détournement de fonds publics, absence de contrôle de l’Etat), sans compter un sureffectif estimé à 66 %, selon une étude de la Banque mondiale.

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Les résultats financiers de novembre dernier indiquaient par exemple que 90 % du bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (EBITDA) d’Eskom étaient affectés à des paiements d’intérêts sur la dette ne laissant pas beaucoup de place à l’investissement dans les infrastructures électriques, devenues défaillantes. Conséquence immédiate, la compagnie qui assure 90 % de la production d‘électricité utilisée en Afrique du Sud a du mal à répondre à la demande. Les périodes de délestage se sont notamment multipliées ces derniers mois dans l‘économie la plus industrialisée du continent, amplifiant les pressions sur la croissance économique – déjà aux abois – du pays.

En dépit des incertitudes du ministre des Entreprises publiques Pravin Gordhan qui doute de la viabilité d’Eskom, le chef de l’Etat Cyril Ramaphosa demeure optimiste quant à la survie de la compagnie. Outre un plan de relance gouvernemental pesant 4,7 milliards de dollars, le chef de l’Etat s’est également engagé dans une restructuration profonde d’Eskom qui prévoit la division en trois entités distinctes (production, transport, distribution) de la compagnie. Un projet qui rencontre toutefois l’assentiment de l’opposition sud-africaine qui y voit en filigrane, une privatisation.

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