Soudan
De quel côté se trouve l’armée soudanaise dans les manifestations anti-gouvernementales que connaît le pays ? Toute la journée de lundi jusqu‘à ce mardi, les versions contradictoires se sont affrontées sur un soutien ou non de l’armée aux manifestants.
Depuis samedi, Khartoum, la capitale soudanaise est sur des braises. Des milliers de manifestants se sont déportés devant le QG de l’armée, bravant ainsi une interdiction de manifester imposée par l‘état d’urgence votée par le Parlement. Ce mardi, au quatrième jour consécutif de ce sit-in, les manifestants appellent vigoureusement l’armée à prendre fait et cause pour le peuple.
Ces appels sont-ils entendus, et sont-ils susceptibles d‘être adoubés par les militaires ? C’est là l’une des énigmes de cet énième volet de la révolte soudanaise, débutée courant décembre dans la foulée de l’augmentation des prix du pain. Mardi, deux tentatives de la police anti-émeute de repousser les manifestants ont échoué lorsque des soldats ont tiré en l’air. Rien ne dit si l’armée a tiré en l’air pour protéger les manifestants, comme l’affirment certains témoins, ou pour d’autres raisons.
Même scénario le lundi. Certains manifestants n’avaient pas hésité à publier leur satisfecit sur les réseaux sociaux après que, selon eux, l’armée les a protégés de la répression violente des membres des services de renseignements et de la police anti-émeute. “Il y a eu des tirs intenses de gaz lacrymogènes après quoi l’armée a ouvert les portes du complexe pour laisser entrer les manifestants”, a décrit un témoin.
Further footage of the exchange of gunfire between #Sudan military and forces inside General Command building this morning in #Khartoum. Exact location of where this was filmed geolocated to here: https://t.co/d3mcr9A4h3
— Benjamin Strick (BenDoBrown) 8 avril 2019jnbptst
#موكب8ابريل #اعتصام_القيادة_العامة pic.twitter.com/j2DgLL55s9
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“Quelques minutes plus tard, un groupe de soldats a tiré en l’air pour repousser les forces de sécurité qui faisaient usage de gaz lacrymogènes”, a-t-il indiqué. Une vidéo, obtenue depuis Paris par l’AFP, montre les services de sécurité tenter lundi de disperser les manifestants, avant de battre en retraite après des coups de feu de l’armée.
Pour l’heure, cependant, contrairement à la police, l’armée n’a toujours pas clarifié ses intentions. Dans un communiqué, le général Kamal Abdelmarouf, chef d‘état-major de l’armée, a simplement précisé que celle-ci “continuait d’obéir à sa responsabilité de protéger les citoyens”.
La situation est d’autant plus ambiguë que l’armée soudanaise est hétéroclite, composée de plusieurs groupes armés qui se sont affrontés durant les longues années de guerre civile. Une prise de position quelconque ne devrait pas forcément refléter la volonté générale de l’armée. Pis, elle pourrait raviver les tensions sous-jacentes au sein de la grande muette.
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