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Inspire Middle East : vestiges antiques et musique en Arabie Saoudite

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Au programme de ce nouvel épisode, le premier en Arabie Saoudite :

  • Nous partons à la découverte du site historique saoudien d’Al-Ula, dans la province de Médine.
  • Petite révolution dans le royaume : pour la première fois depuis presque 40 ans, des concerts sont de nouveau organisés. Nous nous rendons au Festival Tantora, pour rencontrer la légende de la musique grecque, Yanni.
  • En Tunisie, nous explorons une grotte immense transformée en galerie d’art, dans la ville berbère de Dahmani.

Un trésor nabatéen peu connu

Sous le désert de sable saoudien se cache une cité antique, enfouie durant des siècles.

Madain Saleh, aussi appelé Al Hijr, est un ancien royaume perdu, situé à une vingtaine de kilomètres du site historique d’Al UIa, au nord-est de la ville de Médine.

Beaucoup ont déjà entendu parler de la capitale nabatéenne Petra en Jordanie, mais peu connaissent la deuxième ville de ce royaume antique, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2008.

Ce site était autrefois une métropole prospère. Aujourd’hui, on y trouve des tombes et des ruines encore bien conservées. Bâtie sur la route de l’encens, la ville faisait partie d’un vaste empire commercial.

Mais on trouve également dans la région des traces de civilisations plus anciennes, telles que les Minéens du Yémen, et les Lihyanites d’Arabie. Des inscriptions sur la montagne Ikmah révèlent les noms et les lois de ceux qui les ont sculptées, il y a 2000 ans de cela.

“Il s’agit d’un véritable trésor pour l’Arabie Saoudite d’hier et d’aujourd’hui. Le royaume cherche à en faire un élément essentiel de son futur, dans le cadre du plan de développement « Vision 2030 »”, explique notre reporter, Daleen Hassan.

Avec ce plan de développement, le royaume saoudien entend réduire sa dépendance au pétrole, et cherche ainsi à transformer son économie en développant les services publics et le tourisme.

Nous avons rencontré le directeur de la commission royale d’Al-Ula, Amer Madani, qui essaye de redonner vie à cette histoire longtemps oubliée. Nous avons visité de nombreux sites antiques, et notamment la montagne d’Al Akrah, où les premiers musulmans bivouaquaient, avant de se rendre à La Mecque.

« Ces inscriptions sont les mémoires des voyageurs. Comme des hashtags et des tweets éternels, qui sont parvenus jusqu’à nous », raconte Amer Madani.

Le directeur de la commission a détaillé pour nous son projet pour Al-Ula :

“La première étape se terminera en 2023. Il y aura des infrastructures importantes pour le tourisme, l’hôtellerie et la culture. Cela comprendra la création de « musées vivants », allant de la galerie, aux illustrations en plein air. Pour que ce soit réussi, nous devons protéger le patrimoine et la nature, car c’est ça qui rend cet endroit si spécial.”

Nichée dans cette oasis en plein désert, l’antique cité d’Al-Ula a été construite il y a près de 800 ans. Ses habitants y ont accueilli des voyageurs pendant des siècles. Aujourd’hui, l’objectif est de faire perdurer cette tradition, tout en la modernisant. 300 000 emplois devraient être créés dans les cinq ans à venir.

Au cours des 14 prochaines années, le gouvernement prévoit d’augmenter les recettes liées du tourisme à 18% de son PIB. En organisant des événements majeurs sur des sites tels qu’Al-Ula, le royaume espère écrire une nouvelle page de son histoire.

Une légende grecque au milieu des ruines saoudiennes

C’est au cœur des formations rocheuses époustouflantes d’Al-Ula que s’est déroulé le festival « L’hiver à Tantora », qui a vu la participation d’artistes internationaux.

Depuis près de deux ans, l’Arabie Saoudite renoue avec la musique et les arts. Pour le comprendre, il suffit de regarder le Festival Tantora. Population locale et touristes ont pu assister, entre autres, à un festival de montgolfière, à des courses d’endurance équestre ainsi qu‘à une exposition sur l’artiste néerlandais Van Gogh.

Mais ce qui a le plus marqué les esprits sont les concerts, autrefois interdits. La chanteuse égyptienne Oum Kalthoum, décédée il y a 44 ans, est apparue sur scène sous forme d’hologramme.

Parmi les artistes internationaux présents, le ténor italien Andrea Bocelli, mais aussi le célèbre compositeur et musicien grec Yanni.

Artiste le plus vendu dans la catégorie « New Age », il a remporté près de 40 disques d’or et de platine et s’est produit devant plus de 500 millions de personnes. En Arabie Saoudite, Yanni a joué dans une salle sur mesure, qui retraçait ses 35 années de carrière. Nous avons pu le rencontrer, entre deux répétitions.

Rebecca McLaughlin-Eastham : Yanni, bienvenue dans Inspire Middle East.

Yanni : Merci beaucoup, ça me fait très plaisir d’être ici.

Durant vos concerts, vous jouez pendant des heures sans aucune partition musicale. Comment restez-vous concentré?

Je n’oublie jamais rien en ce qui concerne la musique. La musique passe par nos oreilles, notre système auditif. L’écrire sur un bout de papier, ce n’est vraiment pas ça, vous savez. La musique vit ici, dans mon esprit et dans mes oreilles.

Il vous a fallu près de 30 ans pour comprendre l’origine de votre musique. Pouvez-vous nous expliquer comment marche le processus de création?

La créativité c’est un endroit où l’on peut se rendre uniquement si l’on est prêt à renoncer à tout. On ne peut pas saisir la créativité. C’est comme un papillon : si on essaye de l’attraper, on le détruit. Il faut attendre qu’il se pose sur nous. Pour la musique, c’est pareil : il faut qu’elle vienne à nous.

Vous êtes un habitué de la région. Vous avez joué au Koweït, en Arabie Saoudite, aux Emirats Arabes Unis, et aussi en Afrique du nord. Qu’est-ce qui vous plaît ici ?

Les gens, avant tout. Ils m’ont honoré dans chacun des pays que vous avez cités, dans toutes les villes où je suis allé. C’est incroyable de voir tout l’amour que ces gens me donnent.

J’ai entendu dire que vous aviez une surprise pour vos fans saoudiens. De quoi s’agit-il ?

C’est une nouvelle chanson qui s’appelle “Quand les rêves deviennent réalité » et ici [à Al-Ula], les rêves prennent vie. J’ai donc pensé que ce serait très approprié d’y jouer cette chanson pour la première fois.

Vous aimez jouer dans les lieux historiques. L’Acropole d’Athènes, la Cité interdite en Chine, ou encore le Taj Mahal … Ces lieux influencent-ils votre spectacle ?

Cela change tout. Quand le public est assis là, et qu’il regarde cette magnificence derrière nous, comment voudriez-vous remplacer cela ? Avant même que je monte sur scène, les spectateurs sont dans un état d’esprit particulier, l’émotion est déjà là. Tout ce que je dois faire, c’est amplifier ce qu’ils ressentent, grâce à ma musique et mes mots.

Vos fans sont très importants pour vous, mais vous ne vous souciez pas du succès commercial, vous ne sortez par de singles par exemple. Est-ce important pour vous de constituer un socle de fans plus jeunes ?

Ça a été comme ça tout au long de ma carrière. J’ai toujours joué et enregistré la musique qui me plaît, indépendamment de ce qui est à la mode, de ce qui est cool ou non. Tout cela ne veut rien dire pour moi. Je dois rester vrai et je n’écris que ce que j’aime.

Vous n’aimez pas être classé dans la catégorie « New Age », ce que font de nombreux médias. Pourquoi ?

C’est une catégorie qui ne veut rien dire. Ça signifie quoi « New age » ? Ils ne savent pas quoi faire des gens comme moi, car ma musique ne rentre dans aucune case. Elle est influencée par le Rock’n’roll, le jazz, la musique classique, la musique moyen-orientale, la musique asiatique, la musique du monde entier. Mes musiciens aussi viennent de partout dans le monde. Ils ne savent pas quoi faire de nous alors ils disent « New Age, ça sonne bien, on va tous les mettre là ».

Yanni, ça a été un plaisir, merci beaucoup.

Pour moi aussi, merci beaucoup.

En Tunisie, une grotte transformée en galerie et en résidence d’artistes

A une heure de Tunis, se trouvent les ruines d’Althiburos, qui surplombent la ville de Dahmani. Toutefois, les touristes qui se rendent dans cette ancienne cité berbère viennent découvrir un autre trésor.

Une grotte naturelle a été transformée en véritable galerie d’art. De nombreuses œuvres, peintures et installations, sont suspendues aux murs. Selon la Commission régionale du tourisme, près de 5000 personnes visitent ce lieu chaque année.

C’est en 1993 que l’histoire commence. Le peintre Ammar Belghith décide de transformer cette grotte de 30 mètres de profondeur en un lieu culturel, en utilisant ses fonds propres.

“Je voulais protéger mes confrères et consœurs artistes, explique le peintre . Cette grotte est un refuge, un abris pour les protéger de l’extinction. C’est une expression ironique, mais il y a une part de vérité. »

Principalement Tunisiens, les visiteurs viennent pour découvrir ce musée unique, mais aussi pour voir un puits célèbre. Selon la légende, c’est là que s’est déroulée l’histoire de Maysar et Marconda, une version tunisienne de la pièce de Shakespeare, Romeo et Juliette

Cette histoire d’amour tragique est bien connue dans la communauté berbère. Farouk Bahri, un jeune écrivain, a décidé d’écrire un roman, pour l’immortaliser.

“J’étais venu ici un weekend, et je suis tombé amoureux de cet endroit et de son atmosphère, raconte-t-il. Donc pendant 4 ans, j’ai passé la plupart de mes weekends ici, avec Ammar, et j’ai travaillé pendant des heures. »

Ammar Belghith travaille également avec des acteurs, comme Saber, un artiste de la région. Les deux hommes préparent une pièce de théâtre et un court-métrage, sur Marconda et Maysar. Ils espèrent que le film sera prêt pour la 5ème édition du Sicca Jazz Festival, en juin 2019

Avec ce collectif d’artistes, Ammar espère construire un endroit idéal pour l’expression créative à Dahmani. Un lieu où les acteurs et les peintres pourraient créer des œuvres et des projets interactifs, pour un jour exposer leurs créations dans le monde entier.

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