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Nigeria : Amnesty réclame une enquête formelle sur les atrocités liées à Boko Haram

Nigeria : Amnesty réclame une enquête formelle sur les atrocités liées à Boko Haram

Nigéria

Amnesty International a demandé lundi à la Cour pénale internationale (CPI) l’ouverture d’une enquête formelle sur les atrocités commises depuis le début de l’insurrection du groupe jihadiste Boko Haram, accusant le Nigeria d’avoir échoué à traduire les responsables devant la justice.

Le procureur de la CPI Fatou Bensouda a ouvert une enquête préliminaire en 2010 concernant huit affaires présumées de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dans le cadre de ce conflit qui a débuté en 2009.

Six visent les insurgés, notamment soupçonnés de massacres de civils, d’enlèvements de masse, d’attaques contre des écoles, de violences sexuelles et d’avoir utilisé des enfants-soldats. Les deux autres affaires, liées à des attaques de civils, des arrestations et détentions arbitraires, des actes de torture ou des exécutions sommaires, concernent les militaires.

Le conflit a fait plus de 27.000 morts et 1,8 million de déplacés dans le nord-est du Nigeria depuis 2009, provoquant une très grave crise humanitaire dans la région du lac Tchad. Le président Muhammadu Buhari, un ancien dirigeant militaire, avait promis peu après son élection en 2015 de “ne négliger aucun effort pour promouvoir l‘état de droit et s’occuper de tous les cas de violations des droits de l’homme”.

Abuja entretiendrait un “flou”

Mme Bensouda a estimé dans son rapport annuel, publié le 5 décembre, que le Nigeria semblait avoir pris des “mesures concrètes” afin d’enquêter sur ces allégations. Il existe aujourd’hui selon elle, des “perspectives tangibles” de voir des poursuites engagées à l’encontre des membres de Boko Haram, ce qui n’est pas le cas de l’armée, “les autorités nigérianes ayant tendance à nier toute allégation” visant leurs troupes.

Amnesty International accuse Abuja d’“entretenir le flou” en donnant à la CPI l’impression d’agir alors que peu ou rien a été accompli au plan national.

“Huit ans après l’ouverture d’une enquête préliminaire, alors que les crimes punis par le droit international continuent et face au risque (de voir s‘étirer) des examens préliminaires sans fin, il est temps pour le Bureau du Procureur d’ouvrir une enquête formelle au Nigeria”, affirme l’ONG dans un rapport de 74 pages.

Les mesures adoptées par les autorités nigérianes suite aux allégations d’exactions commises par les militaires et les procès de milliers de membres présumés de Boko Haram sont au coeur du plaidoyer d’Amnesty.

‘Simulacre’ de justice

Aucune des 20 demandes formulées par le gouvernement concernant les allégations d’abus commis depuis neuf ans par des soldats et des membres des milices civiles engagées à leurs côtés n’ont débouché sur des enquêtes formelles, voire des poursuites, dénonce l’ONG.

Il s’agit plutôt d’un “vernis” destiné à faire croire que les autorités sont prêtes à rendre des comptes, pour en réalité exonérer des officiers et “protéger les personnes concernées de toute responsabilité pénale”, ajoute Amnesty.

L’organisation de défense des droits de l’homme relève également qu’un nombre “minime” de poursuites ont été engagées contre les jihadistes de haut rang pour des crimes de terrorisme ou de prise d’otages.

Les procès de masse où des milliers de suspects ont comparu depuis octobre 2017 étaient un “simulacre” destiné à donner une “couverture légale” aux détentions prolongées, arbitraires en violation des droits des accusés.

Les poursuites se sont fondées sur des témoignages ou des aveux peu fiables et non vérifiés. La plupart des accusés n’ont pas eu accès à un avocat et les procès ont été expédiés à la va-vite, selon Amnesty.

La majorité d’entre eux a finalement été acquittée faute de preuves suffisantes ou ont été libérés parce qu’ils avaient déjà effectué leur peine en détention provisoire. Beaucoup étaient des civils qui se sont retrouvés piégés par le conflit.

Selon Amnesty, le Nigeria n’a pas respecté ses engagements internationaux de poursuivre les responsables des crimes visés par l’enquête préliminaire de la CPI et de nouveaux retards risquent de “faciliter la destruction et la dégradation des preuves”.

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