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Tourisme : le numérique pour valoriser les sites africains en passe de « disparaître »

Tourisme : le numérique pour valoriser les sites africains en passe de « disparaître »

Afrique

Peu ou pas exploités, de nombreux sites ou lieux de mémoire africains sont jusqu’ici méconnus. Et pourtant, le numérique pourrait aider à les sortir de l’oubli et les rendre rentables.

Une vue panoramique montre une savane luxuriante et une faune diversifiée baignant dans les majestueux fleuves Limpopo et Zambèze. Mais, il y a aussi et surtout les éternels remparts. Des fortifications ayant la même valeur que les remparts de Saint-Malo en Bretagne au nord-ouest de la France.

On est non loin de la ville de Masvingo, à quelque 295 kilomètres de route au sud d’Harare, capitale du Zimbabwe. Ce territoire de quelque 7 km² n’est que la minuscule partie visible du Grand Zimbabwe. Couvrant le Zimbabwe, la Zambie, le Mozambique et le Malawi actuels, c’est un royaume qui a régné entre le 11è et le 16è siècles. Mais, cette « unique » civilisation bantoue tomba dans l’oubli du fait de son déclin au profit de l’Empire du Monomotapa.

>>> LIRE AUSSI : Le roi du Swaziland rebaptise son pays eSwatini Mais, depuis la découverte de ses ruines en 1871 par l’explorateur et géologue allemand Karl Mauch, le Grand Zimbabwe a été tout au long du 20è siècle victime d’un saccage à cause de la recherche de l’or.


Une vue des ruines du Grand Zimbabwe

Inscrites certes au patrimoine mondial de l’UNESCO, les ruines du Grand Zimbabwe sont toutefois peu connues et pourraient disparaître.

La traite négrière oubliée en Afrique centrale

À environ 6 000 kilomètres de là, un autre vestige du passé africain : la piste dite des caravanes au large de Pointe-Noire, capitale économique du Congo. C’est ce site qui, aux temps forts du Royaume de Loango, abrita entre les 15è et 20è siècles un port d’embarquement des Noirs conduits de force aux Amériques.

Ces millions d’esclaves venaient de l’Angola, du Gabon, de la RDC et du Congo. Et selon l’UNESCO, on y trouverait encore des traces de la traite négrière. C’est le cas de la piste de non-retour, des trois manguiers qui servaient de comptoirs. « Le nom de Loango est jusqu’à ce jour chanté aux Amériques », indique l’UNESCO dans son site. Et que « bien des noms des personnes, des rites et autres traits culturels bantou, sont encore visibles dans bien des pays destinataires des esclaves partis de ce port (aux Antilles par exemple) ».

Quelques murs et poteaux encore debout. Des débris en plein processus de dégradation sous l’effet des intempéries, …. On se croirait sur le site d’un ancien champ de bataille comme Verdun. Au contraire ! On est bien en Afrique, à environ 60 kilomètres de Douala, capitale économique du Cameroun.

Bienvenue à Bimbia (photo). C’est d’ici que partirent, d’après des historiens, près 10 % des quelque 12 millions d’esclaves que fournit l’Afrique aux négriers européens entre les 16 et 19è siècles. « Bimbia et les sites associés ont su préserver une intégrité et une authenticité certaine qui permettent ainsi de présenter une visibilité de leur état de conservation aux travers des vestiges matériels, encore intacts pour la plupart », écrit l’UNESCO sur son site.

Réserves naturelles, parcs nationaux,…menacés

En dehors de ces lieux de mémoire de portée culturelle, l’Afrique regorge de sites naturels. Comme le mont Nimba, cette montagne que se partagent trois pays d’Afrique de l’Ouest : la Côte d’Ivoire, le Liberia et la Guinée. Du haut de ses 1 752 mètres d’altitude, cette montagne abrite des espèces endémiques comme les crapauds vivipares et les chimpanzés qui se servent des outils comme l’homme.


Nimba ou l‘éternelle splendeur de l’Afrique

Classée depuis 1981, réserve de biosphère, le mont Nimba n’est pas à l’abri d’une menace de disparition. Pour des besoins d’exploitation du fer par exemple, des entreprises pourraient un jour faire sauter la montagne. Toute une richesse écologique pourrait ainsi disparaître.

Et qu’adviendrait-il de la disparition du lac Turkana entre l‘Éthiopie et le Kenya ? Là aussi, la menace n’est pas loin. S‘étendant sur une superficie de 160 000 hectares, c’est le lac le plus salé de tous les lacs d’Afrique. Sa particularité s’explique aussi par le fait qu’il se trouve dans une région aride.

Mais, tout ceci, d’après l’UNESCO ne pourrait devenir un jour que des vestiges. La faute aux impacts environnementaux qui pourraient découler du barrage Gibe III. À cause de ce barrage de 240 mètres, il y a « une baisse générale rapide du niveau d’eau depuis 2015, quand le chargement de la retenue a commencé ».

Et étant donné que le lac dépend du fleuve, l’assèchement et partant la disparition n’est plus loin. Avec tous les animaux et surtout les fossiles qui peuplent cette vaste étendue d’eau salée.


L’aguichant paysage des berges du Turkana

Inutile de faire l’inventaire des « 54 patrimoines africains en péril » répertoriés par l’UNESCO. Le problème devrait plutôt se poser en terme de sauvetage de ces patrimoines qui sont en passe de se noyer dans l’oubli de la mémoire universelle. Autrement dit, imaginer des politiques anticipatives.

Le numérique, une chance pour sauver le patrimoine africain

Et il y a aujourd’hui une chance pour sauver ces patrimoines africains : le numérique. « Le Tourisme et la Transformation Numérique », tel est le thème choisi cette année par l’organisation mondiale du tourisme (OMT) pour la 38è journée internationale du tourisme qui se célèbre ce 27 septembre.

>>> LIRE AUSSI : Burkina Faso : à la découverte des sculptures de Loango Un thème qui procède clairement d’une exigence tout à fait contextuelle. Applications mobiles, réseaux sociaux, blogs, sites, …. Voilà des instruments que d’autres continents utilisent désormais pour vivifier ou promouvoir leurs sites touristiques.


Arbre de Brazza entre Dolisie et Pointe-Noire

Comment peut-on avoir une idée de l’arbre de Brazza au Congo par exemple si aucun texte n’existe sur le net ? Comment peut-on par exemple parler des sculptures de Loango au Burkina si aucun blog n’en parle ?


Une sculpture de Laongo au Burkina

Avec le numérique, le tourisme ne consiste plus à dire : « Il faut s’y rendre pour voir », plutôt, « il faut d’abord voir avant de s’y rendre ». C’est de cette manière que les chutes du Niagara au Canada, la muraille de Chine ou le sanctuaire de Lalibela en Éthiopie attirent de nombreux adeptes des vues imprenables.


Le sanctuaire de Lalibela

S’il faut reprocher au numérique de vouloir imposer une attitude de Saint-Thomas, le numérique constitue toutefois en grande partie un outil de promotion capable d’atteindre un public très vaste à titre quasiment gracieux. Les politiques gouvernementales en cours dans des pays comme le Cameroun et le Congo pour valoriser Bimbia et Loango, pourraient se révéler inefficaces sans le numérique.

>>> LIRE AUSSI : Quand la dixième merveille d’Afrique du Sud révélera sa splendeur Et pourquoi ne pas s’en servir pour valoriser les sites africains menacés de disparition ? Là, est le grand défi du tourisme en Afrique. Un défi multisectoriel auquel devraient faire face les pouvoirs publics incombant non seulement aux pouvoirs publics, mais aussi aux ONG et au secteur privé.

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