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Inspire Middle East

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Inspire Middle East : ces sportives de haut niveau qui changent la donne

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Cette semaine Inspire Middle East vous propose une émission sur des femmes du Moyen-Orient et d’Afrique du nord qui vont à l’encontre des stéréotypes.

Elham Al Qasim est la première Emiratie à avoir atteint le Pôle Nord. A 36 ans Elham a beaucoup voyagé. Tout a commencé avec ses études aux États-Unis et lors de ses premières compétitions d’athlétisme au niveau national, où elle a remporté plusieurs médailles d’or en arts martiaux et en combat libre. En 2010, elle a été la première Emiratie à faire du ski de fond jusqu’au Pôle Nord sans assistance. Une expédition épuisante qui a duré 3 semaines pendant lesquelles Elham skiait 12 heures par jour, traînant derrière elle plus de 40 kilos de matériels. Malgré les gelures par des températures inférieurs à 30 degrés Celsius, elle a réussi à atteindre son but.

Rebecca Mac Laughlin Duane : Racontez-moi votre votre expédition au Pole Nord. Qu’est ce qui vous a inspiré au départ ?

Elham Al Qasim : Je voulais vraiment comprendre mes limites, physiques ou mentales pour les repousser et donner le meilleur de moi-même.

RLD : Elham, vous venez des climats chauds et ensoleillés des Emirats Arabes Unis, qu’est ce qui vous a poussé vers le froid ?

EAQ : Ce qui m’a inspiré c’est d’aller à l’opposé de mon environnement habituel. Je ne savais pas comment je ferais, je n’avais aucune certitude sur comment j’allais gérer le froid et même comment j’allais m‘épanouir dans cette expérience, pas seulement survivre dans cet environnement. Je cherchais un défi et je n’avais aucune garantie sur ma facon de le relever.

RLD : Comment vous-êtes vous préparée ? Vous avez évidemment survécu mais vous êtes-vous épanouie ?

EAQ : J’ai eu 5 mois d’entraînement et en y repensant c’est drôle, l’entraînement physique était très dur et j’ai aussi eue une préparation mentale, j’ai été coachée. Et c’est le défi mental qui a vraiment fait la différence. La différence pour réussir et non échouer, et qui a aussi certainement fait la différence entre simplement survivre et réellement m‘épanouir.

RLD : Quel a été le plus gros défi mental et que vous a-t-on enseigné en terme de mécanismes d’adaptation ?

EAQ : Ce que je dirais en premier et surtout, c’est que tout ce que j’avais l’habitude de faire dans des températures normales étaient extrêmement difficile à faire par moins 30° avec le vent en plus. Et sans le soutien de ma famille et des amis, pour me dire “ca va aller”, sans Ipod pour écouter de la musique et vous motiver alors vous skier 10 heures par jour, vous êtes livré à votre seule volonté. Et le seul fait de garder la chaleur de son corps est un énorme défi.

RLD : Vous avez dû avoir des moments très inspirants. Racontez-nous?

EAQ : J’ai vu des couleurs fabuleuses : turquoise et bleu. Et la glace formait des sculptures presque artistiques. Et chaque petit détail là-bas était beau et source d’inspiration sur ce que la nature produit quand elle est vierge, j’ai observé le soleil tout autour de moi, plus qu’au dessus de ma tête parce qu’il n’y a pas de nuit là-bas, il y avait seulement le jour à cette époque de l’année au Pole Nord. Et ensuite, je crois qu’atteindre le Pole Nord a été le moment le plus inspirant. On ne savait pas du tout si on pourrait ou pas le faire.

RLD : Quand vous avez réussi ce que vous avez fait, vous êtes-vous dit d’une certaine manière que vous étiez en train de défier le stéréotype émirati ou arabe sur ce que font les femmes ?

EAQ : J’ai peut-être défié une perception extérieure de ce que font les femmes Emiratis. Les femmes émiratis sont absolument incroyables dans leur profondeur intellectuelle et dans leur volonté de faire la différence. Donc à cet égard, je crois que j’ai promu quelque chose qui est déjà là. Et je pense que c’est bien de pouvoir repousser les limites pour progressivement aider ceux qui veulent faire ce qu’ils jugent bien ou bon, même si cela n’est ni dans la norme, ni dans les habitudes.

“Je ne me suis jamais dit que c‘était un sport masculin”

D’une Emirati inspirante a une autre. Amna Al Haddad a vaincu l’adversité pour réaliser son rêve de devenir un athlète d’haltérophilie. Elle a confié à notre équipe ses ambitions olympiques et les obstacles qu’elle a dû surmonter. Amna al Haddad a commmencé sa carrière a 22 ans et est devenu haltérophile professionnelle en 2013. Elle est la 1e Emiratie à pratiquer ce sport à haut niveau avec un hijab, brisant ainsi certaines barrières à l’international.

Amna Al Haddad : Il est souvent question de stéréotypes, de genre avec l‘émancipation des femmes aujourd’hui. Quand j’ai choisi ce sport, je ne me suis jamais dit que c‘était un sport masculin jusqu‘à ce que quelqu’un me dise “c’est un sport d’homme”.

Salim Essaïd : Y a-t-il des restrictions ou des remarques quand on s’entraîne avec un hijab ou une robe traditionnelle ?

AAH : On en parle beaucoup dans les médias aujourd’hui. Beaucoup de choses ont été faites récemment sur le choix des femmes de porter le hijab, de porter un hijab pour le sport quand elles pratiqeunt un sport et je crois que c’est un mouvement qui va dans le bon sens.

SE : Quel rôle joue la communauté dans le fait d‘être une femme athlète aux Emirats Arabes Unis ?

AAH : Quand j’ai commencé la première fois, c‘était difficile de trouver la bonne infrastructure, le bon entraînement. J’ai donc dû me dû me coacher moi-même mais ce n’est pas possible pour quelqu’un qui veut faire les jeux olympiques. Quelque fois on doit surmonter des obstacles que d’autres n’ont pas à surmonter.
“On m’a traitée d’athée, de lesbienne”

Il n’y a pas que les femmes des Emirats qui brisent les barrières. Celles de toute la région le font aussi comme le montre la footballeuse saoudienne Saja Kamal. Elle a commencé à jouer au foot à 4 ans, dans un pays qui a des règles strictes sur les femmes qui pratiquent un sport en public.

Depuis elle continue à avancer à contre-courant et détient deux records du monde avec une équipe féminine dans un match de la Fifa, au sommet du monde, sur le Kilimanjaro, et sur le point le plus bas, la mer Morte en Jordanie.

“Honnêtement, presque rien n’a changé pour l’accès de femmes au football. Ce qui a changé c’est que les femmes aujourd’hui peuvent faire de la gym mais pas vraiment du football. Aujourd’hui en Arabie Saoudite, les femmes ne sont toujours pas autorisées à faire du sport en public, à porter des shorts dehors et elles doivent avoir la permission d’un tuteur masculin pour voyager”, explique-t-elle.

Malgré ces obstacles Saja veut incarner un premier pas vers le changement. “Mon but principal est qu’au moins une équipe saoudienne nationale soit formée, une équipe de foot, pour avoir une reconnaissance légale et officielle. Nous n’existons pas en tant que joueuses”, explique-t-elle.

Avec une coupe à la garconne, des tatouages et un piercing dans le nez, Saja ne ressemble pas à l’image que l’on a des femmes saoudiennes. Pour elles, toutes sont différentes mais partagent un point commun : “Les femmes saoudiennes sont très actives, très audacieuses, très fortes et prêtes à relever des défis. Je crois que parce qu’on ne nous a pas donné autant d’opportunités que les hommes nous voulons toujours prouver qui nous sommes et donc nous nous battons durement et peut-être nous nous rebellons et nous voulons être entendues”.

Saja fait passer son message sur le terrain et sur internet où elle poste régulièrement ses réalisations sur les réseaux sociaux, redéfinissant ainsi ce que c’est d‘être une Saoudienne. mais pour elle, la lutte a été difficile. “On m’a traitée d’athée, de lesbienne, de libérale mais j’accepte ces critiques si je peux faciliter les choses pour la génération suivante”, Saja Kamal.

Et c’est exactement ce qu’elle veut faire. Pour elle, avec le changement en Arabie Saoudite, comme le fait que les femmes puissent entrer dans des stades, Saja espère qu’une équipe féminine de football verra bientôt le jour et qu’elle fera parler d’elle.

Malak, à toute vitesse

La jeune lybienne Malak El Na’as, change aussi l’image que l’on a des femmes dans cette région. Des voitures de course au motos et même aux bateaux, elle se passionne pour tout les véhicules de vitesse. A 16 ans, Malak est l’une des premières femmes de Lybie à pratiquer la course en compétition.

“Certains se demandent comment une fille fait avec des engins à moteur et comment une fille peut concourir avec des garcons. Je veux devenir de plus en plus performante. Tout ce que j’ai essayé de réussir dans ma vie, je l’ai fait. Tout mes rêves sont devenus réalité à part un… devenir pilote de ligne”, explique Malak El Naas.

Depuis que Malak a commencé, de plus en plus de lybiennes montrent un intérêt pour les sports mécaniques. Mais l’idée qu’une femme participe à des courses est encore taboue. Mais la jeune fille a trouvé en la personne de son coach un véritable allié. Pour lui, les femmes peuvent concourir en dépit des point de vues traditionnels en Lybie. Pour cette casse-cou, voitures, bateaux et motos ne sont pas assez. La seule limite pour Malak c’est le ciel !

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