République démocratique du Congo
Si la mort de Patrice Emery Lumumba est jusqu’ici un référent en matière d’assassinats politiques en RDC voire en Afrique, la pendaison en public de quatre acteurs politiques en 1966 sur ordre de Mobutu fait partie des sentences et crimes judiciaires des plus inoubliables.
Comme si c‘était hier ! Mercredi 1er juin 1966. Tous les regards sont tournés vers Kinshasa, notamment au stade Kamanyola (actuel stade des Martyrs). Le Premier ministre Évariste Kimba, le sénateur et dignitaire de l‘Église kimbanguiste, Emmanuel Bamba, le ministre des Affaires foncières, Alexandre Mahamba et le ministre de la Défense, Jérôme Anany sont accusés de complot contre les institutions de l‘État.
Ce 29 mai 1966, les quatre politiciens sont en réunion avec un groupe de six hauts gradés de l’armée congolaise dont le colonel Bangala chez qui les réunions précédentes se tenaient régulièrement. Ils vont peaufiner un plan de destitution du président Joseph Désiré Mobutu et de son Premier ministre, le général Mulamba.
Pendant le déroulement de la réunion, des éléments d’un commando étaient postés aux alentours de la résidence du colonel Bangala. Tandis que d’autres déguisés en cuisiniers, servaient la boisson et la nourriture aux participants à la rencontre. Et soudain, le commando fait irruption dans les locaux. Il n’arrêtera que les quatre politiciens en laissant les six officiers.
La presse mise à contribution pour légitimer un spectacle aussi lugubre
Alors président de la République, Mobutu signe le 30 juin une ordonnance-loi créant un tribunal militaire d’exception pour juger les quatre politiciens pour complot contre les institutions de l’Etat. Le jury est composé de trois officiers : le colonel Pierre Ingila, président, le colonel Ferdinand Malila, juge et le colonel Honoré Nkulufa, juge. Plus de 20 000 personnes appelées à vivre in situ ce procès où les quatre accusés comparaîtront ligotés et pieds nus.
Un Mobutu “sans pitié !”
À l’audience du 31 mai qui aura duré deux heures, seuls les politiciens vont s’expliquer, pas les officiers, alors qu‘Évariste Kimba avait demandé à la Cour d’entendre également les six cadres militaires. La sentence sera aussi bien amère que cynique : peine capitale pour Évariste Kimba et ses trois co-accusés.
L’horreur et le cynisme à ciel ouvert
Un verdict qui provoquera l’indignation un peu partout dans le monde. Alphonse Massamba-Débat, président du Congo-Brazzaville, va demander à Mobutu de renoncer à l’exécution des accusés. En vain. Le Roi Baudouin de Belgique, le président De Gaulle de la France, et même le tout-puissant président Lyndon Johnson des Etats-Unis ne parviennent pas à dissuader Mobutu. Lui qui, conscient de ce qu’il vaut mieux être craint qu‘être aimé, comme le dit Machiavel, tenait à marquer « son » territoire d’un violent coup de patte digne d’un félin. Le 1er juin 1966, les quatre accusés vont être pendus au stade Kamanyola devant plus de 40 000 spectateurs bien conditionnés par les service de communication et des Relations publiques de Mobutu.
Mobutu quelques mois avant sa mort
Ainsi, commença le règne du « Grand Léopard » du Zaïre. Un règne qui sera marqué par des exécutions similaires dont celle de Pierre Mulele en 1973. Mais, un règne qui prendra fin le 17 mai 1997 à l’occasion de l’arrivée dans Kinshasa de Laurent Désiré Kabila. Le Léopard sortira ainsi de sa tanière par la petite porte pour succomber en septembre de la même année à un cancer de la prostate au Maroc où il repose dans l’anonymat le plus absolu.
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