Rwanda
Au Rwanda, Catherine Umuhire répare les systèmes de freinage à partir des pièces mécaniques hors d’usage. L’activité lui a permis en peu de temps, de gagner le pari de l’autonomisation. Un défi que beaucoup d’Africaines peinent à relever.
Musanze, une petite ville au nord du Rwanda. Ici, la notoriété de Catherine Umuhire est telle que même les enfants connaissent cette femme « qui fait le travail d’hommes », selon l’expression du jeune Gatien. Ce travail d’hommes, c’est le recyclage des systèmes de freinage à partir des pièces mécaniques usées qu’elle récolte dans les débarras des garages de Muhoza, son quartier. « Les clients, en particulier les automobilistes, viennent toujours chercher des plaquettes de frein fabriquées à Musanze par Umuhire », témoigne Joselyne Uwinema, agent commercial au sein de la startup de Catherine.
Ce que confirment les automobilistes, principaux clients de Catherine. « En tant que conducteur, je vous assure que je ne peux pas acheter des plaquettes de frein ailleurs qu’auprès d’Umuhire, car elles durent plus longtemps que les originales de l‘étranger. Les freins d’Umuhire peuvent fonctionner pendant un an alors que ceux qui sont fabriqués à l‘étranger ne peuvent pas durer six mois », déclare Kassim Nsoro, chauffeur de taxi cité par The New times, un hebdomadaire public rwandais.
Catherine à son atelier de Muhoza
Et au fil du temps, la clientèle de Catherine s’agrandit. Au point qu’aujourd’hui, elle fabrique en moyenne quarante plaquettes de frein par jour. Ce qui lui rapporte environ 28 000 francs rwandais, soit 33,24 dollars. Elle entreprend aussi de diversifier ses activités, puisque Catherine a aujourd’hui une ferme de plus de 140 poulets. Elle traite ses quatre employés dont un homme de 18 à 22 ans pointés à 2000 francs rwandais ou 2,37 dollars par jour. Et sa tirelire contient toujours de quoi financer le minimum. « Dans l’ensemble, j’ai une petite économie de plus de 5 millions de Frw (5936.44 dollars) », révèle Catherine.
À priori, c’est la gnognotte. Et pourtant, elle est parvenue à l’autonomisation. “Umuhire est économiquement indépendante, elle aime ce qu’elle fait”, déclare Ange Umurerwa, l’unique garçon des quatre employés de Catherine.
La mécanique n’est pas seulement une affaire d’hommes
Or, au Rwanda comme dans bien de pays d’Afrique, la coiffure et la couture sont considérées comme des raccourcis vers l’autonomisation de la femme. Et la mécanique fait partie des métiers dédiés aux hommes. Conséquence, l’offre devient plus importante que la demande. Mais, Catherine l’a compris. Ayant stoppé ses études en troisième année du cycle secondaire, Cathérine s’est inscrite avec l’aide financière de ses parents à l’institut de formation techniques et professionnels (EFTP) où elle a subi une formation de six mois.
Son rêve venait de s’accomplir. « J’ai aimé la mécanique depuis mon enfance. J’ai grandi en entendant parler de la politique de création d’emplois de différents représentants du gouvernement. J’ai pensé à la couture et à la coiffure et j’ai pensé que je pouvais rejoindre l’une ou l’autre des carrières. Cependant, j’ai préféré opter pour la mécanique et m’inscrire à un cours de six mois », se souvient Catherine.
Parvenue à l’autonomisation, elle se propose de montrer la voie de l’autonomisation à ses enfants. «Chaque fois que j’ai un temps libre, j’essaie d’expliquer aux filles et aux garçons qu’ils doivent créer des emplois plutôt que de les mendier. Je leur montre spécifiquement comment ils peuvent s’approprier mes compétences », dit-elle.
Des compétences qui pourraient être renforcées grâce à l’appui promis en février dernier par Espérance Nyirasafari, ministre du Genre et de la Promotion de la Famille. Car, explique, la ministre, Catherine est la preuve que les garçons et les filles peuvent acquérir n’importe quel type de compétences indépendamment de leur sexe.
La ministre Nyirasafari visiblement satisfaite du travail de Catherine
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