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Quand l'ananas costaricain se sucre sur le dos de son cousin ivoirien

Quand l'ananas costaricain se sucre sur le dos de son cousin ivoirien

Le Cayenne lisse, l’ananas de Côte d’Ivoire, souffre du fait du succès de son cousin costaricain, connu sous le nom de MD2. Et pourtant, dans les années 80 et 90, le Cayenne lisse était pratiquement logé à la même enseigne que le cacao en Côte d’Ivoire. En d’autres termes, cette espèce d’ananas était, à l’instar du cacao, la vitrine du pays sur le plan international.

Le Cayenne lisse a perdu de sa superbe, même auprès des producteurs Ivoiriens. Ce fruit, très en vogue il ya dix ans, subit aujourd’hui une période de disette. La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, exportait jusqu‘à 280.000 tonnes d’ananas par an dans les années 1990. Aujourd’hui, ce chiffre a fondu comme du beurre au soleil : seulement 20.000 tonnes par an qu’exporte le pays.

La raison d’un tel recul ? La concurrence faite par une autre espèce d’ananas, venue celle-là de l’autre bout du monde, d’Amérique latine : le MD2 du Costa Rica. Un ananas jugé plus doux, plus sucré, et de ce fait moins acide que le Cayenne lisse ivoirien.

Explication de Paul Jeangille, le secrétaire général de l’OCAB (Organisation centrale des producteurs et exportateurs d’ananas et de bananes de Côte d’Ivoire) :

« L’ananas de Côte d’Ivoire s’est fait remplacer par de l’ananas en provenance d’Amérique latine, essentiellement du Costa Rica, où ils ont réussi à développer un ananas plus sucré, plus doux, moins acide, qui s’est imposé relativement rapidement sur le marché européen. Alors qu’ici, en Côte d’Ivoire, le Cayenne lisse n’a pas réussi à survivre à cette concurrence. »

Un retard dû à un manque d’adaptation, doublé d’un désintérêt généralisé

Un retard donc dans l’adaptation de l’ananas ivoirien, si l’on en croit l’explication de monsieur Jeangille. Le prix du Cayenne lisse lui non plus n’arrange pas les affaires. Le kilo de l’espèce ivoirienne ne coûte plus que 125 F CFA (20 centimes d’euros) bord champ.

Cette situation non-enviable pousse même les producteurs à abandonner l’ananas. Nombre d’entre eux se tournent vers d’autres cultures telles que l’hévéa, l’anacarde ou encore le cacao, nettement plus rentables.

Il y aurait tout de même une issue de secours pour le Cayenne lisse : sa transformation en jus de fruits, ou encore, en ananas congelé, avec l’implication du ministère de l’Agriculture. Des usines basées à Bonoua (à l’Est d’Abidjan) manifestent leur intérêt pour cette option.

Cependant, étant donné le désintérêt des producteurs vis-à-vis du Cayenne lisse, le défi est de trouver dans l’immédiat suffisamment d’ananas pour donner vie au projet de transformation. Ce qui n’est pas gagné.