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Au Zimbabwe, vivre la nuit pour une aumône d'électricité

Au Zimbabwe, vivre la nuit pour une aumône d'électricité
En raison du manque d'électricité, Learnmore Mavhura aide son neveu de 9 ans à faire ses devoirs à la lumière d'une bougie, à Harare, au Zimbabwe, le 23 juillet 2019   -  
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Tsvangirayi Mukwazhi/Copyright 2019 The AP. All rights reserved.

Zimbabwe

Quand minuit sonne, beaucoup de Zimbabwéens se frottent les yeux et se lèvent, pour profiter des quelques heures d'électricité disponibles ces jours-ci pour cuire un plat en sauce, repasser une chemise ou puiser de l'eau.

Les pénuries d'électricité se sont nettement aggravées dans ce pays d'Afrique australe déjà en manque d'énergie, en raison de l'insuffisance d'eau à un barrage important.

Depuis la semaine dernière, les autorités imposent jusqu'à 19 heures de coupures par jour, le courant étant rétabli entre minuit et 5h du matin.

"C'est pénible", souffle Irvine Magede, vendeur de fruits trentenaire devant un bloc d'appartements de Mbare, le plus vieux township de la capitale Harare. "Nous nous réveillons quand ils lancent le réseau local pour charger nos téléphones et repasser nos vêtements".

Le quotidien s'est transformé en corvée. L'épuisement quasi-total de l'eau du barrage de Kariba a plongé le pays dans l'obscurité et complique la vie de tous. Les étudiants ont passé cette semaine leurs examens dans la pénombre et des hôpitaux, qui fonctionnent avec des pompes électriques, sont privés d'eau.

La plupart des familles n'achètent plus de nourriture périssable. Exit la viande. Ils font de petites courses et mangent tout de suite après.

La crise s'est déclarée fin novembre, quand la principale centrale hydroélectrique a été contrainte de ralentir net en raison de la sécheresse. Le Zimbabwe partage le barrage de Kariba, l'un des plus grands réservoirs artificiels du monde, avec la Zambie voisine.

"Ce n'est plus un délestage, c'est carrément tout le pays qui est privé d'électricité", note Prince Muza, qui gère une boucherie dans le sud de Harare. Ces pannes ravagent les petites entreprises comme la sienne, dans ce pays en proie à l'émigration et dont l'économie décline depuis une vingtaine d'années.

Le boucher a dû jeter de la viande qui pourrissait. "Parfois, il n'y a pas d'argent pour acheter du diesel pour les générateurs et la viande s'abîme. Alors, nous jetons ou vendons à des prix dérisoires".

Charles Svidzi est barbier, il ne travaille qu'à la tondeuse. Il a tout arrêté. "Je ne vais pas me réveiller à minuit pour couper des cheveux, mes clients ne peuvent venir que la journée".

Son copain, soudeur de métier, a passé la nuit dans le petit atelier qu'ils partagent, pour honorer les commandes de ses clients entre minuit et l'aube.

Le ministre de l'Energie, Soda Zhemu, a estimé la demande quotidienne autour de 1600 mégawatts, devant la presse vendredi dernier. La centrale sera complètement à l'arrêt autour de Noël et avant, elle produira environ 300 mégawatts par jour jusqu'à ce que la situation de l'eau soit réévaluée en janvier, a-t-il annoncé, assurant que "le gouvernement travaille" à une sortie de crise.

La Zambie, qui tire 80% de son énergie de l'hydroélectrique, a également annoncé des coupures de courant jusqu'à six heures par jour à partir de la mi-décembre.

Les commerçants zimbabwéens travaillent à l'aide de torches, une scène devenue familière dans ce pays enclavé et pauvre.

Le pays dépend aussi de Hwange, sa plus grande centrale au charbon, pour son approvisionnement en électricité. Elle produit aujourd'hui à moins de la moitié de sa capacité, selon le gouvernement, en raison de son mauvais entretien.

L'économie du Zimbabwe est à l'agonie, forçant de nombreux Zimbabwéens à chercher du travail à l'étranger, notamment en Afrique du Sud voisine. Le gouvernement attribue les difficultés économiques aux sanctions imposées par l'Occident, mais les critiques reprochent à Harare sa mauvaise gestion et sa corruption.

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