Kenya
A 18 ans, le grand espoir du tennis kényan Angella Okutoyi espère briller dans le tournoi juniors de Wimbledon qui débute dans une semaine. Ses performances remarquées à l'Open d'Australie puis à Roland-Garros lui valent déjà le flatteur surnom de "Serena d'Afrique".
En février dernier, à l'Open d'Australie, Angella Okutoyi, 17 ans, est devenue la première Kényane à remporter un match d'un tournoi juniors du Grand Chelem.
Elle en gagnera deux pour égaler le meilleur résultat kényan jamais obtenu à ce niveau (Christian Vitulli à l'US Open 2005), avant de chuter en 8e de finale face à la Serbe Lola Radivojevic.
Fin mai, elle récidive à Roland-Garros en éliminant la Belge Amelie Van Impe (7-6; 6-4) avant de chuter au deuxième tour face à la Croate Petra Marcinko (2-6; 4-6), tête de série N1 et future finaliste du tournoi.
"Disputer un tournoi du Grand Chelem, qui a toujours été un rêve pour moi, a été une bonne expérience et une bonne leçon aussi", estime-t-elle avant de fouler le célèbre gazon londonien.
"Wimbledon est un grand tournoi. Mon objectif sera de faire mieux qu'en Australie et en France. Et si je peux gagner le tournoi, pourquoi pas ?", se prend à rêver celle qui pointe désormais au 61e rang mondial.
Ses exploits ont suscité beaucoup de réactions bien au delà des frontières kenyanes. Ainsi ce tweet de la légende du tennis, Billie Jean King, a particulièrement touché Okutoyi
"J'adore voir notre sport se développer dans le monde entier", a-t-elle posté.
Future "Serena d'Afrique" ?
Angella et sa soeur jumelle Roselida n'ont pas connu leur mère, décédée juste après leur naissance. Placées dans un orphelinat, elles ont finalement été recueillies par leur grand-mère, Mary Ndong'a.
"Nous étions sur le point d'être adoptées, moi et ma soeur, par des familles différentes. Vous ne nous auriez pas connues et peut-être que je ne pratiquerais pas ce sport", expliquait-elle en avril dernier à l'AFP.
La grand-mère installe ses deux petites-filles avec elle dans le modeste logement qu'elle occupe dans une école privée de Nairobi où elle travaille en tant qu'agent d'entretien.
C'est sur les courts de tennis de l'école qu'Angella découvre, à l'âge de quatre ans, sa vocation et qu'elle débutera son parcours qui la mènera au sommet du circuit africain juniors (championne d'Afrique juniors l'an passé en battant la Marocaine Aya El Aouni, à Sousse en Tunisie).
Aujourd'hui, la lycéenne a opté pour l'enseignement à distance afin de passer un maximum de temps sur les courts, jusqu'à six heures par jour.
Elle a mis aussi ses passions pour la cuisine, la musique et le réseau social Tik Tok entre parenthèses pour préparer les tournois du Grand Chelem.
Son idole est l'Américaine Serena Williams, ancienne N.1 mondiale et lauréate de 23 titres du Grand Chelem, dont elle a copié le style de jeu agressif.
"J'espère qu'elle réussira à passer au niveau supérieur, et on verra si on peut avoir une Serena d'Afrique", déclare son entraîneur Francis Rogoi.
Sa carrière reste à construire, mais Angella Okutoyi veut devenir un modèle pour de jeunes joueuses de tennis, notamment issues de familles modestes comme elle.
Elle vit toujours avec sa grand-mère dans l'école de ses débuts, assurant que son origine modeste lui permet de garder les pieds sur terre, de faire abstraction de la pression et des attentes extérieures.
"Si je me mets trop de choses (dans la tête), ça va me distraire et je pourrais penser que je suis meilleure que les autres", explique-t-elle: "Je suis la même personne que j'étais avant l'Open d'Australie", assure-t-elle.
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