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Mali : l'armée française tue un responsable d'un rapt de journalistes en 2013

Photo d'archives du 26 mars 2019 : un soldat français avant le début de l'opération de la force française Barkhane dans la région du Gourma au Mali   -  
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DAPHNE BENOIT/AFP or licensors

Mali

La France a éliminé un cadre du groupe Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) responsable de la mort en 2013 de deux journalistes français, un succès qui lui permet de confirmer sa stratégie de viser prioritairement les chefs djihadistes.

Après l'annonce jeudi par le président Emmanuel Macron de la réduction de la présence militaire française au Sahel, la ministre des Armées Florence Parly a révélé la "neutralisation" samedi dernier d'un homme jugé au cœur du rapt puis du décès de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, assassinés à Kidal, dans le nord du Mali, le 2 novembre 2013.

"Le 5 juin, les militaires de Barkhane ont détecté la préparation d'une attaque terroriste à Aguelhok, dans le nord Mali", contre une emprise de l'Onu et ont "éliminé quatre terroristes", parmi lesquels "Baye Ag Bakabo, cadre d'Aqmi et responsable du rapt de nos concitoyens", a-t-elle déclaré. "Sa neutralisation met fin à une longue attente", a commenté la ministre, en adressant ses "pensées aux familles et aux proches" des deux journalistes.

Opération Serval

Le 2 novembre 2013, les deux journalistes de Radio France internationale (RFI), âgés respectivement de 57 et 55 ans, avaient été enlevés lors d'un reportage puis tués, quelques mois après l'opération française Serval destinée à stopper une colonne armée de djihadistes menaçant de s'emparer de Bamako. Leurs corps avaient été retrouvés moins de deux heures plus tard à une douzaine de kilomètres. Le 6 novembre, Aqmi avait revendiqué leur assassinat. Mais les circonstances précises de leur décès n'ont jamais été élucidées.

Le mois dernier, leurs proches avaient réclamé "un débat public au parlement" sur "le secret défense" entravant selon eux l'enquête sur cette affaire. Peu auparavant, l'ancienne rapporteuse spéciale de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, Agnès Callamard, avait-elle aussi exprimé sa "vive préoccupation quant à l'absence de justice" dans l'enquête en France sur ce double assassinat.

Elle déplorait notamment l'absence de mandat d'arrêt international malgré l'identification des suspects "depuis plusieurs années". Mais aussi "l'absence de coopération de la part des autorités militaires françaises - dans le cadre de la protection du secret défense - et des autorités maliennes".

Virage stratégique

Baye Ag Bakabo n'est pas la première figure du djihadiste sahélien à tomber sous les balles de la France. Le chef historique d'Aqmi, l'Algérien Abdelmalek Droukdal, avait été tué en juin. Un sort aussi réservé en novembre à Ba Ag Moussa, décrit comme le "chef militaire" du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda, et un "cadre historique de la mouvance djihadiste au Sahel".

Vendredi, Florence Parly s'est félicité de ce nouveau succès, qui selon elle "illustre l'une des principales priorités de la France au Sahel: faire tomber les principaux chefs des groupes terroristes qui sévissent dans la région", le GSIM et l'Etat islamique au Grand Sahara lié à Daech. Il permet aussi aux autorités françaises de légitimer le virage stratégique majeur annoncé jeudi par le président Macron.

Car la force antidjihadiste française au Sahel, Barkhane, est désormais officiellement promise à une fin prochaine. Elle sera remplacée par un dispositif international plus léger d'appui et d'accompagnement au combat des troupes locales, au prix d'une montée en puissance espérée des Européens et d'un investissement majeur des pouvoirs africains.

Lutte ciblée

Concrètement, la France souhaite ne plus essayer de sécuriser de vastes zones où les Etats n'arrivent pas à garder pied, pour se concentrer sur la lutte ciblée contre les djihadistes. Une réorientation qui intervient alors que l'élection présidentielle de 2022 se rapproche et que l'effort militaire suscite des interrogations croissantes en France, notamment au regard des 50 soldats tués au combat depuis 2013.

"L'objectif demeure : la France reste engagée contre le terrorisme international, aux côtés de pays sahéliens, et pour la sécurité de l'Europe et des Français", a conclu Florence Parly. Et elle continue de poursuivre les chefs, y compris ceux avec lesquels les militaires au pouvoir à Bamako veulent négocier. Notamment Iyad Ag Ghaly, chef du GSIM, responsable de très nombreuses attaques au Mali, au Burkina Faso et au Niger, clairement désigné comme l'objectif prioritaire de la France.

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