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Bénin : les motos-taxis au rythme de la présidentielle

Des personnes sur des motos taxis appelés Zemidjan, à Cotonou, le 7 avril 2021.   -  
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PIUS UTOMI EKPEI/AFP or licensors

Bénin

La campagne bat son plein au Bénin à deux jours des élections présidentielles. Selon les autorités locales, une deuxième personne est morte ce vendredi vendredi au lendemain de la dispersion par des tirs à balles réelles de manifestants dans le centre du pays. Les conducteurs de motos-taxis, communément appelés zémidjans, sont politiquement très engagés et ont des opinions bien arrêtées sur l’issue du scrutin du 11 avril.

Les Béninois se rendent aux urnes dimanche pour choisir leur prochain dirigeant. Le président sortant, Patrice Talon, est favori pour sa réélection après que les principaux leaders de l'opposition ont été mis à l'écart. Pour Edah Modeste, conducteur de zémidjan, il n'y a aucun doute sur l'issue du scrutin. "Quand on fait campagne, on sensibilise la population à la cause de Patrice Talon. Nous sommes là pour lui depuis 2016. C'est pour lui que nous voulons aller de l'avant."

Lorsqu'ils ne participent pas à des cortèges, ces conducteurs politiquement opposés se rassemblent en bord de route pour lire les journaux, partager des informations et argumenter avec leurs collègues. "Nous sommes des zémidjans. Si vous voulez avoir de vraies informations, il faut nous demander. Nous voyageons dans tout le pays, dans tous les coins du Bénin", avance Ludovic Abalo.

Jean Marie, partisan de l'opposition, refuse pour sa part de se prêter au jeu du pouvoir en place. "A chaque fois qu'on nous invite à faire campagne avec eux, ou à être dans un cortège, on nous donne 1 000 ou 2 000 francs. Nous ne voulons pas de ça. Dès qu'ils ont pris le pouvoir, ils ont commencé à nous insulter, à dire que nous étions avares, que nous sommes des panneaux publicitaires humains. Nous ne voulons plus de ça."

Deux manifestants morts

Une deuxième personne est morte vendredi au lendemain de la dispersion par des tirs à balles réelles de manifestants dans le centre du Bénin, selon les autorités locales, au dernier jour de campagne avant la présidentielle. Depuis mardi, les habitants de plusieurs villes du centre et du nord du pays, fief de l'opposition, bloquaient des centaines de voitures et transporteurs sur la route menant vers le nord du pays et vers le Niger.

Ces habitants protestaient contre le président Patrice Talon, candidat à sa propre succession et accusé par l'opposition d'avoir confisqué le scrutin et de l'avoir empêché d'y participer par le nouveau code électoral et sa réforme institutionnelle. Après deux jours de blocage, l'armée a été déployée jeudi à Savè à bord de blindés. Les militaires ont d'abord tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule, ont observé des journalistes de l'AFP sur place, qui ont également entendu des coups de feu.

L'armée a finalement réussi à lever le barrage permettant à la circulation entre le sud et le nord du pays de reprendre en fin d'après-midi.Contacté par l'AFP, le porte-parole du gouvernement Alain Orounla avait fustigé "une horde de jeunes drogués et armés" qui s'étaient attaqués aux forces de l'ordre, qui "essuyant des tirs" avaient dû les repousser. "L'élection aura lieu dimanche", avait-il assuré.

"Le droit de notre peuple de manifester dans la rue, de s'exprimer et de faire entendre sa voix, est un droit constitutionnel", a déclaré dans un communiqué un des candidats de l'opposition recalés du processus électoral, l'universitaire Joël Aïvo. "La jouissance de ce droit constitutionnel ne peut être criminalisée, pas plus qu'elle ne peut valoir aux manifestants prison ou mort".

Le président Patrice Talon, qui n'a jusqu'ici fait aucun commentaire sur les violences et les arrestations, était attendu en début d'après-midi à Godomey, dans la banlieue de Cotonou, au sud, pour son dernier meeting avant la clôture de la campagne électorale à minuit.

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