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Des journalistes tués en temps de paix

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P Photo/Nardus Engelbrecht

Reporters Sans Frontières

En 2020, des journalistes ont une nouvelle fois été tués pour avoir exercé leur métier. Cinquante, selon les chiffres de Reporters Sans Frontières (RSF) contenus dans son rapport annuel publié mardi. La moitié dans des pays "en paix".

Au Nigeria, deux journalistes ont été tués lors de manifestations, une tendance qui prend de l’ampleur au niveau mondial selon RSF. "Une des données nouvelles de ce rapport, c'est que sept journalistes ont été tués dans des manifestations. Tout simplement en couvrant des rassemblements dans la rue, à l'extérieur. C'est un chiffre qui est particulièrement inquiétant, une tendance que l'on voit partout dans le monde", déclare Pauline Adès-Mevel.

En Ouganda, des journalistes ont dénoncé les abus dont ils sont victimes de la part des forces de sécurité pendant la campagne présidentielle. À l’échelle mondiale, le Mexique est le pays le plus meurtrier pour la profession avec huit tués, suivi par l'Inde (quatre), le Pakistan (quatre), les Philippines (trois) et le Honduras (trois).

Sur l'ensemble des journalistes tués en 2020, 84 % ont été sciemment visés et délibérément éliminés, contre 63 % en 2019. "Certains l'ont été dans des conditions particulièrement barbares", souligne RSF. A l'image du journaliste mexicain Julio Valdivia Rodriguez du quotidien El Mundo de Veracruz retrouvé décapité dans l'est du pays, et de son confrère Víctor Fernando Alvarez Chavez, rédacteur en chef d'un site d'information locale, découpé en morceaux dans la ville d'Acapulco.

En Inde, le journaliste Rakesh Singh "Nirbhik" a été "brûlé vif après avoir été aspergé de gel hydro-alcoolique, hautement inflammable, tandis que le journaliste, Isravel Moses, correspondant d'une chaîne de télévision du Tamil Nadu, a été tué à coups de machettes", rapporte RSF. En Iran, c'est l'Etat qui a condamné à mort puis exécuté par pendaison l'administrateur de la chaîne Telegram Amadnews, Rouhollah Zam.

Près de vingt journalistes d'investigation ont été tués cette année : dix enquêtant sur des cas de corruption locale et de détournement de fonds public, quatre sur la mafia et le crime organisé et trois travaillant sur des sujets liés à des questions environnementales. RSF relève également la mort de sept journalistes couvrant des manifestations en Irak, au Nigeria et en Colombie, un "fait nouveau", selon l'ONG.

"Une partie du public considère que les journalistes sont victimes des risques du métier, alors même qu'ils sont de plus en plus attaqués lorsqu'ils enquêtent ou effectuent des reportages sur des sujets sensibles. Ce qui est fragilisé, c'est le droit à l'information", déplore Christophe Deloire, secrétaire général de RSF.

Dans la première partie de son bilan annuel, publié mi-décembre, RSF avait recensé 387 journalistes emprisonnés, "un nombre historiquement haut". L'organisme avait également relevé un effet pandémie avec l'apparition au printemps d'un "pic non négligeable de violations de la liberté de la presse", favorisé par "les lois d'exception ou les mesures d'urgence adoptées" dans la plupart des pays.

Selon RSF, qui a lancé en mars l'Observatoire 19, dédié à la question, "les interpellations et arrestations" ont ainsi été "multipliées par quatre" entre mars et mai."Sur plus de 300 incidents directement liés à la couverture journalistique de la crise sanitaire" entre février et fin novembre, impliquant près de 450 journalistes, "les interpellations et arrestations arbitraires" représentent "35% des exactions recensées (devant les violences physiques ou morales)".