Bienvenue sur Africanews

Merci de choisir votre version

Regarder en direct

Inspire Middle East

inspire-middle-east

Rendez-vous santé au salon Arab Health 2020 et rencontre avec la première femme médecin des EAU

Inspire middle east

Cette semaine, l’équipe d’Inspire Middle East s’intéresse au secteur de la santé dans la région et s’invite au salon Arab Health 2020.

Au programme également, une rencontre avec le Docteur Zulekha Daud. Reconnue et très respectée, elle est la première femme médecin indienne des EAU. En 50 ans de carrière, elle a mis au monde environ 15 000 bébés.

Enfin, focus sur l’asthme dont souffrent de plus en plus d’Emiratis. Abu Dhabi abrite un centre dédié à cette maladie.

Arab Health 2020

La Arab Health à Dubaï, a, selon les organisateurs, attiré plus de 50 000 professionnels de la santé et mis en avant les dernières innovations technologiques et en matière d’intelligence artificielle.

Un récent rapport de Fitch Solutions suggère que le marché des soins de santé de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord pourrait atteindre plus de 243 milliards de dollars d’ici 2023.

Au salon Arab Health, le PDG de l’Abu Dhabi Health Services Company – le plus grand réseau de soins de santé des Émirats Arabes Unis (EAU) – a estimé que les milliards investis dans le système de santé d’Abu Dhabi continueront inévitablement à améliorer la qualité des services. Il revient sur les mesures prises pour aller dans ce sens.

“La chose la plus importante que nous ayons faite récemment est l’ouverture de l’hôpital SSMC (Sheikh Shakbout Medical City), un tout nouvel établissement de sept cents lits à la pointe de la technologie. Nous avons signé un accord de joint-venture avec la Mayo clinic “, explique le Dr. Gareth Goodier, PDG de l’Abu Dhabi Health Services Company

Construire un système de santé incluant davantage d’Émiratis est aussi une priorité pour le PDG.

“Ce que nous n’arrivons pas encore à faire, c’est transférer des connaissances à une population émiratie à hauteur de ce que ce pays mérite, je pense, aux vues de ce qu’il investit. Il s’agit donc d’un partenariat stratégique très axé sur le développement d’un personnel soignant et de direction capable de diriger son propre système de santé “, ajoute le Dr. Gareth Goodier.

Entretien avec le Dr. Zulekha Daud

Alors qu’au salon Arab Health on s’intéresse déjà aux innovations médicales de demain, nous nous tournons vers une femme. Elle a aidé à jeter les bases du système de santé aux EAU à l‘époque où il s’appelait encore les “États de la Trêve”.

Le Dr. Zulekha Daud a 82 ans. Ses visites quotidiennes à l’hôpital sont le secret de son énergie et de son enthousiasme face à la vie.

Formée dans son Inde natale, le docteur Zulekha a travaillé aux côtés de son mari médecin au Koweït, avant d’être sollicitée pour devenir la première femme médecin indienne des EAU en 1964.

Laissant son mari pour entamer sa carrière, le Dr Zulekha romp alors avec les conventions de l‘époque et fait acte de foi. Elle apprend l’arabe et arrive aux “Etats de la Trêve” avec peu de moyens et des ressources médicales limitées.

Elle reçoit alors jusqu‘à 50 patients par jour, sans rendez-vous. En 1992, le premier hôpital du Dr Zulekha ouvre dans la ville de Charjah. Aujourd’hui, avec des pharmacies, des centres médicaux et des hôpitaux aux émirats et en Inde, Le Zulekha Santé, qu’elle a fondé, est devenu un prolifique groupe de santé privé.

Depuis le début de sa carrière, Zulekha Daoud n’a eu de cesse de sensibiliser aux maladies mortelles. Cela n’a pas échappé aux familles dirigeantes d’Abu Dhabi et de Dubaï qui ont reconnu et honoré officiellement son engagement.

Rebecca McLaughlin-Eastham, euronews : Quarante à cinquante patients venaient vous voir quotidiennement à votre arrivée car vous étiez la première femme médecin ici. Vous avez appris la langue – ce qui n’était pas facile, mais absolument indispensable. Mais comment vous êtes-vous organisée face au manque d’infrastructures dans les États de la Trêve tels qu’on les appelait à l’époque?

Zulekha Daud : “Les installations médicales étaient très limitées. Il n’y avait quasiment pas de matériel d’imagerie médicale. On apprenait à reconnaître les signes et les symptômes. Il n’y avait pas de test de grossesse, pas de compte rendu de laboratoire. Cela nous a appris à prendre notre temps avec les patients et à savoir comment agir avec eux”.

Vous avez mis au monde environ 15 000 bébés ici aux EAU. Mais quels types de maladies étaient les plus courants à l’époque chez les adultes?

Zulekha Daud : “A mon arrivée ici, j’ai découvert une chambre pleine de patients, c’est ce qui m’a fait rester. J’étais confrontée à la fièvre, aux saignements, à la toux, aux rhumes, à l’asthme. J’avais la chance de parler arabe mais il y avait très peu de médicaments et d’infrastructures médicales. Aujourd’hui on parlerait de conditions primitives”.

Vos patients émiratis vous aiment beaucoup et sont heureux que vous soyez ici. Ils vous appellent “Mama Zulekha”. Vous avez commencé avec 30 lits, puis il y a eu une clinique, des hôpitaux et le premier hôpital des EAU à porter le nom d’une personne, le vôtre. Vous avez aussi ouvert des hôpitaux en Inde. Avez-vous encore des projets?

Zulekha Daud : “Mes ambitions ne sont pas alignées avec ce que je suis encore capable de faire. Je suis un peu diminuée, mais mes enfants sont très bons et ils m’aident”.

Si l’on regarde plus largement le secteur des soins de santé aux EAU, secteur dont vous faites toujours partie, on constate que de nombreuses innovations, recherches et stratégies de développement sont en cours. Cependant, quand il s’agit de cancer notamment, de nombreux malades partent se faire soigner aux Etats-Unis ou en Europe. Quand cette situation pourrait-elle changer selon vous?

Zulekha Daud : C’est ce que je voulais faire, changer ça. Et c’est ce que j’ai fait en Inde car il n’y avait aucun traitement contre le cancer dans l‘État du Maharashtra. Aux Emirats Arabes Unis, il y avait un hôpital à Al Ain, Mafraq, où les malades pouvaient se rendre. Le diagnostic a été un peu difficile à poser au début. Les personnes ne sont pas venues assez tôt. Et quand on atteint un certain stade de la maladie, il est plus difficile de se rétablir.

Vous avez passé la majeure partie de votre vie aux Emirats Arabes Unis. Où votre cœur bat-il ? Où vous sentez-vous chez vous ?

Zulekha Daud : “Aux Emirats Arabes Unis. Vraiment ! Je ne peux pas retourner en Inde et y rester. Ici, je connais les gens et les dirigeants savent qui je suis. Ils ont confiance en moi. Je suis sage-femme. On vient me voir pour des accouchements. Toutes les générations, la mère, la grand-mère… Je veux poursuivre ça. La compassion”.

Souffrir d’asthme

Parmi les dizaines de milliers de patients traités par le Dr Zulekha dans les années 60, les personnes asthmatiques, nous a-t-elle dit, étaient nombreuses.

Lors du salon Arab Health 2020, l’asthme a été un sujet très largement abordé. Il faut dire que près d’un million et demi d’émiratis souffrent de cette maladie respiratoire.

Vivre dans un environnement aride et poussiéreux ou les tempêtes de sable sont fréquentes peut engendrer un tourbillon de problèmes respiratoires pour certains résidents des EAU souffrant d’asthme.

Selon le Global Asthma Network, environ 1,3 million d’habitants des Emirats Arabes Unis – soit environ 14% de la population – sont asthmatiques.

D’après les experts en météorologie, le printemps et l’été sont les saisons les plus critiques pour les malades, les niveaux de particules de sable dans l’air étant plus élevés.

“Que ce soit dans la péninsule arabe ou en Afrique du Nord, il existe de vastes étendues de dunes de sable dispersées”, explique Majed Alshkeili, directeur des prévisions marines au Centre national de météorologie.

“Les vents violents soulèvent la poussière et le sable, les transportant vers des villes densément peuplées. Par conséquent, cela a un impact sur la santé générale des personnes, principalement de celles qui ont des problèmes respiratoires”, ajoute-t-il.

Khawla est originaire de Jordanie. Elle est asthmatique depuis 20 ans. Elle a 57 ans et est arrivée aux Emirats Arabes Unis en 1979. Khawla prend des médicaments tous les deux mois. Une contrainte et un budget : plus de 3 500 dollars.

“Je supporte très mal l’humidité. Le sable aussi. A tel point que je pourrais m’évanouir pendant des heures, à chaque effort physique, en marchant, à cause de la poussière et de l’humidité” , explique Khawla Younis.

La pollution de l’air provoque également des maladies respiratoires chroniques, ce qui conduit à la mort prématurée d’environ sept millions de personnes dans le monde chaque année, selon les Nations Unies. Dans leur programme “Vision 2021”, les Emirats Arabes Unis se sont engagés à améliorer la qualité de l’air. L’année dernière, la capitale a annoncé la création d’un nouveau registre des maladies chroniques. Elles veulent améliorer les soins et les traitements apportés pour lutter contre certaines affections, comme l’asthme.

Autre pas en avant, l’ouverture, l’année dernière à Abu Dhabi, du seul centre de la région dédié à l’asthme et aux allergies.

Selon le Dr. Carr, alergologue, une sensibilisation trop faible sur la question empêchent les malades de mettre des mots sur leurs symptômes et donc de se soigner. Les taux aux EAU sont cinq fois plus élevés qu’en Amérique du Nord.

“Des études réalisées dans la région montrent que près de la moitié des patients asthmatiques se rendent aux urgences, manquent le travail l’école durant l’année à cause de leur asthme. 4 % des patients asthmatiques finissent par être hospitalisés chaque année. C’est un nombre très élevé”, explique le Dr Carr, médecin chef au Snö Healthcare.

Il existe une combinaison de médicaments contre l’asthme, y compris des corticostéroïdes, qui peuvent être inhalés pour réduire l’inflammation et détendre rapidement les voies respiratoires.

Pour le Dr Carr, un mode de vie sain, un diagnostic précoce et une surveillance régulière des poumons, peuvent permettre de diminuer certains traitements.

Bien qu’il n’existe actuellement aucun “remède” contre l’asthme, ces conseils restent une bouffée d’oxygène pour les asthmatiques de la région.

Voir plus