Guinée-Bissau
La Guinée-Bissau était lundi dans l’attente des résultats de l‘élection présidentielle, et surtout de savoir si ce scrutin ramènera la stabilité dans ce pays d’Afrique de l’Ouest miné par la corruption, les trafics de drogue et les crises politiques à répétition.
Malgré des échauffourées signalés dans plusieurs localités du pays entre partisans des différents camps, le dépouillement a commencé dès la fermeture des bureaux, dimanche à 17H00 (GMT et locales).
Les premières tendances sont attendues dans les prochains jours, voire dans les prochaines heures, tandis qu’un éventuel second tour, jugé probable par les analystes en raison du nombre important de candidats —12, tous des hommes— aura lieu le 29 décembre le cas échéant.
“La participation a été importante”, a déclaré dimanche soir la Commission nationale électorale (CNE), plus de précisions.
Les lendemains d‘élections sont traditionnellement sources d’inquiétude dans l’ancienne colonie portugaise au climat tropical, qui a connu quatre coups d’Etat et de multiples tentatives de putsch depuis son indépendance en 1974.
Le gouvernement portugais “salue et félicite le peuple guinéen” pour le déroulement “pacifique” du scrutin, indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères dimanche soir.
L’ancienne puissance coloniale “en appelle à tous les intervenants pour qu’ils garantissent le respect intégral de la volonté populaire”.
La première question qui se pose est de savoir si les différents acteurs accepteront effectivement le verdict des urnes, à commencer par l’armée, qui a promis de ne plus se mêler de politique, sept ans après son dernier coup d’Etat, qui avait interrompu le processus électoral en 2012.
‘Bourrages d’urnes’
Mais le président sortant, José Mario Vaz, élu en 2014 et qui brigue un second mandat, cherchera-t-il à s’accrocher au pouvoir, après avoir défié ces dernières semaines la communauté internationale en tentant de limoger le Premier miniers Aristides Gomes, soutenu par les pays d’Afrique de l’Ouest?
M. Vaz a promis en déposant son bulletin de vote dimanche matin de “respecter la volonté du peuple”. Mais avant même la fermeture des bureaux, son camp a dénoncé un “bourrage d’urnes” dans plusieurs villes de l’intérieur du pays.
Son directeur de campagne, Botche Candé, a affirmé que le chef de l’Etat sortant ne reconnaîtrait pas un résultat “entaché” d’irrégularités, mettant directement en cause le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), la formation qui domine le Parlement et le gouvernement et dont faisait partie M. Vaz avant d’en être exclu.
Le chef du PAIGC, ancien Premier ministre évincé par le président Vaz en 2015, Domingos Simoes Pereira, a dit qu’il respecterait le résultat. Mais il n’a pas caché l’importance de l’enjeu: “Ecrivez une nouvelle histoire. Aujourd’hui est un jour qui comptera pour de nombreuses années”, a-t-il lancé sur Twitter dimanche.
Contrôler la présidence et le gouvernement
Si M. Pereira l’emportait, sa formation contrôlerait tant la présidence que le gouvernement, une situation qui devrait faciliter le retour d’une certaine stabilité dans un pays qui a vécu ces quatre dernières années au rythme des querelles entre le président Vaz et le PAIGC, lui-même affaibli par des dissidences.
Sous la présidence de M. Vaz, les chefs de gouvernement se sont succédé, suscitant l’inquiétude des pays ouest-africains, qui ont multiplié les efforts de médiation.
Dans le même temps, les écoles sont restées fermées pendant des mois en raison de grèves à répétition des enseignants réclamant le paiement d’importants arriérés de salaires.
Et près de 70% des quelque 1,8 million de Bissau-Guinéens vivent toujours avec moins de 2 dollars par jour, malgré les promesses de M. Vaz de s’attaquer au fléau de la pauvreté, qui a favorisé l’implantation de trafiquants de drogue en provenance d’Amérique du Sud.
D’autres candidats espèrent tirer leur épingle du jeu, à commencer par Umaro Sissoco Embalo, à la tête d’une dissidence du PAIGC, ou encore de Nuno Nabiam, battu au second tour en 2014. Chassé par les militaires entre les deux tours alors qu’il était favori de l‘élection de 2012, l’ex-Premier ministre Carlos Gomes Junior a lui aussi à nouveau tenté sa chance.
AFP
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