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Inspire Middle East : le futur de la blockchain et la sécurité informatique en question

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Cette semaine, Inspire Middle East s’intéresse à la blockchain et à ses différentes applications dans le monde réel. Nous nous intéressons également à la cyber-sécurité et au vol de données, avec un hacker chevronné :

  • Aux Emirats Arabes Unis s’est tenu immense sommet dédié à la blockchain, une technologie de stockage et de transmission d’informations numériques. Nous y avons rencontré Osman Sultan, le PDG de DU, le deuxième opérateur de télécommunication du pays.
  • Nous avons rencontré Jamie Woodruff, un hacker éthique, dont la mission est de protéger les données des entreprises contre les cybercriminels.
  • En Jordanie, les Nations Unies ont mis en place une blockchain pour venir en aide aux centaines de milliers de Syriens dans les camps de réfugiés. Cette technologie simplifie les paiements et améliore le quotidien des réfugiés.

La blockchain peut elle changer le monde ?

La blockchain changera-t-elle la donne pour les entreprises du monde entier ou bien la bulle est-elle sur le point d’éclater ? C’est une question que se sont posés de nombreux participants, lors du sommet du Dubaï.

La blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle (pour en savoir plus).

En 2017, la valeur totale du marché mondial de la blockchain s’élevait à 706 millions de dollars. Mais beaucoup prédisent une croissance fulgurante : sa valeur pourrait ainsi atteindre 60 milliards de dollars en 2024.

Les crypto-monnaies sont devenues incontournables et la blockchain a transformé le secteur de la finance. La question est désormais de savoir si elle aura un impact similaire sur d’autres domaines comme le tourisme, l’immobilier ou même l’éducation

Pour Vinny Lingham, c’est une quasi-certitude. Surnommé « L’oracle du Bitcoin », il intervient dans des émissions de télé-réalité sud-africaines, dédiées à l’investissement. Il est également PDG de Civic, une start-up qui protège les informations d’identité de la blockchain.

«Bien au-delà des services financiers, nous voyons déjà des usages dans la chaîne d’approvisionnement, la logistique, le commerce électronique, le stockage, les paiements, … Il y a une portée assez large, explique le PDG. Je pense que l’automatisation est l’usage principal, en ce qui concerne les industries. Ainsi, à mesure que les industries évolueront vers plus d’automatisation, la blockchain deviendra plus intéressante.”

Toutefois, il ne conseille pas à toutes les entreprises d’investir dans cette technologie : “Toutes les entreprises utilisent internet pour leurs emails et différentes choses : la messagerie, la prise de commande … Mais toutes les entreprises n’ont pas besoin d’internet. C’est à peu près la même chose pour la blockchain, toutes les entreprises finiront peut-être par l’utiliser, mais elles n’en auront pas toutes besoin.”

Osman Sultan est le PDG de DU, le deuxième opérateur de télécommunication des Emirats. Nous lui avons demandé comment la blockchain, l’Intelligence artificielle et le Big Data bouleversent le monde des télécoms.

Rebecca McLaughlin-Eastham : Parlez-nous de la blockchain, comment cela bouleverse-t-il votre domaine ?

Osman Sultan : Nous sommes naturellement au cœur de toutes ces transformations que l’espace numérique, l’univers numérique permettent. Elles ont le potentiel de transformer, de chambouler tout ce que nous faisons.

Beaucoup de gens ne comprennent pas totalement la blockchain. Ils se demande ce que c’est, comment cela impactera leur vie. En ce qui concerne les utilisateurs de DU, que pouvez-vous leur dire ?

En tant que partenaire stratégique de Smart Dubai ambition, nous proposons une application de santé qui utilisera la blockchain. Cela facilitera le stockage, la récupération et la sécurisation de vos dossiers médicaux et de vos données médicales.

La dépense initiale – le coût de mise en œuvre de cette technologie et du logiciel – est relativement chère. Alors, quand attendez-vous un retour sur investissement ?

Le retour sur investissement sera plus rapide que dans d’autres types d’applications et très difficile à prévoir, mais c’est un élément fondamental. La dimension sociétale et humaine est la 3ème étape de cette discussion, qui devient de plus en plus importante. Quand il s’agit de données massives, il faut prendre en compte la complexité croissante des écosystèmes, qui ont de nombreuses dimensions et de nombreux acteurs. Ils sont susceptibles d’avoir un impact fondamental sur ce que nous faisons, de chambouler tout ce que nous savons et sur l’humanité. Nous devons donc faire attention mais nous devons avoir confiance. Je suis un techno-optimiste.

Si, comme vous dites ce n’est pas une bulle, ce n’est pas qu’un emballement médiatique, et les détracteurs ont tort, alors, quand verrons-nous la blockchain atteindre une masse critique ? Quand sera-t-elle appliquée à tous les secteurs ?

C’est difficile de prévoir exactement si cela va arriver dans les deux, trois ou quatre prochaines années. Si l’on suit cette courbe on peut toutefois prédire des choses, sur l’une des applications de la blockchain qui concerne sur les devises : les cryptomonaies. A mon avis, nous allons voir de plus en plus de transactions qui utiliseront cet écosystème, dans le but d’être authentifié, stocké, sécurisé et de pouvoir être récupéré.

Pouvez-vous nous dire quels sont les plus grands obstacles financiers et à quels défis votre entreprise fait-elle face ?

Au changement. Notre activité de connectivité est en pleine transformation. Vous avez maintenant des acteurs mondiaux, des acteurs numériques avec qui vous devez dialoguer, et vous devez avoir des modèles, de nouveaux modèles. Nous sommes donc en train de déplacer et de transformer cette activité de connectivité. La deuxième chose, c’est qu’il faut changer tout cela, tout en étant sûr qu’on soit plus efficace, et bien sûr, en cherchant de nouvelles sources de revenus.

Les leçons du “hacker éthique”

Selon certains experts, nous devrions faire très attention, car nous possédons tous de plus en plus d’appareils informatiques et nous créons toujours plus de données. Tout cela pose de sérieux risques pour la sécurité.

Notre reporter Salim Essaid en a fait les frais. En quelques seconde, un hacker a piraté toutes ses informations financières. Pour cela, il a simplement posé la carte bancaire de notre journaliste sur son téléphone, accédant ainsi à son code PIN et à toutes ses informations financières.

Heureusement pour notre reporter, Jamie Woodruf est surnommé en Europe le “numéro 1 des hackers éthiques”. Le jeune homme de seulement 25 ans a infiltré Facebook et Twitter, mais son but n’est pas de voler des informations. Il est engagé par des entreprises, pour tester leurs systèmes de sécurité informatique.

En 2017, plus de la moitié des habitants des Emirats Arabes Unis ont été victimes de cyber-crime, pour un montant total de 1,1 milliard de dollars selon un rapport de la société américaine Symantec.

Pour Woodruff, les compétences des pirates informatiques sont essentielles pour protéger les données personnelles des utilisateurs et pour assurer la protection numérique des entreprises.

“On a besoin de hackers éthiques, d’une police, estime Jamie Woordruff. S’il n’y avait pas de police, qu’est-ce qui se passerait ? Les villes tomberaient. S’il n’y avait pas des hackers pour chercher ces bugs informatiques, ces vulnérabilités, et bien ces organisations tomberaient.»

Selon le pirate, la plus grande menace pour la sécurité informatique d’une entreprise est l’erreur humaine. Selon une étude, 70% des cas de vol d’informations sensibles par des pirates informatiques sont liés à des erreurs commises par des employés.

Et comme un peu plus de 80% des entreprises du Moyen-Orient utilisent déjà des services de cloud computing, cela les expose davantage aux menaces.

Moins de 40% des entreprises étudiées avaient mis en place des stratégies de cryptage pour protéger leurs données dans le cloud. En 2012 par exemple, une cyber-attaque a mis à l’arrêt des dizaines de milliers d’ordinateurs de la compagnie énergétique Saudi Aramco.

Selon plusieurs expert, une manière de réduire considérablement les risque est d’encoder les données sensibles bien avant de les mettre en ligne. Neil Ginns, consultant pour l’entreprise Ncipher Security, nous en dit plus : “Cela signifie prendre les données lisibles, y appliquer un algorithme de cryptage et s’assurer qu’elles sont mélangées de manière à ce que seuls ceux qui possèdent la clé de cryptage puissent lire les données. Pour ceux qui n’ont pas cette clé, cela aura juste l’air d’informations aléatoires.”

Au Moyen-Orient, l’utilisation de stratégies de cryptage atteint des sommets. Selon l’entreprise NCiffer, elle croît plus rapidement que dans toute autre région du monde.

En Jordanie, on paye ses courses avec ses yeux

La technologie de la blockchain est de plus en plus utilisée dans des buts humanitaires pour améliorer la vie des personnes, par exemple dans les camps de réfugiés en Jordanie.

Là-bas, les Nations Unies ont mis en place une blockchain en mai 2017. Désormais, elle vient en aide à plus de 100 000 Syriens. Dans les supermarchés du camp d’Azraq, plus besoin d’argent : les achats s’effectuent grâce au scan de l’iris, en quelques secondes seulement.

“Tout le monde reçoit 20 dinars, pour eux et leurs enfants, explique Abu Abdullah, l’un des vendeurs de l‘épicerie. Ils prennent la nourriture dont ils ont besoin au supermarché, et ils vont voir le caissier qui récupère leurs informations via leur œil. Ensuite, ils rapportent leurs achats chez eux.»

La blockchain pourrait également apporter des solutions à des problèmes qui affectent le secteur de l’aide humanitaire depuis des décennies.

En 2012, l’ancien secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, a déclaré que 30% des dons ne parvenaient pas aux bénéficiaires, à cause d’intermédiaires et de responsables corrompus. Mais avec la blockchain, tout cela est presque impossible. Elle permet aux Nations Unies de suivre chaque centime – à partir du moment où un don est effectué jusqu’au moment où un bien physique est acheté.

Des agences de l’ONU, tel que le Programme alimentaire mondiale, peuvent ainsi économiser 40 000 dollars par mois. Avec le succès de la blockchain en Jordanie, les Nations Unies entendent apporter cette technologie à d’autres missions humanitaires, et ainsi atteindre plus de personnes dans le besoin.

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