Erythrée
Le président soudanais Omar el-Béchir a annoncé jeudi la réouverture de la frontière avec l’Erythrée, dont il avait ordonné la fermeture il y a un an après avoir décrété l‘état d’urgence dans la région de Kassala (est) pour lutter contre le trafic d‘êtres humains et d’armes.
“J’annonce depuis Kassala l’ouverture de la frontière avec l’Erythrée”, a dit le président Béchir jeudi, lors d’un rassemblement télévisé à Kassala, à proximité de la frontière érythréenne.
“La politique peut nous diviser mais ils (les Érythréens) restent nos frères et parents”, a-t-il affirmé sans expliquer les raisons de sa décision.
La fermeture de la frontière érythréenne avait été décidée l’an dernier dans le cadre d’un plan pour désarmer des gangs de trafiquants d‘êtres humains, accusés par le Soudan d‘être responsables du transit de migrants depuis la Corne de l’Afrique vers l’Europe.
En proie à une grave crise économique et à plusieurs conflits armés impliquant régime et rebelles, le Soudan, pays pauvre d’Afrique, est un carrefour clé sur la route de l’Europe.
En 2016, “quelque 100.000 migrants” avaient “voyagé via le Soudan, en grande majorité des Érythréens”, selon Asfand Waqar, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Trente morts dans des manifestations
À partir du Soudan, les migrants rejoignent la Libye ou l’Egypte, d’où ils entrent en contact avec des passeurs qui les entassent sur des embarcations de fortune avant une périlleuse traversée en mer Méditerranée, en direction de l’Europe.
Jeudi, le président Béchir s’est adressé à des centaines de ses partisans rassemblés à Kassala alors que de nouvelles manifestations réclamant son départ ont eu lieu dans plusieurs villes du pays dont Khartoum. Une fois de plus, ces manifestations ont été dispersées à l’aide de gaz lacrymogènes.
Selon des analystes, la contestation actuelle, déclenchée le 19 décembre après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, constitue le plus grand défi en trois décennies de pouvoir pour M. Béchir.
Trente personnes ont perdu la vie depuis le début du mouvement, selon un bilan officiel. Des ONG évoquent toutefois plus de 40 morts.
Le président Béchir refuse de démissionner et impute les violences lors des manifestations à des “conspirateurs”.
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