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Afrique : comment restituer les épisodes douloureux de l'histoire ?

Guinée

S’il est dans l’ordre des choses de rendre compte des évènements passés, le grand problème reste comment raconter des épisodes qui ont fait mal. Surtout dans une Afrique dont les pages de l’histoire restent maculées du sang des victimes de la paranoïa de certains dirigeants.

L‘élite guinéenne en ébullition ces derniers temps. En cause, un graffiti Ahmed Sékou Touré sur le pont dit des pendus à Conakry. Ce sont les quelque 80 cadres guinéens qui furent fusillés, pendus ou poignardés le 25 janvier 1971 sous le régime de Sékou Touré (1922-1984) qui régna de 1958 à sa mort.

Ces responsables, dont Barry Ibrahima, dit « Barry III », ministre de l’Économie, des Finances et du Plan et Baldé Ousman, gouverneur de la Banque centrale de Guinée, étaient accusés de complot contre le régime.

Pour des familles des victimes, le grafiti de Chimère Ndiaw, artiste gaffeur peintre est une véritable « provocation ». Surtout que toutes les demandes d‘érection d’une stèle demeurent jusqu’ici lettre morte. « Nous avions demandé à ce que l’on fasse une stèle à ce niveau-là pour commémorer justement toutes ces pendaisons. Ceci n’a pas été fait malgré les promesses de l’époque. Alors quand aujourd’hui, on se rend compte que ce sanguinaire, le bourreau, est magnifié sur un pan de ce pont, là où il a pendu des êtres humains, je pense que c’est quand même trop cher payé », déplore Fodé Marega, membre de l’association des victimes du Camp Boiro du nom d’une prison symbole de la répression sous l’homme du NON au référendum initié par De Gaulle.

Pour l’artiste, il n’y a aucune intention de remuer le couteau dans la plaie. « C’est l’art. On est en train de faire quelque chose qui est beau. Les gens viennent pour prendre des photos. Donc chaque pays a son histoire aussi. Mais nous, on ne l’a pas fait pour vexer l’association, cette association-là. Au contraire, si ça les a touchés, on demande pardon. Parce que ce n’est pas notre intention. Ce n’était pas un truc politique. Ce n’est pas quelqu’un qui nous a financés », se défend Chimère Ndiaw.

Raconter sans choquer

Toutefois, ce graffiti qui comprend aussi des « héros » de l’Afrique dont Kwame Nkrumah et Thomas Sankara pourrait être interprété par des observateurs comme une manière de légitimer ou de magnifier l’acte que le premier président guinéen posa au grand dam des défenseurs des droits de l’homme.

Comme si un poète congolais composait une épopée à la gloire de Mobutu pour le procès dit de la Pentecôte. Ce procès qui, cinq ans avant la pendaison de Conakry, déboucha sur l’exécution en public dans l’actuel stade des martyrs de Kinshasa, sur ordre de Mobutu, de quatre grandes figures politiques du Zaïre (actuelle RDC).

Ainsi, au nom de la scientificité de l’histoire, il serait question, estiment des acteurs culturels, de restituer avec précision ou exactitude, le rôle que chaque fille et fils d’Afrique aura joué tout au long de l’histoire du continent. Tout en prenant des précautions pour ne pas choquer la postérité.

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