Tunisie
Le parlement tunisien a voté mardi soir une loi attendue de longue date criminalisant les propos racistes, l’incitation à la haine et les discriminations, une avancée qualifiée d’“historique” par les associations défendant les minorités.
“C’est un tournant très important dans l’histoire de la Tunisie, équivalent à l’abolition de l’esclavage”, a déclaré à l’AFP le président du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), Messaoud Romdhani.
En Tunisie, l’esclavage a été aboli par le pouvoir beylical dès 1846.
La loi n°11/2018 sur l‘élimination de toutes les formes de discrimination raciale prévoit des peines allant de un mois à un an de prison et jusqu‘à 1.000 dinars (300 euros) d’amende pour des propos racistes.
“L’incitation à la haine”, les “menaces racistes”, la “diffusion” et “l’apologie du racisme” ainsi que la “création” ou la “participation à une organisation soutenant de façon claire et répétitive les discriminations” sont passibles de un à trois ans de prison, et jusqu‘à 3.000 dinars (1.000 euros) d’amende.
L’amende peut monter à 15.000 dinars (environ 5.000 EUR) pour les personnes morales.
Il a été voté à l’issue de longs débats, par 125 voix pour, une contre et cinq abstentions.
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Ce texte, le premier dans la loi tunisienne à rendre criminels les actes racistes, était réclamé de longue date par les association de défense des minorités.
“Il s’agit d’un moment historique pour la Tunisie”, a estimé l’Association tunisienne de soutien aux minorités (ATSM), indiquant qu’elle veillerait à la bonne application du projet de loi.
“C’est un pas de géant, mais il reste beaucoup à faire pour concrétiser cette loi dans une société où il y a du racisme envers les 10% de Tunisiens noirs et les Africains subsahariens, qui souffrent d’insultes et d’attaques parfois violentes”, a renchéri M. Romdhani. “Il s’agit de punir mais aussi de transmettre le respect, par l‘éducation notamment”.
Des associations se font régulièrement l‘écho d’agressions visant des personnes en raison de leur couleur de peau. En août, une femme ivoirienne qui avait réagi à des insultes à Tunis avait été violemment frappée, semant la peur parmi les nombreux Ivoiriens de son quartier.
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