Ethiopie
Constituées au moment où l‘Éthiopie et l‘Érythrée ne formaient qu’une seule Nation, des familles entières se sont séparées en 1998 du fait de la guerre entre les deux pays de la Corne de l’Afrique. Mais, grâce au processus de paix, des familles se retrouvent et se reconstituent.
Une date qu’il n’oubliera certainement pas. Ce mardi 10 juillet, Mohammed Osman a parlé au téléphone avec sa mère Kedija. Une conversation dont ce jeune mécanicien d’Addis-Abeba a toujours rêvé depuis 1998.
Kedija fait partie des quelque 70 000 citoyens éthiopiens d’origine érythréenne qui ont été arrachés à leurs familles, embarqués dans des bus et des camions à destination de l‘Érythrée. Leurs documents de voyage portaient la mention « Expulsé pour ne jamais revenir ». Mohammed n’a que 13 ans quand il entend pour la dernière fois la voix de sa mère.
Un calvaire qui a pris fin ce 10 juillet dans la matinée lorsque Mohammed a échangé avec sa mère au téléphone. « Je ne pouvais pas la reconnaître au début, mais pour son rire, c‘était surréaliste. C‘était doux-amer », a-t-il expliqué.
Kedija lui a dit qu’elle allait bien à Asmara, la capitale de l‘Érythrée, mais que sa grand-mère était morte. « Mes parents ont été séparés depuis, et en tant que famille, nous entendons nous rendre très prochainement en Erythrée et de nous reconnecter pour la première fois en 20 ans », a déclaré Mohammed.
Le doux fruit des accords de paix
Mohammed n’est pas le seul à retrouver un ou ses parents. Au lendemain des accords de paix entre l‘Éthiopie et l‘Érythréen, l’heure est aux retrouvailles similaires entre familles séparées du fait de la guerre de 1998.
Sirak Aseghid, 23 ans, qui a fui en Éthiopie en 2016 après un service national de deux ans dans l’armée érythréenne a parlé lundi dernier à ses parents âgés.
« Maintenant, ils savent que je vais bien. Vous pouvez imaginer la détresse que cela cause aux familles : une fois que vous avez franchi la frontière, la possibilité de renouer avec votre famille diminue, vous ne savez pas où vous allez vous retrouver », dit Aseghid.
Des retrouvailles qui constituent à elles seules le résultat le plus concret de la normalisation des relations entre l‘Éthiopie et l‘Érythrée. Deux pays ayant tout ou presque en partage. Mais, que tout a opposé pendant plus de 20 ans à cause entre autres d’un litige frontalier.
Heureusement que 20 ans après, les frères héritiers du Royaume de Nubie ont pris la ferme résolution d’enterrer la hache de guerre et poser les bases d’un avenir axé sur la coexistence pacifique.
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