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Mea culpa : National Geographic reconnaît des décennies de couverture raciste

Mea culpa : National Geographic reconnaît des décennies de couverture raciste

Etats-Unis

Cent trente ans après sa création, le magazine américain National Geographic reconnaît un traitement raciste de ses reportages jusque dans les années 1970.

L’exercice peut paraître difficile, mais le magazine américain National Geographic consacré à la culture, les voyages, la science et la géographie a décidé de s’y prêter. À la veille de son 130e anniversaire, le magazine a bien voulu revenir sur son passé raciste.

Un rare examen de conscience marqué d’un trait de plume par la rédactrice en chef du mensuel, Susan Goldger, dans sa présentation du numéro d’avril justement consacré aux “races”.

“Il m’est douloureux de partager cet affreux état de fait qui fait pourtant partie de l’histoire du magazine. Mais puisque nous avons aujourd’hui décidé de faire une couverture exceptionnelle du sujet des “races”, il nous faut faire cet examen de conscience avant de considérer de faire celui des autres”, écrit-elle dans son texte intitulé “Pendant des décennies, nos reportages étaient racistes. Pour nous en détacher, il nous faut le reconnaître”.

Les conclusions de Susan Goldger se fondent notamment sur les recherches de John Edwin Mason, professeur à l’université de Virginie, aux États-Unis, et spécialisé dans l’histoire de la photographie et de l’histoire de l’Afrique, sollicité par le magazine pour mener l’enquête.

“Jusque dans les années 1970, National Geographic a quasiment ignoré les personnes de couleur vivant aux États-Unis, ne leur reconnaissant que rarement un statut, le plus souvent celui d’ouvriers ou de domestiques”, souligne la rédactrice en chef, pour reprendre des pans de l’enquête.

Our April issue is devoted to exploring race—how it defines, separates and unites us. Read the story behind the cover: https://t.co/PPTVg3UpM8 pic.twitter.com/5kunxfDrHt

— National Geographic (@NatGeo) 12 mars 2018

Les réseaux sociaux, chien de garde de la diversité

Mais il n’y a pas que sur les peuples noirs des États-Unis que National Geographic a encouragé les clichés ou brimer les libertés lors de ses reportages. Par exemple, un reportage sur l’Australie écrit en 1916 légendait ainsi ses photos : “Deux Noirs sud-australiens : ces sauvages se classent parmi les moins intelligents de tous les êtres humains”.

Un autre article datant des années 1960 sur l’Afrique du Sud ressorti des archives montre comment le magazine a fait l’impasse sur une manifestation qui a pourtant fait 69 morts.

“Aucune voix de Sud-Africains noirs ne s‘élève dans l’article. Cette absence est aussi signifiante que tous les mots imprimés. Les seuls Noirs représentés dans le magazine sont des personnages se produisant dans des danses exotiques… ou alors des domestiques ou des ouvriers”, relève John Edwin Mason.

Pour Toussaint Nothias, professeur au Centre d‘études africaines de l’Université de Stanford, cette introspection de National Geographic est un “mouvement puissant et significatif” pour la diversité et l’acceptation de l’autre.

Même si, précise-t-il, la démarche est encouragée par un élan plus large qui a pris ses marques sur les réseaux sociaux, où les communautés n’hésitent pas à recadrer les médias sur des articles erronés ou racistes, comme ce fut notamment le cas avec la chaîne américaine CNN rappelée à l’ordre par les internautes kényans.

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