Côte d'Ivoire
Les étudiants du campus universitaire de Cocody, à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, contestent la présence d’un important dispositif de la police et autres corps de sécurité sur leur lieu d‘études. Pour eux, c’est brimer leur liberté d’expression.
Une fois de plus, les cours sont au ralenti sur l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan. Depuis jeudi dernier, les associations et fédérations estudiantines ont appelé à l’arrêt des cours pour contester contre la présence massive des forces de l’ordre sur le campus universitaire. En effet, des cargos de la Brigade anti-émeute (Bae), les Compagnies républicaines de sécurité (Crs), ainsi que des équipes d’intervention du district de police de la commune de Cocody – qui abrite l’université – ont été déployés sur le site.
Une présence perçue par les étudiants comme une entrave à la liberté d’expression. “Nous maintenons notre position qui est « no police » sur le campus. Les policiers sont là pour empêcher la liberté d’expression et non pour la sécurité ; sinon, comment comprendre que des étudiants soient tués alors qu’ils sont là. Nous demandons un cadre approprié de discussions avec les autorités pour les faire partir, sinon les cours seront toujours compromis”, menace le responsable d’une organisation estudiantine.
Les forces de l’ordre, elles, évoquent plutôt le maintien de la sécurité, menacée par des rivalités entre associations estudiantines.
L’arrêt des cours sur le campus universitaire a été décidé au lendemain d’un arrêt de trois jours pour deuil national. Ce deuil national, décrété par les étudiants, faisait suite à la mort d’un étudiant, tué après avoir été renversé par un véhicule de la police. Après l’accident, le chauffeur aurait pris la fuite, racontent certaines sources.
Les relations entre étudiants et forces de l’ordre sont tendues depuis la fin de la crise postélectorale de 2010-2011 en Côte d’Ivoire. C’est du reste à cette période que le président ivoirien, Alassane Ouattara, a décidé du déploiement des forces de l’ordre sur le campus afin de limiter au maximum les affrontements entre étudiants.
Une version rejetée par les étudiants, qui y voient une manière de surveiller leurs faits et gestes. Depuis, de nombreuses manifestations s‘étaient tenues pour réclamer le départ des policiers du campus. Une requête prise en compte jusqu’au jeudi dernier.
La Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), dans laquelle ont notamment milité Guillaume Soro et Charles Blé Goudé, a longtemps été accusée d‘être une organisation à la solde du pouvoir de Laurent Gbagbo.
Au lendemain du renversement de l’ancien président ivoirien – incarcéré depuis 2011 à la Haye – de nombreux responsables syndicaux ont été poursuivis par la justice ivoirienne, certains bannis du système éducatif.
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