Vatican
Après des années de consultation et un mois de débats intenses au Vatican, le processus de réforme de l’Église catholique, lancé par le pape François, a abouti à la publication d’un document final de 51 pages, marquant la conclusion du synode.
Ce texte, attendu par des millions de catholiques, fait le bilan des discussions menées sur plusieurs thèmes, mais une question a particulièrement divisé : celle de l’accès des femmes au diaconat, un ministère actuellement réservé aux hommes.
Un "changement culturel" encore trop lent pour beaucoup
Kate McElwee, directrice de la Women’s Ordination Conference, organisation plaidant pour une plus grande reconnaissance des femmes dans l’Église, a accueilli ce document avec un mélange d’espoir et de déception. Si elle y voit « un changement culturel », elle regrette l’absence de mesures concrètes. Elle explique :
« Le document final sera reçu avec beaucoup de déception et de frustration par de nombreuses femmes dans le monde qui espèrent des changements concrets. Ce document offre des formules très généreuses sur l'égalité des femmes, mais ne propose aucune mesure concrète pour les mettre en œuvre. Au sujet de la question des femmes diacres, le texte dit qu'une étude plus approfondie est nécessaire. À mon avis, les femmes du monde entier rejettent ce principe. »
Cette position illustre un malaise persistant au sein de l’Église quant au rôle des femmes, surtout concernant l’accès à des fonctions ministérielles. Les diacres, qui peuvent célébrer des baptêmes, des mariages et des funérailles, mais non la messe, restent exclusivement des hommes, une situation que certaines voix, tant laïques que religieuses, considèrent de plus en plus comme anachronique.
Une question "ouverte" selon le cardinal Hollerich
Le cardinal Jean-Claude Hollerich, qui a participé au synode et a répondu aux interrogations de la presse, a rappelé que le document final ne ferme pas totalement la porte à l’ordination des femmes comme diacres. Cependant, la formulation reste prudente et insiste sur la nécessité de poursuivre le discernement :
« Le Saint-Père n'a pas dit que les femmes seront ordonnées diacres, il n'a pas dit que les femmes ne seront pas ordonnées diacres. Il a simplement dit que la question reste ouverte. Elle doit être étudiée. »
Le cardinal a précisé que l’objectif est de mieux comprendre le rôle que les femmes ont historiquement joué au sein de l’Église et ce qu’elles pourraient apporter aujourd’hui, notamment en termes de gouvernance et de responsabilités communautaires, sans qu’il soit nécessairement question d’ordination.
Un vote contrasté sur la place des femmes
Sur les 368 participants du synode, qui incluaient pour la première fois des femmes, les débats ont révélé des divisions. Lors d’un vote sur les propositions relatives au rôle des femmes, 258 voix se sont prononcées en faveur d’une évolution de leur place dans l’Église, contre 97 votes défavorables. Ce résultat met en lumière une Église partagée entre tradition et adaptation aux réalités contemporaines, où la voix des femmes et des laïcs en général cherche à se faire entendre.
Un document aux enjeux variés, mais une prudence assumée
Outre la question féminine, le document final du synode aborde d’autres pistes de réforme. Parmi elles, une révision de la formation des prêtres et une implication accrue des laïcs dans la sélection des évêques. Ces mesures visent à rapprocher l’Église de ses fidèles, en particulier dans des contextes où la population catholique est en baisse. Néanmoins, le texte reste silencieux sur des sujets brûlants tels que l’accueil des personnes LGBT+, laissant entrevoir une volonté de réformer sans s’aventurer trop loin dans des débats potentiellement polarisants.
Une ouverture modeste mais essentielle pour l’avenir
Ce document, fruit de longues délibérations, reflète une Église catholique en quête de modernité tout en restant profondément attachée à ses fondements. La lenteur des avancées, notamment en ce qui concerne l’égalité des femmes, montre qu’une transformation de l’institution ne peut se faire qu’avec prudence et discernement, du moins selon les instances dirigeantes.
Pour les femmes de l’Église et leurs alliés, cette réforme inachevée représente certes une reconnaissance des aspirations à plus d’égalité, mais elle laisse un goût amer pour celles et ceux qui espéraient des décisions plus affirmées. Toutefois, le synode a permis de mettre ces questions au centre des débats, un signe d’espoir pour un futur où la place des femmes et des laïcs pourrait enfin correspondre aux attentes d’une Église en dialogue avec son époque.
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