Zimbabwe
Dans le district de Chiredzi, riche en faune mais marqué par la pauvreté, un ancien braconnier, récemment libéré de prison, consacre désormais son énergie à la protection des animaux.
À Chiredzi, une région semi-aride située à environ 500 kilomètres de la capitale Harare, la chasse est profondément ancrée dans les traditions locales. Tembanechako Mastick, ancien braconnier devenu défenseur de la conservation, évoque son passé avec regret.
« J'ai grandi en tant que chasseur et c'était un métier devenu intrinsèque. Avant que les gardes-chasses ne m'attrapent dans la réserve animalière, la chasse était notre mode de vie, mais nous ne savions pas que nous commettions un crime en tuant des animaux », explique-t-il.
Bien qu'il ait cultivé des céréales et élevé du bétail, Mastick s'est tourné vers le braconnage lorsque les sécheresses récurrentes ont rendu l'agriculture moins viable. Son arrestation l'année dernière pour avoir capturé du petit gibier dans la Save Valley Conservancy, l'une des plus grandes réserves privées d'Afrique, a marqué un tournant dans sa vie.
Incarcéré pendant près de trois mois, il a participé à un programme qui visait à transformer les braconniers en défenseurs de la faune. « Pendant mon séjour en prison, j'ai appris des métiers tels que le tissage et la sculpture. Cette expérience m'a ouvert les yeux sur des moyens de subsistance alternatifs », raconte-t-il.
La détention a été dure pour sa famille, étant le seul soutien de famille. Toutefois, Mastick a acquis de nouvelles compétences, comme la menuiserie, qui lui permettent désormais de gagner sa vie. Dans son atelier, il utilise des branches d'arbres et des feuilles de palmier sèches pour créer des meubles prisés par les touristes et les habitants. « Aujourd'hui, mon revenu principal provient des œuvres d'art que je vends. Mon atelier est en plein centre et tout le monde peut admirer mon travail », indique-t-il.
Depuis sa libération, Mastick encourage ses concitoyens à privilégier l'agriculture et l'élevage plutôt que le braconnage. « J'ai compris que les animaux profitent à toute la communauté. Le braconnage est donc un acte égoïste. Je peux tuer un zèbre aujourd'hui et en bénéficier seul, mais si des touristes viennent le voir, toute la communauté en profite », explique-t-il.
Malgré ses efforts, la situation reste complexe. Au Zimbabwe, les conflits entre humains et animaux sont en augmentation en raison de l'expansion des terres agricoles, de la chasse illégale et de l'exploitation forestière, réduisant ainsi les habitats animaux. Les sécheresses poussent certains animaux à envahir les habitations humaines en quête de survie.
Tinashe Farawo, porte-parole de l'Autorité des parcs nationaux et de la gestion de la faune du Zimbabwe, souligne les efforts de lutte contre le braconnage. « Le braconnage est un problème majeur que nous avons tenté de résoudre ces dernières années. Cependant, dans le parc national Hwange, nous n'avons perdu aucun éléphant ces trois ou quatre dernières années grâce à une présence accrue », dit-il.
Selon Farawo, la sensibilisation est cruciale. « Il est essentiel d'avoir les ressources nécessaires pour garantir notre présence et pour éduquer les communautés sur l'importance de la faune. »
Le message est clair : la faune doit être considérée comme un atout précieux, nécessitant protection et respect.
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