République démocratique du Congo
Deux semaines après la tuerie de plus de 50 civils à Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), attribuée à des militaires, les familles des victimes ont pu accéder mardi à la morgue où sont entreposés des dizaines de corps, en état de décomposition avancée.
Dans des sacs mortuaires, disposés sur une bâche dans la cour de la morgue de l'hôpital militaire de Goma, les corps sont "méconnaissables", "dans un état de putréfaction très avancé", explique, bouleversé, Georges Mongi Eliba, 53 ans, après avoir cherché sa petite sœur parmi les cadavres.
Sa sœur, Fabiola, a été une des premières victimes du raid lancé dans la nuit du 29 au 30 août par des unités de l'armée contre la radio et l'église d'une secte qui avait appelé à manifester contre la présence de l'ONU en RDC. Fabiola était en train d'animer une émission lorsqu'elle a été abattue.
"C'est seulement grâce à des indices comme sa robe, son bracelet", que Georges a pu l'identifier. Pendant deux semaines, les corps se sont décomposés faute de place dans une chambre froide.
Depuis la tuerie, "nous avons essayé à maintes reprises" d'accéder aux corps, raconte de son côté Désiré Muhindo, qui a perdu son jeune frère de 28 ans. "Un des adeptes de la secte", précise-t-il, et qu'il n'a toujours pas retrouvé. Comme de nombreuses personnes venues mardi à l'appel de la justice militaire pour identifier les morts.
Un autre proche de victime déclare lui avoir pu identifier le corps de son frère quatre jours seulement après l'assaut de l'armée "en payant 10 dollars au soldat" posté à l'entrée de la morgue.
"C'était des petits arrangements individuels, officiellement nous n'étions pas autorisés à entrer", explique-t-il sous couvert d'anonymat, entouré par d'autres familles éplorées devant le grand portail blanc de la morgue.
Il affirme que son frère n'était pas un adepte de la secte mais un simple habitant du quartier, "comme beaucoup d'autres qui ont été tués ou emprisonnés".
L'auditeur supérieur militaire du Nord-Kivu, le colonel Michel Kachil, reconnait lui-même devant les journalistes, dont une équipe de l'AFP, que "les corps sont déjà décomposés". "Dans notre culture, nous respectons les morts, nous ne pouvons pas vous laisser les photographier", dit-il aux reporters.
L'identification des corps se poursuivra mercredi où des discussions à propos de la récupération des corps et de leur inhumation devraient avoir lieu.
Le procès pour crime contre l'humanité et non-respect des consignes de six militaires de la garde républicaine - dont deux officiers supérieurs -, accusés d'être responsables de la tuerie, entamera mercredi sa deuxième semaine.
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