Sénégal
Ousmane Sonko, figure de l'opposition sénégalaise, a fait écho mardi aux appels à la mobilisation contre la menace d'inéligibilité pesant sur lui pour la présidentielle de 2024 à la suite de sa condamnation.
"Ce qui s'est passé hier est une pièce de théâtre dans laquelle les rôles ont été attribués", a déclaré mardi soir l'homme politique réputé pour son tempérament fougueux lors d'une allocution vidéo. "Cela ne remet nullement en cause nos projets".
La peine de six mois de prison avec sursis prononcée lundi en appel pour diffamation et injures contre le ministre du Tourisme pourrait entraîner la radiation des listes électorales d'un candidat sérieux à la présidence, que son discours contre les élites rend populaire parmi les jeunes.
Son élimination, sujet politique dominant depuis qu'il fait l'objet de procédures judiciaires - manipulées, selon lui -, modifierait considérablement la compétition. Elle fait aussi craindre des violences de la part de ses partisans.
M. Sonko affirme que le pouvoir judiciaire est utilisé pour l'écarter de la présidentielle.
Réitérant un appel à la désobéissance civile et à la "résistance" qu'il a souvent lancé, M. Sonko a souligné être "plus que jamais candidat" à l'élection présidentielle de février 2024.
"Seul Dieu peut empêcher ma candidature [...]. Aucun être humain ne peut l'empêcher", a-t-il ajouté.
"Un seul adversaire"
M. Sonko a demandé à ses partisans de "rester debout et de se mobiliser", et en particulier de manifester massivement vendredi.
"Nous n'avons qu'un seul adversaire, celui du Sénégal, (l'actuel président) Macky Sall", a-t-il déclaré.
Son discours fait suite aux appels lancés plus tôt dans la journée de mardi par l'ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, et d'autres chefs de la coalition Yewwi à se mobiliser à l'occasion d'une marche déjà programmée vendredi, et une nouvelle annoncée le 19 mai.
Elle visent à la fois à soutenir M. Sonko et à faire barrage à un troisième mandat de l'actuel président Macky Sall.
Absent à son procès lundi, M. Sonko, 48 ans, était arrivé en troisième position lors de l'élection de 2019 face au président sortant Macky Sall, et a l'intention de se représenter l'année prochaine.
Le débat restait ouvert mardi sur la lecture des textes de loi et une perte automatique ou non par M. Sonko de ses droits électoraux après cette condamnation. Elle a été largement perçue comme scellant son sort.
Ousmane Sonko a maille à partir avec la justice depuis 2021. Il crie au complot ourdi par le chef de l'Etat pour l'écarter de la présidentielle et réaliser le dessein qui lui est prêté d'un troisième mandat.
Résonance incertaine
Ses adversaires l'accusent d'instrumentaliser la rue pour échapper à la justice.
Le sort de M. Sonko crispe la vie politique depuis deux ans, avec le flou entretenu par le président sur sa candidature à un troisième mandat controversé. Les rendez-vous de M. Sonko avec la justice sont communément l'occasion de confrontations entre ses sympathisants et les forces de l'ordre. Ses adversaires tirent argument de ces incidents et de son discours batailleur pour le présenter comme une menace pour l'équilibre du pays, rare îlot de stabilité dans une région troublée.
En 2021, son interpellation sur le chemin du tribunal pour une affaire de viols présumés avait contribué à déclencher plusieurs jours d'émeutes, qui avaient fait au moins une douzaine de morts.
Le procès de M. Sonko dans cette affaire de viols est prévu le 16 mai. Il a annoncé dimanche qu'il ne répondrait plus aux convocations des juges.
Déthié Fall, une autre figure de Yewwi, a appelé à marcher le 19 mai contre une "campagne de liquidation d'Ousmane Sonko".
La nouvelle de la condamnation de M. Sonko a causé des troubles sporadiques à Dakar et en province. Cependant, les appels à manifester de l'opposition ont eu un écho limité récemment.
Les autorités ont interdit de nombreux rassemblements et déployé des dispositifs policiers significatifs. Après des victoires communes en 2022 aux élections locales et parlementaires, des signes de discorde sont apparus ces derniers jours au sein de Yewwi.
Le porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, a dit à des journalistes ne pas voir pourquoi les prochaines marches seraient interdites "s'il n'y a pas de risque de troubles à l'ordre public", tout en insistant sur la "responsabilité" des autorités de maintenir l'ordre. Il a réfuté toute instrumentalisation de la justice contre M. Sonko: "Un justiciable, c'est un justiciable, qu'il soit opposant, qu'il soit du pouvoir, qu'il soit ministre".
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