Qatar
Depuis un mois que les rebelles tchadiens et le gouvernement militaire ont entamé des pourparlers au Qatar, les deux parties prient souvent ensemble mais refusent de se retrouver à la table des négociations.
Avec plus de 250 opposants et représentants du gouvernement de cette nation du centre de l'Afrique, située au cœur d'une région instable, logés dans deux hôtels de luxe à Doha, l'émirat du Golfe paie une facture de plus en plus lourde pour sa laborieuse médiation.
Lancés le 13 mars, ces pourparlers doivent préparer un dialogue de réconciliation nationale censé s'ouvrir en mai, mais de nombreux diplomates doutent que les délais soient respectés.
Selon le ministre des Affaires étrangères du Conseil militaire de transition (CMT) du Tchad, Mahamat Zene Cherif, les parties rivales attendent dans une atmosphère "cordiale". "Nous avons des échanges. Nous discutons de nos problèmes", a-t-il déclaré à l'AFP.
Le ministre se montre optimiste quant à la conclusion d'un accord au Qatar, afin que les négociations puissent se poursuivre au niveau national. "Je ne peux pas dire qui le signera mais le dialogue se poursuivra", ajoute-t-il.
Gestion du pays
Mahamat Zene Cherif a été vu dans une mosquée aux côtés de membres du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT), groupe rebelle qui a mené l'assaut au cours duquel le dirigeant historique du pays, Idriss Déby Itno, a été tué il y a un an. "Il n'y a pas de problèmes d'ordre personnel, il s'agit de la gestion du pays", explique Issa Ahmet, porte-parole du FACT, qui participe aux prières.
Le jour de l'annonce de la mort d'Idriss Déby Itno le 20 avril 2021, son fils, le général Mahamat Idriss Déby Itno, a pris le pouvoir à la tête du CMT, composé de 15 généraux. Il a dissous parlement et gouvernement et abrogé la Constitution, mais promis des "élections libres et démocratiques" dans un délai de 18 mois renouvelable une fois, après un "dialogue national inclusif", plusieurs fois reporté.
Depuis leurs chambres d'hôtel, les groupes rivaux attendent de voir se dessiner le plan du médiateur qatari Mutlaq Al-Qahtani, un vétéran ayant eu pour mission de faire dialoguer les talibans et les États-Unis, entre autres. Mais avec plus de 50 groupes allant des rebelles purs et durs basés dans des camps isolés aux militants politiques non armés, l'opposition est surchargée et les rivalités personnelles et politiques compliquent la tâche d'Al-Qahtani.
Garanties de sécurité
"La différence entre les mouvements en terme d'action - les militaires et les politiques plus classiques - font qu'il est difficile de rapprocher les points de vue car les demandes ne sont pas les mêmes", explique Benjamin Augé, spécialiste de l'Afrique à l'Institut français des relations internationales.
Ils ont tout de même en commun de refuser d'échanger directement avec le gouvernement. Et de nombreux représentants ont déclaré à l'AFP qu'ils voulaient des garanties pour leur sécurité s'ils retournent à N'Djamena pour le dialogue national. Ils exigent également que Mahamat Déby s'engage à ne pas se présenter aux élections.
Al-Qahtani a cherché à réduire le nombre de participants tout en préparant une synthèse de leurs demandes. Rien n'indique quand son rapport sera prêt. Le gouvernement et l'opposition disent qu'ils attendront mais l'Union africaine, les Nations unies et d'autres États africains veulent des avancées.
"Le Tchad est un pays pivot, frontalier de zones et pays déjà dans une situation de fragilité", rappelle Augé, soulignant les conflits internes ou contre Boko Haram et ses groupes affiliés au Nigeria, en Libye et au Soudan voisins. La France, ancienne puissance coloniale, et les Etats-Unis suivent aussi la situation de près.
Prise de pouvoir
Robert Menendez, président de la commission des affaires étrangères du Sénat américain, a critiqué la décision de son pays de ne pas qualifier la prise de pouvoir de Déby de "coup d'État". Dans une lettre adressée à l'administration américaine, il estime que le "refus" de ce dernier de s'exclure des futures élections pourrait "nuire gravement aux efforts de transition vers la démocratie et un régime civil non seulement au Tchad, mais aussi au Mali, en Guinée, au Burkina Faso et au Soudan".
La suite est incertaine pour les acteurs présents au Qatar. "Il est possible que le dialogue national soit repoussé mais, pour le moment, les autorités tchadiennes maintiennent la date afin de ne pas parasiter les discussions, déjà difficiles, à Doha", conclut Augé.
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