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Mali : les "fake news" gagnent du terrain au Sahel

Des manifestants brandissent des pancartes lors d'une manifestation de masse à Bamako, le 14 janvier 2022.   -  
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FLORENT VERGNES/AFP or licensors

Mali

Le Sahel, région en proie à l’instabilité politique et sécuritaire est devenu un terrain propice à la circulation des fake news. La redistribution des cartes sur le plan diplomatique renforce la tendance, notamment au Mali.

"On avait un moment donné, connu une accalmie dans la fabrication et la circulation des fake news, mais avec les nouveaux enjeux géostratégiques, notamment les situations difficiles entre le Mali et ses anciens partenaires et la probable arrivée du groupe Wagner russe, il y a beaucoup, beaucoup de fake news qui circulent aujourd’hui.", a déclaré Abdoulaye Guindo, coordinateur de Benéré, une plateforme qui traque les fausses nouvelles au Mali.

Une désinformation alimentée par la crise entre la junte au pouvoir au Mali et la CEDEAO, mais aussi entre Bamako et Paris. Fausses annonces de rupture de relations diplomatiques entre les deux capitales sur fond de trafique de communiqués à en-tête gouvernemental, alors que d’anciennes vidéos sont recyclées pour illustrer une solidarité ouest-africaine contre la CEDEAO. Rien n’est laissé au hasard pour désinformer la population.

" Une vidéo a circulé sur les groupes WhatsApp au Mali, les pages Facebook maliennes, montrant des manifestants au Burkina qui soutenaient les sanctions contre la CEDEAO. C’est une vidéo qui date de 2014 et c’est une manifestation qui s’est réellement passée au Burkina, mais c’étaient les manifestations qui ont conduit à la chute de l’ancien président Blaise Compaoré. Donc ces vidéos n’ont rien à avoir avec des manifestations qui ont lieu en janvier 2022.", explique le coordinateur de Bénéré.

Des vidéos qui reprennent les normes de médias internationaux et sont souvent bien élaborées afin de passer comme lettre à la poste. Photo détournée, vidéo hors contexte, la désinformation n’est pas sans conséquence.

" L’impact, il peut être de deux ordres, en tout cas ce qu’on observe, le premier ordre, c’est surtout l’utilisateur des réseaux sociaux à l’exemple de Facebook ou justement, il y a une opinion qui est en train de se forger sur la base de ces informations qui sont là très souvent en décalage avec la réalité où souvent qui consiste à déformer les faits pour donner une certaine orientation.'', explique Baba Dakono, secrétaire exécutif de l'Observatoire des citoyens sur la gouvernance et la sécurité.

Le second aspect, qui est beaucoup plus sournois et dangereux, ajoute-t-il, c’est aujourd’hui la diffusion de ces informations via des réseaux comme WhatsApp, qui a une forte pénétration au niveau des populations rurales, qui ont une faible capacité de vérification de l’information. C’est très dangereux parce qu’on pourrait se retrouver dans des situations regrettables où des personnes sont prises à partie, où des personnes sont lynchées sur la base d’informations qui ne sont tout simplement pas vraies."

Fin 2020, Facebook avait supprimé trois réseaux de "trolls" gérés depuis la Russie et la France sur l'actualité africaine, dont un avait des liens avec des personnes associées à l'armée française. Paris avait affirmé ne "pas être en mesure d'attribuer d'éventuelles responsabilités".

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