Soudan
Des habitants d'une ville soudanaise, située entre le Soudan et la région éthiopienne du Tigré, ont assuré lundi avoir vu des corps flotter sur une rivière coulant à la frontière entre les deux pays. La rivière - connue au Soudan sous le nom de Setit et en Ethiopie comme Tekeze -, charrie des corps depuis samedi selon des habitants de Wad al-Hilou, dans l'Etat de Kassala, dans l'est du Soudan.
"Les corps que j'ai vus aujourd'hui (lundi) portaient des blessures et avaient les mains liées", a déclaré à l'AFP un témoin joint par téléphone. Un autre témoin a déclaré avoir vu des corps gisant sur les rives du Setit, assurant qu'il s'agit d'Ethiopiens fuyant les combats au Tigré, où le gouvernement d'Addis Abeba a envoyé l'armée en novembre 2020 contre les forces pro-Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).
Tefera Tewodoros, un médecin éthiopien travaillant au centre de transit pour réfugiés de la ville frontalière de Hamdayit au Soudan, a déclaré avoir vu lundi neuf corps d'hommes et de femmes près de la rivière. "Nous avons également vu 28 corps samedi et dimanche à Wad al-Hilou, pour la plupart des hommes touchés par des coups de feu à différents endroits du corps", a-t-il ajouté. Selon ce médecin éthiopien, les corps ont été trouvés en aval de Humera, où les autorités et les combattants alliés de la région éthiopienne d'Amhara ont été accusés par les réfugiés d'avoir chassé les Tigréens locaux pendant la guerre tout en affirmant que le Tigré occidental est leur terre.
"Nous nous occupons actuellement des corps repérés par les pêcheurs. Je soupçonne qu'il y a plus de corps sur la rivière", a déclaré Tefara Tewodoros. Bien qu'il soit difficile d'identifier les corps, l'un d'entre eux avait un nom commun dans la langue du Tigré, le tigrinya, tatoué sur son bras, a déclaré le chirurgien. Selon un autre médecin, certains des cadavres avaient des marques faciales indiquant qu'ils étaient d'origine tigréenne. "J'ai vu beaucoup de choses barbares. \_Certains avaient été frappés par une hache"_. Lundi, le gouvernement éthiopien a assuré sur Twitter que toute information concernant un massacre à Humera était "fausse" et propagée par des "propagandistes" qui "utilisent des images falsifiées".
Aide humanitaire
Samantha Power, administratrice de l'Agence américaine pour le développement international, a visité lundi un camp de réfugiés au Soudan accueillant des milliers d'Éthiopiens qui ont fui la guerre du Tigré. Elle se rendra ensuite en Éthiopie pour faire pression sur le gouvernement afin qu'il autorise l'aide humanitaire au Tigré, une région de quelque six millions d'habitants où se déroule la pire crise alimentaire de la décennie. Selon les États-Unis, près de 900 000 personnes sont confrontées à la famine.
L'agence alimentaire des Nations unies a déclaré qu'elle s'efforçait de fournir de la nourriture au Tigré en passant par le Soudan, malgré les relations tendues entre Khartoum et Addis-Abeba. Les négociations pour accéder à la région bloquée du Tigré se sont avérées assez difficiles, a déclaré Marianne Ward, directrice adjointe du Programme alimentaire mondial au Soudan. Elle a précisé que le PAM avait déjà acheminé 50 000 tonnes de blé vers l'Éthiopie en passant par le Soudan.
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