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Des moines du Sénégal rendent grâce à Dieu au son de la kora

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CARMEN ABD ALI/AFP or licensors

Sénégal

Lorsque les bras se tendent vers le ciel et que s'élèvent les chants liturgiques, les moines de l'abbaye de Keur Moussa, au Sénégal, ont l'habitude de faire vibrer les cordes de leurs koras, une harpe africaine dont ils ont contribué à asseoir la notoriété internationale.

C'est l'heure de la none, l'office de l'après-midi dans ce havre de 25 hectares, à l'est de la capitale Dakar, où poussent arbres fruitiers et plantes médicinales.

Quelques dizaines de moines célèbrent l'office dans leur église bâtie au milieu des années 1960, au sein d'un monastère fondé peu avant par l'abbaye bénédictine de Solesmes, en France.

Comme ils le font sept fois par jour, sous des peintures murales de la Nativité et de la Passion où le Christ et ses compagnons sont représentés en Africains noirs, ils rendent grâce à Dieu accompagnés de deux koras, harpe-luth de la tradition mandingue de l'Afrique de l'Ouest.

"C'est un instrument qui permet à la parole de Dieu de s'épanouir. Ce n'est pas un instrument qui écrase, c'est un instrument qui aide à la prière", dit à l'AFP Olivier-Marie Sarr, la quarantaine souriante, élu abbé de l'abbaye bénédictine en janvier 2019.

"La kora est comme un pont. Elle nous aide à dépasser quelque chose, à élever l'âme, elle aide à unir les coeurs, à unir les voix", ajoute le père Olivier.

Source de revenus

Avec ses 21 cordes pincées et sa caisse de résonance faite d'une demie calebasse, la grande harpe africaine à l'étonnante plénitude sonore et à la richesse mélodique et harmonique rare est de longue date l'instrument préféré des griots, les conteurs d'histoires.

Lors de la fondation en 1963 de l'abbaye, les bénédictins, séduits, ont jugé que la kora pourrait remplacer l'orgue pour accompagner les chants grégoriens.

Depuis, la réputation des chants de moines de Keur Moussa (la Maison de Moïse, en langue locale wolof), dont les enregistrements sont disponibles en ligne sur les grands serveurs musicaux, a dépassé les frontières du Sénégal.

Les 40 ou 50 koras produites chaque année par deux moines luthiers de l'abbaye, aidés d'un laïc, ont les faveurs des musiciens professionnels, au-delà du monde catholique.

On trouve ces koras "sur tous les continents", principalement en Afrique et en Europe, souligne avec fierté le frère Marie-Firmin dans son petit atelier garni d'instruments à demi-achevés, d'outils de menuiserie et d'images pieuses. La kora fait partie de la liturgie, souligne-t-il.

Avec les modèles haut de gamme tarifés à 1 000 euros, la fabrication de koras constitue un revenu important. Elle représente le tiers des ressources de l'abbaye, qui produit également du fromage de chèvre, des confitures et des jus de fruits.

Harmonie

Les 35 moines vivant actuellement à l'abbaye du Coeur-Immaculé de la Bienheureuse-Vierge-Marie, le nom complet de l'institution, sont Sénégalais pour la plupart. Ils sont issus de la petite minorité catholique, qui cohabite pacifiquement avec les 95% de leurs compatriotes de confession musulmane.

D'autres viennent d'autres pays d'Afrique francophone comme la Guinée, le Togo, le Bénin, le Cameroun et le Gabon.

"La vie monastique est un appel", dit le frère Bernard, un Camerounais qui a étudié à Rome pendant des années.

"Il y a des bulletins de liaison, des revues qui circulent entre monastères. C'est à travers ces revues, à travers la musique, que j'ai eu le désir de venir" à Keur Moussa, dit-il sur un ton doux.

"Quand on parle de Keur Moussa, on fait référence à cette kora qui, depuis 05H00 du matin jusqu'à 21H00 nous accompagne. C'est très beau. C'est une richesse culturelle dont nous avons hérité, qui devient un patrimoine", dit le père Olivier.

"Elle nous permet de construire une certaine harmonie entre nous, et une harmonie avec Dieu également", ajoute l'abbé de Keur Moussa.

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