Inspire middle east
Dans son rapport sur les perspectives de l’économie mondiale le Fonds monétaire international prévoit une baisse de croissance de 6.6% pour cette année pour les Emirats arabes unis et une reprise prévue pour 2021. Alors que le prix du pétrole fluctue et que la pandémie a durement frappé les Emirats, Abu Dhabi reste engagé en faveur de sa croissance économique et de ses plans de diversification. Le mois dernier, l’agence Fitch réaffirmait la note de AA, évoquant des perspectives stables. Parmi elles le tourisme, l’immobilier et le commerce de détail seraient moins affectés que dans les pays voisins.
Le bureau d’investissements d’Abu Dhabi explique qu’il est engagé dans la croissance et la diversification de l’économie à travers le secteur privé et en continuant bien sûr à encourager les investissements. Comment ? Grâce au la situation stratégique des Emirats arabes unis entre l’Orient et l’Occident ainsi que son positionnement sur les indices mondiaux de compétitivité et d’innovation.
Pour favoriser l’innovation, le Hub 71 et ADIO ont été créés. Le premier est une base technologique internationale à Abou Dabi, le second investit dans des domaines comme la technologie agricole en donnant du cash à des entreprises AgTech qui veulent se relocaliser ou se développer à Abu Dhabi.
L’entreprise Pure Harvest a profité de l’investissement d’ADIO, au travers de serres hors sol de haute technologie à température contrôlée. Elles sont situées en dehors de la ville et permettre de cultiver toute l’année dans le désert.
"L'investissement financier d’ADIO nous aide de manière significative : il nous permet d’ajouter de la technologie ici à Al Ain. Il nous aide à mettre en place une technologie moderne de réacteur à algues grâce à laquelle nous pouvons exporter dans le monde entier depuis les Emirat arabes unis. Et dernière chose mais pas des moindres, cela nous permet de faire appel à des profils techniques pour accélérer notre développement technologique et notre feuille de route", explique Sky Kurtz, PDG et co-fondateur de Pure Harvest.
A plus large échelle et en harmonie avec la vision économique d’Abu Dhabi pour 2030, la capitale a investi massivement depuis plus de 15 ans dans des secteurs comme la fabrication, la logistique, les services financiers et l’aérospatial. ADIO s’attelle aussi nouer des liens bilatéraux et à ouvrir des bureaux dans le monde pour soutenir des entreprises qui cherchent à s’établir et à accroître leur business dans la capitale.
Le premier d’entre eux est à Tel Aviv. Son objectif est de renforcer les liens entre des entreprises innovantes en Israël et à Abou Dabi.
"Abou Dabi est conscient de la valeur des PME"
L’économiste Tariq Bin Hendi formé aux Emirats, aux Etats-Unis et à Londres travaille au développement de l’économie d’Abou Dabi avec une vision avant-gardiste. Ancien directeur de la banque NBD, il fait tout pour attirer les investissements étrangers. L’une de ses missions principales est d’investir dans des PME et des startups pour créer un écosystème viable pour Abu Dhabi.
Daleen Hassan : Ghadan21 est un accélérateur de croissance doté de 13 milliards de dollars. Son objectif est de stimuler l’innovation et de rendre autonomes les PME. Quel impact avez-vous jusqu’à présent, en particulier en ces temps difficiles ?
Tariq Bin Hendi : Les PME sont des composantes vitales de tout économie. Abou Dabi est conscient de la valeur qu’elles apportent à notre économie. Et donc Ghadan21 a dû être à la fois réactif et pro-actif. Personne n’a de boule de cristal pour savoir quand la pandémie sera terminée. Mais ce que nous avons pour nous c’est l’agilité, et notre engagement pour la croissance du secteur des PME, à travers les établissements phares créés par Abou Dabi, par le biais de grandes entités liées au gouvernement, les fonds souverains, le secteur privé et avec le soutien de Ghadan à ces PME pour les aider à prospérer. C’est cet équilibre que nous regardons.
DH : Comment investir dans la technologie peut-il avoir un impact dans des domaines comme l’agriculture pour faire progresser ces industries ?
TBH : Chaque entreprise est une entreprise technologique ou doit le devenir. Nos programmes ont été développés pour aider ces entreprises pivot. Parce qu’ aujourd’ hui ce que nous voyons avec les entreprises, c’est que si elles ne s’adaptent pas à la technologie, elles sont à la traîne. Donc nous fournissons ces incitations financières, nous fournissons l’accès et nous fournissons la croissance. Nous travaillons aussi à nos sociétés sœurs à travers Abu Dhabi pour nous assurer que nous recherchons des capitaux propres, des opportunités car en fin de compte il s’agit d’opportunités.
Récemment nous avons annoncé avoir investi dans 3 entreprises très intéressantes en lien avec l’agriculture technologique que nous soutenons. L’une d’elles s’intéresse à l’agriculture technologique dans l’espace. La première veut voir comment elle cherche à développer des technologies pour aider l’agriculture à prospérer dans l’espace, en lien avec le programme spatial des Emirats arabes unis.
Nous croyons que si nous pouvons cultiver dans l’espace alors le désert pourrait aussi devenir une terre de culture. C’est l’un des aspects prometteurs que nous regardons en lien avec l’innovation, la technologie, le transfert de savoirs et finalement de la prise de risque pour trouver des solutions profitables pour tous.
DH : Quelles politique ADIO a-t’elle mise en place pour attirer plus d’investissements direct étranger comme celui d’Israël où vous projetez d’ouvrir bientôt un bureau ?
TBH : Notre approche est celle d’un partenariat longue durée. Ce n’est pas important pour nous de simplement attirer n’importe quelle entreprise. Nous voulons des entreprises qui s’installent et qui soient partie prenante de notre croissance à Abu Dhabi. Elles vont créer des opportunités d’emplois. Elles vont mener des changements technologiques. Elles vont nous aider avec la politique.
Nous voulons que ce soit une relation très proactive et nous voulons que cette relation soit forte. L’investissement direct étranger est important pour nous, mais nous avons des outils financiers qui nous permettent d’être sûr que ces investissements sont solides et sur le long terme.
Notre annonce récente sur Israël en terme de transfert de technologie, en terme d’opportunités de croissance existantes et qu’ils ont pu accomplir dans le domaine de l’agriculture technologique par exemple, versus ce que nous avons accompli dans le domaine de l’hospitalité, nous voyons cela comme un échange donnant-donnant
DH : De nouvelles résolutions visant à alléger les restrictions pour les investisseurs étrangers ont été émise en mars dernier et l’incertitude demeure. Pouvez-vous décrire l’impact et la mise en oeuvre de ces mesures ?
TBH : Il s’agit d’un ajustement au niveau fédéral. Ce que nous avons constaté au niveau local, nous l’avons adopté et maintenant nous le développons. Nous regardons comment rendre les choses encore plus simples au niveau fédéral dans 100 secteurs pour ensuite l’appliquer au niveau local. Vous allez constater bientôt de plus en plus ces changements réglementaires. Si ce n’est pas clair il faut nous le faire savoir pour que nous soyons sûr que ça le devienne.
Et nous n’allons pas seulement clarifier la situation mais nous assurer que les opportunités pour chaque secteur, récemment annoncées, sont bien connues de tous. Le message que je peux transmettre c’est de continuer à nous faire part de vos commentaires et critiques. Nous essayons de remédier à l’incertitude à travers ces efforts collectifs entre le secteur public et le secteur privé. C’est très simple. Ce sera un guichet unique. Vous voulez investir un dollar à Abu Dhabi. Nous vous donnerons la possibilité de le faire et nous vous soutiendrons dans tout le processus et dans le partenariat que vous créerez avec nous.
Investir en Arabie Saoudite
Si vous possédez des fonds, investir en ce moment pourrait vous offrir un bon rendement. Rosie Lyse-Thompson évalue les risques et les avantages du fonds souverain d’Arabie Saoudite, lui qui achète d’importantes participations dans des entreprises mondiales, en ces temps incertains. Cette année, le fonds souverain d’Arabie Saoudite appelé aussi le Fonds public d’investissement, a profité de la fluctuation des prix sur les marchés boursiers mondiaux. Il est estimé autour de 300 milliards de dollars.
Au début de la pandémie, Yasir Al Rumayyan, le directeur du Fond Public d’investissement, décrivait la stratégie du fonds comme une manière de ne pas passer à côté de la crise et de saisir des opportunités dans la finance, la technologie et le domaine du divertissement. Y compris en prenant des parts dans le croisiériste Carnival.
Adeel Malik de l’Université d’Oxford émet quelques réserves et se demande si les habitudes de dépenses du fonds public d’investissement résultent d’intérêts nationaux souverains ou d’intérêts personnels du prince héritier.
"J’ai le sentiment qu’il pourrait s’agir d’une influence venue d’en haut. Par exemple, Mohamed bin Salman a des intérêts qui pourraient compromettre le processus d’investissement, comme celui dans un paquebot de croisière. Cet investissement fait douter qu’il s’agisse de la décision du Fond public d’investissement, mais penser qu’elle pourrait été avoir influencée par la famille royale. Et c’est préoccupant car il faut un comité d’investissement totalement indépendant", explique Adeel Malik.
Le fond public d’investissement ambitionne d’être selon ses mots « l’un des plus grands fonds souverains du monde ». Pour y parvenir certains experts estiment que le Fonds va opérer un changement de taille.
Bernardo Bortolotti, économiste et professeur à l’université d’Abu Dhabi pense que le fonds souverain ne cherchera pas qu’à investir au niveau mondial dans les 10 prochaines années. "Très récemment le Fonds public d’investissement a annoncé un changement significatif dans le rééquilibrage de sa stratégie avec une attention à l’économie locale. Un plan d’investissement à grand échelle a été annoncé. Le plan inclura plusieurs projets commerciaux simplement l’idée et l’objectif de développer l’économie pour créer des emplois et des opportunités pour le peuple saoudien", explique Bernardo Bortolotti.
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