Tunisie
Il fut un temps où seuls des jeunes chômeurs partaient des plages du nord de la Tunisie pour rallier la Sicile. Maintenant des familles entières prennent la mer dans l’espoir d’un avenir meilleur.
Depuis le début de l'année, près de 10 000 Tunisiens ont tenté l'aventure malgré de maigres chances d'obtenir l'asile.
Tarek Aloui, résident de Ras Jebel, a tenté dix fois de rejoindre l'Italie depuis 2014. "Mon fils a un mois et demi et si je peux émigrer maintenant, j'irai chercher un vie meilleure. Je vous assure que je partirais tout de suite, même si je sais à l'avance que je peux mourir. Mais je n'ai pas assez d'argent pour payer le voyage. Tous les Tunisiens, hommes, femmes et même enfants, veulent quitter le pays".
Les candidats à l'émigration sont nombreux à faire la traversée des 130 km sur des petits bateaux à moteurs, parfois volés à des pêcheurs. Comme le confirme Mohamed Taweb : "Nous les avons vus plusieurs fois sur les caméras de surveillance. La police portuaire et les propriétaires contrôlent les bateaux tous les soirs. Des bateaux à moteurs sont souvent volés. Les propriétaires demandent des prêts bancaires pour acheter ces petits bateaux. Et beau un matin, ils découvrent que les bateaux ne sont plus là. L’Etat doit résoudre ce problème."
Plus grand groupe de migrants
Alors que les Tunisiens sont de loin le plus grand groupe de migrants en 2020, les 23 517 migrants présents en Italie cette année ne représentent qu'une fraction des quelque 120 000 personnes sauvées en mer et amenées en Italie en 2017, ou des plus de 181 000 personnes arrivées l'année de pointe, 2016.
Selon Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum Tunisien des droits économiques et sociaux, l'émigration n'est toutefois plus limitée à ceux qui ont abandonné l'école, aux chômeurs et aux personnes sans instruction. "Parmi ceux qui partent, nous voyons maintenant des titulaires de diplômes universitaires, et même des personnes avec un emploi. Les familles qui s'opposaient auparavant à l'émigration de leurs enfants, participent maintenant indirectement en ne faisant pas objection à l’émigration. Parfois même elles contribuent ou financent l'émigration de leurs enfants".
En 2020, entre 150 et 200 familles sont parties clandestinement. Leur arrivée sur les côtes italiennes a mis à rude épreuve la capacité d'accueil en pleine pandémie de coronavirus.
La ministre italienne de l'intérieur Luciana Lamorgese s'est rendue à Tunis à deux reprises depuis juillet pour négocier avec le nouveau gouvernement sur la nécessité d'endiguer le flux, notamment avec des offres d'assistance de l'Italie pour mieux patrouiller les côtes.
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