Inspire middle east
Cette semaine Inspire Middle East a rencontré Sara Al Madani, une femme d’affaire émiratie pionnière, qui encourage les jeunes à lancer leur entreprise, même en période de récession. Nous avons également rencontré les médecins du Moyen-Orient venus prêter main forte à leurs collègues européens, pour lutter contre le Covid-19.
La pénurie de personnel médical, pour faire face à la pandémie de nouveau coronavirus, a conduit de nombreux pays européens à se tourner vers leurs communautés de migrants.
En France, des médecins émiratis bénéficiant de bourses d‘études ont par exemple refusé le rapatriement dans leur pays. Certains, comme le Dr Mohamad El Falasi, sont restés pour aider leurs collègues durant cette période troublée.
Lorsque le président Emmanuel Macron a demandé les nationalités d’une équipe du CHU de Marseille, le moment est devenu viral et à montré la grande diversité du milieu médical : de nombreux soignants ont déclaré venir du Liban, du Sénégal et d’ailleurs.
Toutefois, les expatriés ne sont pas les seuls à mettre leur vie en danger pour aider les autres. Certains réfugiés ont également choisi de faire du bénévolat.
Mohamed Saleh est l’un d’entre eux. Il était en formation pour devenir chirurgien en Libye, avant que la guerre ne le force à chercher l’asile en France. Lorsque la crise du Covid-19 a commencé, il s’est immédiatement inscrit sur la liste d’urgence et a été envoyé en Guyane comme assistant.
“J’essaie de me protéger autant que possible, mais si j’attrape le COVID, c’est que c’est mon destin, estime Mohamed Saleh. Je ne peux pas le changer. Mais au moins, j’essaie de sauver la vie de certaines personnes, celles qui ont le plus besoin de moi. Leur vie pourrait être bénéfique à la société.”
De l’autre côté de la Manche, à Southampton (Royaume-Uni), le Dr Hamad Hawama travaille à l’hôpital universitaire. Selon ce Syrien, son expérience de la guerre et de la migration l’a aidée à se préparer à l‘épidémie. : “Le soutien que j’ai reçu, ici au Royaume-Uni, m’a toujours poussé à faire des choses et à donner en retour à la communauté. C’est pourquoi je suis toujours fier de me rendre utile et d’aider les gens qui ont besoin de soutien”, raconte le Dr. Hamad Hawama.
Dans toute l’Europe, la conversion d’une licence médicale est un processus long, bureaucratique et coûteux. Il a par exemple fallu quatre ans à Hamad Hawama pour obtenir les qualifications nécessaires pour exercer comme médecin au Royaume-Uni. Quant à Mohamed Saleh, sur le front en Guyane depuis plusieurs mois, il attend toujours de recevoir sa licence des autorités françaises.
L’association RefuAid a pour objectif d’aider tous ces professionnels médicaux réfugiés à retrouver un emploi. Selon Anna Jones, co-fondatrice de l’association, les pays européens doivent en faire d’avantage. “En raison du COVID 19, les examens de requalification médicale ont été annulés, ce qui signifie que des centaines de médecins sont incapables d’obtenir leur certificat pour retourner au travail, se désole Anna Jones. Donc, ce que nous demandons comme alternative, c’est de donner aux gens la possibilité de travailler comme assistant médical et d‘être évalués sur le lieu de travail après six mois, sous la forme d’une évaluation clinique plutôt que d’un examen.”
Originaire d’Irak, Hasham Al-Meshhedani est arrivé au Pays de Galles à l’âge de trois ans. Pour ce spécialiste des soins intensifs à l’Hôpital Morriston, les réfugiés peuvent apporter de nombreux bénéfices à la communauté : “Les personnes qui ont traversé de nombreuses épreuves ont une éthique de travail, ils n’ont pas peur de travailler dur et de faire leurs preuves. Et si on leur donne leur chance, ils la saisissent. Ce serait dommage de ne pas profiter de gens comme ça, et il faut leur faciliter la tâche pour qu’ils puissent venir.”
Les réfugiés et les migrants travaillent main dans la main avec leurs collègues européens pour lutter contre COVID 19. Une famille internationale de professionnels de la santé, qui sauve courageusement la vie de patients sur tout le Vieux continent.
Sara Al Madani, une entrepreneuse émiratie anticonformiste
Dès son plus jeune âge, son Excellence, le Dr Sara Al Madani, a été convaincue que ses idées pouvaient rapporter gros. “J’ai lancé ma première entreprise à l‘âge de 15 ans avec seulement 20 000 dirhams[soit environ 5000 euros]. Depuis, je suis financièrement indépendante et je ne suis jamais retournée vivre chez mes parents”, raconte la jeune femme d’affaire.
Depuis cette expérience, Sara a touché à de nombreux domaines, comme l’alimentation, la mode ou la technologie. Et malgré ces temps troublés, elle conseille aux entrepreneurs de la région Moyen-Orient de se lancer, car une récession mondiale est, selon elle, le moment idéal pour faire le grand saut.
Sara a mis en application on propre conseil. Alors qu’elle était confinée avec sa famille, elle a lancé une entreprise appelée ‘Hala-hi’ : “C’est une plateforme qui permet aux fans de se connecter à leurs célébrités préférées pour leur demander des messages personnalisés. C’est amusant, c’est la première plateforme du genre dans la région et nous sommes très, très enthousiastes.”
La jeune femme se décrit comme une rebelle, qui aime prendre des risques, mais avec toujours beaucoup d’ambition et de positivité. En plus d’être conférencière et formatrice, elle est devenue, à tout juste 26 ans, le plus jeune membre du conseil d’administration de la Chambre de commerce de Sharjah, et du Conseil des PME des Émirats au sein du ministère de l‘Économie.
Lorsqu’elle coach les autres, Sara Al Madani fait preuve d’une grande honnêteté quant aux défis qu’elle a rencontrés sur son chemin vers le succès. Comme en 2013, lorsqu’une entreprise lancée avec un ami a fait faillite.
“Je me suis réveillée un jour avec un appel téléphonique de la police m’informant que mes chèques avaient été refusés, raconte la jeune entrepreneuse. J‘étais littéralement en faillite, je n’avais plus d’argent sur mon compte bancaire, et pourtant j’avais plus de 100 employés et 4 agences à gérer. Je me suis alors concentrée sur la façon dont ça avait mal tourné, et comment j’avais contribué à cet échec. C’est ainsi que l’on apprend de ses erreurs.”
L‘échec est parfois un mot tabou dans le milieu des affaires, et dans certaines cultures. Toutefois, Sara Al Madani n’a pas peur de l’utiliser et de parler de ses expériences négatives.
Pour la jeune femme, enfin, il n’existe aucun obstacle pour les femmes d’affaires au Moyen-Orient, et les discriminations de genre ne sont pas une excuse : “Je ne comprends pas pourquoi les gens parlent encore de ce sujet aujourd’hui. Pour moi, nous sommes tous égaux. Il n’y a pas de genre, nous sommes juste des humains et je ne crois pas que les femmes et les hommes soient en compétition, je pense qu’ils se complètent. Je connais des femmes qui peuvent réparer des voitures mieux que les hommes et je connais des hommes qui peuvent colorer, coiffer et maquiller mieux que les femmes. Alors, ne vous enfermez pas mentalement en pensant qu’il y a une ségrégation dans tout”.
Avec son expérience, Sara Al Madani espère inspirer les futures générations, et encourager les femmes et les hommes à s’entraider sur le chemin.
La difficulté d’une langue des signes arabe unifiée
Selon la Fédération mondiale des sourds ou WFD, on compte environ 72 millions de personnes sourdes dans le monde, qui utilisent plus de 300 langues des signes différentes.
En 2018, les Émirats Arabes Unis ont lancé leur premier dictionnaire de langue des signes. Mais ils ont été confrontés à plusieurs défis, comme un “vocabulaire des signes” limité, ou encore, les nombreuses variantes de la langue des signes émiratie.
“Les personnes sourdes vivent dans tout le pays et pratiquent différents dialectes des signes. Donc pour développer un langage unifié, nous avons collecté des informations auprès de 100 personnes, de 60 régions différentes”, explique Salma Al Tamimi, la directrice du programme.
L‘équipe a ainsi inventé des signes spécifiques pour la coiffe d’un homme, appelée ghutra, pour le henné ou le parfum de oud, dans un dictionnaire d’environ 5000 mots.
Le premier dictionnaire de la langue des signes arabe unifiée a été publié en 2001, sous l’impulsion de gouvernements et d’organisations – qui entendent normaliser la langue dans toute la région, pour améliorer l‘éducation et la programmation télévisuelle.
Pourtant, il n’a pas trouvé d‘écho auprès de toutes les personnes malentendantes de la région, comme l’explique Bader Alomaru, directeur de la commission handicap au ministère saoudien du Travail : “La langue des signes arabe unifiée est un système artificiel, créé par un comité qui exclut les langues des signes indigènes du Moyen-Orient. Nous avons plutôt besoin d’une accessibilité linguistique et de ressources éducatives appropriées afin de renforcer les communautés de sourds et de malentendants.”
La langue et l‘éducation sont définies comme un droit de l’Homme, par les Nations unies. Pourtant, jusqu‘à 80 % des personnes sourdes dans le monde ne reçoivent aucune formation, selon la DCE.
Avec les bons outils tels que les sous-titres, les vidéos et les interprètes, les personnes sourdes pourraient toutefois entrer plus massivement sur le marché du travail mondial, comme le montre l’exemple de Mohammad Obiedat.
Originaire de Jordanie, il a perdu l’ouïe subitement, à l’âge de 15 ans. Sans interprète, il a travaillé deux fois plus dur que ses camarades entendants, et a obtenu deux doctorats.
“J’allais toujours à la bibliothèque, je ramenais des livres à la maison et j‘étudiais pendant des heures, raconte Mohammad en langue des signes. Je suis sourd dans un monde d’entendants, j’ai donc réalisé que si je voulais avoir une bonne vie, alors ma meilleure option était d’avoir une bonne formation”
Son travail a porté ses fruits et Mohammed enseigne désormais les mathématiques et les sciences en langue des signes à l’Université de Gallaudet, à Washington DC. Une particularité qui, beaucoup l’espère, deviendra un jour la norme dans le monde de l’éducation.
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