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Crise politique en Guinée : prison ferme pour les instigateurs de la contestation anti-Condé

Crise politique en Guinée : prison ferme pour les instigateurs de la contestation anti-Condé

Guinée

Un tribunal de Conakry a condamné mardi à des peines allant de six mois à un an de prison ferme les principaux initiateurs des manifestations qui agitent la Guinée depuis une semaine et qui ont fait une dizaine de morts.

Le jugement a été accueilli dans la salle par des cris de “justice corrompue”. Dans un contexte de crise continue, il a ulcéré l’opposition, qui a crié à la “justice aux ordres” du pouvoir, et provoqué la réprobation des défenseurs des droits humains.

Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) auquel appartiennent les prévenus a indiqué sur Twitter que “des actions conséquentes (seraient) annoncées dans les prochains jours pour sauver la démocratie”.

Abdourahamane Sanoh, coordonnateur de cette alliance de partis d’opposition, de syndicats et de membres de la société civile, a été condamné à un an de prison ferme et quatre autres responsables à six mois ferme. Trois prévenus ont été relaxés.

Ils étaient jugés pour avoir causé des troubles graves aux yeux de la justice guinéenne en appelant à manifester et à paralyser l‘économie à partir du 14 octobre pour faire obstacle à un éventuel troisième mandat du président Condé en 2020.

A la suite de cet appel, Conakry et plusieurs villes guinéennes ont été la proie la semaine dernière de heurts violents. Au moins huit manifestants (10 selon l’opposition) et un gendarme ont été tués, des dizaines d’autres blessés.

Des dizaines de membres du FNDC et de manifestants ont été arrêtés et jugés. Un autre tribunal de Conakry a condamné mardi à trois ans de prison, dont un ferme, un responsable de l’Union des forces républicaines (opposition) et à un an de prison, dont six mois ferme, le chanteur Elie Kamano, engagé en politique, ont rapporté l’UFR et les médias.

Le pouvoir dit que la mobilisation lancée par le FNDC est illégale faute de déclaration préalable et invoque les risques causés à la sécurité publique pour justifier la répression.

Mohamed Traoré, l’un des avocats des prévenus, a dénoncé “un procès inique, dirigé par des magistrats sous influence de l’exécutif”, et destiné à “intimider la population”. Cellou Dalein Diallo, un des chefs de l’opposition, a parlé de “honte” et de “triomphe de l’arbitraire”.

Pour les ONG Amnesty International et Human Rights Watch, ce jugement contre des individus qui appelaient seulement à manifester confirme la décision des autorités “d‘écraser toute forme de dissidence”.

Les avocats des prévenus ont dit qu’ils feraient appel. Les défenseurs des droits humains dénoncent les arrestations arbitraires, un usage excessif de la force par les services de sécurité et le long historique d’impunité de ces dernières.

Inquiétude internationale

La communauté internationale s’alarme du danger d’une escalade. Ce pays pauvre malgré ses importantes ressources minières, à la stabilité incertaine, est coutumier des protestations et des répressions extrêmement violentes.

Mais aucune sortie de crise ne paraît en vue. Le FNDC est résolu à faire barrage au projet prêté au président Condé de briguer sa propre succession en 2020 et de changer à cette fin la Constitution qui l’empêche de concourir à un troisième mandat. Elle dénonce une dérive de la part de M. Condé, opposant historique dont l’accession au pouvoir en 2010 a marqué l’instauration d’un gouvernement civil après des décennies de régimes militaires et autoritaires.

M. Condé ne confirme ni n’infirme les intentions qu’on lui prête. Mais en septembre il a lancé des consultations sur la Constitution et, peu après, appelé ses supporteurs guinéens à New York à se préparer à un référendum et des élections.

Le président guinéen avait assuré samedi que la contestation était limitée. Il avait accusé ses adversaires de chercher à “semer la pagaille pour décourager les investisseurs” attirés par les considérables ressources minières inexploitées du pays. Il avait aussi accusé les manifestants de tirer eux-mêmes sur les protestataires pour incriminer policiers et gendarmes.

AFP

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