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Navigation fluviale en RDC : à vos risques et périls

Navigation fluviale en RDC : à vos risques et périls

République démocratique du Congo

Quarante-cinq personnes sont mortes dans un nouveau naufrage en République démocratique du Congo où la vétusté des embarcations, leur surcharge systématique et l’absence de contrôle du trafic fluvial et lacustre expliquent ces drames à répétition dans un pays immense où les routes sont rares.

Outre le nouveau bilan revu à la hausse, des dizaines de personnes sont également portées disparues depuis samedi et le chavirement d’une baleinière (péniche-pirogue) sur le lac Maï-Ndombe dans la province du même nom en zone reculée de l’ouest de la RDC, au nord de Kinshasa.

Le propriétaire de cette baleinière a été arrêté et devra s’expliquer sur la cause première de l’accident aux mêmes effets dramatiques : des passagers en surnombre.

“Ils nous ont présenté un manifeste (liste des passagers) avec 113 personnes alors que nous sommes déjà à 183 rescapés. Nous apprenons qu’il y avait environ 400 personnes à bord”, a déclaré à la presse le maire d’Inongo (localité riveraine du lac), Simon Mbo Wemba.

A la surcharge, s’ajoute le fait que nombre de passagers ne savent pas nager. “La baleinière vétuste ne pouvait plus naviguer. On ne pouvait plus l’utiliser”, a-t-il ajouté affirmant que l’embarcation a chaviré sous la force d’une vague.

Mi-avril, au moins quinze personnes avaient été tuées dans le naufrage d’une baleinière à l’autre bout de la RDC sur le lac Kivu, entre Goma et Bukavu. Les corps avaient été retrouvés à Gisenyi au Rwanda.

Fait inhabituel, le nouveau président Félix Tshisekedi en visite à Goma s‘était rendu sur place alors que ces drames suscitent jusqu‘à présent un silence résigné de l’État central.

>>> LIRE AUSSI : RDC-Naufrage au Maï-Ndombe : les victimes noyées dans le silence du gouvernement Le chef de l’État avait annoncé l’ouverture d’une enquête et le port obligatoire des gilets de sauvetage. La plupart des passagers ne savent en effet pas nager, ce qui aggrave les bilans des naufrages.

“Nous avons promis notre implication pour une solution au mouvement de nos compatriotes riverains. Nos condoléances aux familles endeuillées”, a réagi la nouvelle présidente de l’Assemblée Jeanine Mabundo après le dernier drame du Maï-Ndombe.

Plus grand pays d’Afrique sub-saharienne (2,3 millions de km2), la RDC ne compte que 3.400 km de routes asphaltées, soit autant qu’un micro-pays comme le Luxembourg.

Pour les longs déplacements, les quelque 80 millions de Congolais doivent donc naviguer sur le fleuve Congo (4.000 km), ses affluents ou les lacs du pays. Des agriculteurs de l’intérieur du pays font 15 jours de bateau pour venir vendre leur récolte à Kinshasa.

Mauvaise gestion

A leurs risques et périls. L’opérateur public, la Société commerciale des transports et des ports (SCTP), se porte mal comme toutes les entreprises publiques. Son directeur a été suspendu en mars pour mauvaise gestion par le chef de l’État.

Une supervision efficace du transport fluvial et lacustre serait pourtant nécessaires dès le stade de la fabrication artisanale des embarcations, comme l’AFP avait pu le constater en visitant en octobre un atelier à Mbandaka (nord-ouest), chef-lieu de la province de l’Équateur, où plusieurs affluents (Ruki, Ubangi, Momboyo, etc) se jettent dans le fleuve Congo.

Le chef de l’atelier, Yannick, et ses assistants assemblent avec un marteau et une scie des planches, du goudron, des plaquettes métalliques. A mains nues et à l’œil nu: aucune trace d’outil de mesure dans l’atelier.

Pour attacher les planches qui seront en contact direct avec le tirant d’eau, des lamelles en aluminium sont utilisées comme joint. Les espaces vides entre les planches sont remplis d’une mince couche de goudron.

Yannick revendique à son actif “la construction de plus d’une quarantaine de baleinières. Je fais presque toutes les dimensions, 1,20, deux mètres, trois mètres, quatre mètres, 4,50 m…”.

Les péniches ont “une durée de vie d’au moins 5 ans. Elles peuvent atteindre jusqu‘à 10 voire 15 ans”, assure-t-il.

“Construire des baleinières est un don dans notre famille!”, se félicite Yannick dont le père faisait le même métier.

Les méthodes de Yannick n’inspirent pas confiance à l’un de ses rivaux, Arthur Bankita, propriétaire d’un port et d’une flotte de trois bateaux construits en acier.

“En se cognant contre un tronc d’arbre ou une grosse pierre, cet assemblage cède sans résister”, assure-t-il, affirmant avoir été témoin de plusieurs accidents mortels.

“Je préconise des contrôles à toutes les étapes de la construction, et un suivi technique permanent et sérieux de ces baleinières par des experts bien formés du ministère des Transports avant chaque voyage”, répète M. Bankita de nouveau joint après l’accident du Maï-Ndombe.

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