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Inspire Middle East : aux Emirats, le mélange des danses traditionnelles et modernes

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Ce nouvel épisode d’Inspire Middle East est entièrement consacré à la danse. Explorez avec nous des styles très variés, qui rendent la scène artistique plus vivante et attirent un public immense aux Emirats Arabes Unis :

  • Découvrez l’Al-Ayyala, la danse traditionnelle la plus connue des EAU, ainsi que la compagnie Sima, qui entend apporter aux danses folkloriques du monde arabe une touche de modernité.

  • Venez rencontrer Sara Baras, l’une des danseuses de flamenco les plus connues au monde, venue nous parler de son nouveau spectacle, Sombras.

Quand la piste de danse remplace le champ de bataille

Art traditionnel des Emirats, l’Al-Ayyala mêle la danse et la poésie. Ce spectacle recrée un champ de bataille, où deux rangées d’hommes échangent des paroles et brandissent des bâtons en bambou telles des épées. Leurs bras entrecroisés symbolisent la camaraderie.

Notre reporter Salim Essaïd s’est joint aux danseurs pour apprendre la signification profonde de ces mouvements. Suivant le rythme des percussions d’Al-Abu (le père) les hommes agitent leurs bâtons pour symboliser la joie, puis ils les placent sur leurs épaules, pour représenter la victoire. Enfin, ils posent les bambous au sol, quand commencent les poèmes.

Si les pas de danse sont immuables, le récit, lui, peut changer, comme l’explique Alhai Alkuwaiti, président du Centre Al-Ain pour le folklore et les arts populaires : “L’Al-Ayyala ne change pas, car cette danse possède des caractéristiques précises. Les transformer signifierait changer son identité. Ce qui peut évoluer en revanche, c’est la poésie, avec de nouveaux poèmes et de nouveaux hymnes.”

Parfois des jeunes femmes, appelées Al-Na’ashat, secouent la tête en rythme. Elles indiquent ainsi qu’elles font confiance à ces guerriers pour les protéger.

Originaire des communautés tribales des Emirats et d’Oman, l’Al-Ayyala existe sous différentes formes à travers le Golfe. Aujourd’hui, la plupart des représentations ont lieu durant les mariages et les festivités.

La compagnie de danse Sima : la modernité teintée de tradition

L’Al-Ayyala a été inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO en 2014. Mais désormais, les expatriés installées aux Emirats Arabes Unis entendent ajouter aux danses traditionnelles du monde arabe une touche de modernité.

Des paroles en arabes clignotent sur un écran et la voix d’opéra de la chanteuse tuniso-bosniaque Lofti Bouchnak guide la troupe, le tout dans un mélange de danse moderne et folklorique … Voici la compagnie de danse Sima.

Le chorégraphe Alaa Krimed et sa femme, la danseuse Lana Fahmi, ont créé cette institution à Dubaï en 2014. Ils ont toujours cherché à mettre en avant leur héritage arabe, notamment grâce à la Dabkeh, un style de danse en ligne traditionnel.

“Dans notre enfance, nous avons beaucoup regardé la Dabkeh, explique Lana Fhami. Nous avons même dansé la Dabkeh et la danse orientale, lors des mariages ou de n’importe quelle autre fête. Donc ça fait vraiment partie de notre culture, de nos mouvements et de notre mémoire corporelle.”

Originellement formée en Syrie en 2003, la troupe de danse se produisait à l’Opéra de Damas. Les hommes y présentaient les danses Soufi, avec leurs derviches tourneurs. Et pour casser les codes, les femmes participaient également.

“C’est comme un pont vers les danses contemporaines, car ces danses-là sont très lointaines et très étranges pour le public arabe, raconte Lana Fahmi. Mais avec un élément familier, cela peut amener le public vers cette forme d’art.”

En 2014, Lana et sa troupe ont remporté le vote du public, lors de l’émission de téléréalité « Arabs got talent », avec une chorégraphie d’Alaa Krimed. Un signe qui indique peut-être que la région du Golfe entend être davantage présente sur la scène des danses traditionnelles arabes.

Le flamenco, de l’Al-Andalus à Abu Dhabi

La danseuse espagnole de flamenco, Sara Baras, est venue pour la première fois aux Emirats Arabes Unis en 2016. Après le succès de ses représentations, elle est revenue dans la capitale Abu Dhabi trois ans plus tard. Notre reporter Daleen Hassan est allée rencontrer cette danseuse et chorégraphe, célèbre pour ses pas de danse ultra-rapides.

Créé par les Gitans andalous, le flamenco n’est pas seulement une danse : c’est également un art musical. Il est difficile de retracer son origine exacte, mais on estime qu’il a été influencé par le monde arabe. Au Moyen-Age, alors que le royaume arabe d’Al-Andalus, autrefois puissant, était repoussé par les Espagnols, un courant artistique et culturel a émergé, au sein des communautés pauvres.

Parmi les influences du flamenco se trouve le mawâl, un genre traditionnel de musique arabe, composé de poèmes et de chants religieux. Quant au jaleo, les claquements de mains rapides, il s’inspire des mélodies et des danses folkloriques du Moyen-Orient.

Sara Baras se produit devant le monde entier depuis trente ans. En 1998, elle a créé le Flamenco Ballet, qui a été joué plus de 4000 fois. Ses gestes caractéristiques et ses mouvements rapides ont touché le cœur du public, de Paris à New York en passant par Singapour et Sydney.

Sombras est le 13ème spectacle qu’elle chorégraphie et interprète. Il marque également les 30 ans de sa compagnie de danse. Avant sa représentation à Abu Dhabi, Sara Baras nous a parlé plus en détails de son spectacle.

Daleen Hassan : En espagnol, sombras veut dire “ombres”. Comment cela influence-t-il votre danse ?

L’ombre, dans ce cas-là, c’est la silhouette du danseur. La danse est liée à votre identité, à qui vous êtes. Au fil des ans, l’ombre qui vous suit depuis toujours devient importante, elle vous rappelle de ne pas oublier toutes les choses qui vous ont amené jusqu’ici. C’est comme si votre ombre vous aidait à avancer quand vous manquez de force, et vice-versa.

Le thème principal de votre spectacle est la “farruca”, une danse traditionnellement interprétée par un homme. Qu’est-ce qui vous a décidé à le faire, en tant que femme, et quel message envoyez-vous ?

La farruca est une forme de flamenco, caractérisée par sa sobriété, son élégance, et le risque de danser sans aucun ornement. La première fois que j’ai dansé la farruca, il y a 20 ans, cela m’a profondément marqué. Alors avec Sombras, je voulais rappeler et montrer que c’est important de prendre des risques, car cela nous fait grandir d’une façon unique. Même si cette danse a été conçue pour les hommes, ce n’est pas aussi figé qu’avant. Peu importe si c’est féminin ou masculin, ce qui compte c’est l’interprétation.

Beaucoup de danseurs ont mélange le flamenco avec des styles contemporains. Cela a-t-il affecté l’intégrité de cet art ?

Je pense que c’est important de ne pas oublier qui on est et d’où on vient. Mais je pense aussi qu’il faut se laisser porter par son cœur, et si on a la possibilité de fusionner les arts, chaque élément apporte sa pierre à l’édifice. Le flamenco est un art et un style de vie. On le ressent dans notre quotidien, ce n’est pas un travail classique. Ça demande beaucoup d’efforts, et techniquement c’est difficile. Mais il faut se laisser porter par ses émotions, c’est un art qui dépend énormément du moment présent.

Lors du festival d’Abu Dhabi, la compagnie de Sara Baras a organisé un atelier de flamenco, pour inspirer les amateurs de danse. L’une des participantes, Miran Farah, était aux anges : “C’est une chance qu’on a qu’une fois dans sa vie, de pouvoir danser ici à Abu Dhabi avec une compagnie si réputée et qui danse merveilleusement bien !”

Les leçons de ce type contribuent à donner un nouveau souffle à l’art ancestral du Flamenco.

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