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5e mandat de Bouteflika : haro des médias algériens

Algérie

Dans la contestation grandissante en Algérie depuis l’annonce d’une cinquième candidature du président Abdelaziz Bouteflika, des journalistes des médias publics et privés ont choisi leur camp : celui de l’impartialité. De plus en plus, ils dénoncent les pressions dont ils font l’objet pour la couverture de cette crise.

Aux premières heures de ce lundi, des centaines d’Algériens étaient de nouveau dans les rues de la capitale Alger et dans plusieurs autres villes du pays après que le directeur de campagne de Bouteflika a officialisé la candidature du président pour un cinquième mandat à l‘élection du 18 avril. Depuis environ trois semaines maintenant, c’est une routine dans les grandes rues de ce géant d’Afrique du Nord.

La manifestation de nuit, inédite en Algérie, a été relatée par des chaînes de télévision privées, offrant une lucarne plus large aux manifestants, et surtout, montrant la détermination des journalistes algériens à affirmer leur indépendance. En effet, au début de la crise, les médias publics et privés (souvent propriétés d’hommes d’affaires proches du pouvoir) ont passé sous silence les manifestations, notamment à Alger, où elles sont théoriquement interdites depuis 2001, évoquant des pressions “imposées par (leur) hiérarchie”. Toutefois, fin février, les journalistes de ces médias ont dénoncé publiquement les restrictions de couverture à travers un rassemblement à Alger. Depuis, les images des manifestations sont régulièrement diffusées.

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Grands symboles de cette “révolte” des médias algériens, la démission ce lundi de Nadia Madassi, qui présentait depuis 15 ans le journal télévisé du soir de Canal Algérie. Cette ancienne journaliste de la radio publique entend ainsi protester contre sa hiérarchie qui lui a remis à la dernière minute la veille une déclaration écrite du président Abdelaziz Bouteflika, dont elle a dû donner lecture à l’antenne, selon un de ses collègues.

Elle « a été mise mal à l’aise. Elle a très mal vécu cet épisode, elle a décidé de ne plus présenter le JT et de rejoindre la rédaction », a déclaré à l’AFP un journaliste de Canal Algérie, chaîne francophone de la télévision publique. « C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Depuis le début des manifestations, on ne nous laisse pas travailler », a souligné ce collègue.

Il y a environ une semaine, c’est Meriem Abdou, rédactrice en chef de l’antenne francophone de la radio nationale, la Chaîne 3 qui prenait une telle décision, une semaine après le déclenchement de la contestation. « Il n’y a pas eu de couverture » des manifestations et « tout le monde a pu s’en rendre compte », a assuré Mme Abdou par téléphone à l’AFP. « En tant que journaliste, je n’accepte pas cela et je ne souhaite plus faire partie de l’encadrement de cette chaîne », a-t-elle martelé.

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Dimanche, le président Bouteflika a confirmé sa candidature à la présidentielle, mais promis de faire certaines concessions une fois réélu. Il a du reste annoncé une élection anticipée lors de laquelle il ne sera pas candidat. Il a par ailleurs promis de lutter contre la corruption endémique dans le pays, d’assurer une meilleure répartition des richesses et de créer des opportunités pour la jeunesse algérienne qui se risque dans des tentatives migratoires.

Des promesses qui ne suffisent pas à calmer la colère de la rue algérienne. Affaibli par la maladie, Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, se montre rarement en public. Et ce dimanche, c’est son directeur de campagne qui a dû déposer sa candidature au Conseil constitutionnel, pour un éventuel cinquième mandat.

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