Nigéria
Le principal candidat de l’opposition à la présidentielle au Nigeria, Atiku Abubakar a déclaré mardi que le chef de l’Etat, en lice pour un second mandat, Muhammadu Buhari, “ne croit pas en la démocratie”, faisant référence à son passé de militaire.
“Le + général + Buhari n’est pas un démocrate. Il ne croit pas en la démocratie. C’est une façade”, a déclaré M. Abubakar lors d’une réunion d’urgence de son parti (PDP, parti Populaire Démocratique) après le report de la présidentielle et les propos du président Buhari exhortant l’armée à être “sans pitié” envers les fraudeurs.
“Il est choquant de voir un chef d’Etat prononcer des propos pareils en démocratie”, a ajouté M. Abubakar. “Nous ne l’accepterons pas de la part du + général + Buhari. Nous avons combattu des dictatures bien plus impitoyables que celles-ci”, a-t-il dit.
Lundi, l’APC (le Congrès des Progressistes, au pouvoir) a tenu une réunion au cours de laquelle le président Buhari a appelé l’armée à être “sans pitié” contre les fraudeurs.
Cet appel a été perçu comme un appel à la haine et aux crimes extra-judiciaires, dans un pays instable où les violences post-électorales sont fréquentes.
>>> LIRE AUSSI : Présidentielle au Nigeria : l’armée doit être sans pitié envers les fraudeurs Changement de ton
Le Nigeria a effectué sa transition démocratique en 1999 après des années de dictatures militaires et de successions de coups d’Etat. Muhammadu Buhari, alors général, a gouverné le pays une première fois en 1983 après un coup d’Etat, laissant le souvenir d’un dirigeant intransigeant et particulièrement dur.
C’est notamment sur la promesse de lutter contre la corruption et contre l’insurrection jihadiste de Boko Haram, les deux fléaux du pays, que l’ancien général avait conquis les électeurs en 2015.
Il avait été le premier candidat de l’opposition à remporter un scrutin depuis un pouvoir sans partage du PDP, aujourd’hui dans l’opposition.
Le directeur de campagne du PDP a également accusé le parti au pouvoir de préparer des fraudes massives, notamment à travers l’inscription “d’un million d‘électeurs fantômes” sur les listes électorales ou en ayant infiltré le système informatique de la Commission électorale indépendante (INEC).
Au Nigeria, le report des élections présidentielle, législatives et sénatoriales du 16 au 23 février a marqué un très clair changement de ton entre les deux principaux partis, qui s’accusent mutuellement de saboter le scrutin.
AFP
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