Côte d'Ivoire
Après environ sept années d’incarcération, Simone Gbagbo humera bientôt l’air de la liberté. Elle vient d‘être graciée par le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara, à la veille des commémorations du 58e anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Si le dirigeant ivoirien a annoncé un acte en faveur de la réconciliation nationale, il n’en demeure pas moins qu’il augure d’un majestueux coup de poker en plein séisme politique sur les bords de la lagune ébrié.
En mars 2017, déjà, Simone Gbagbo avait frôlé la libération lorsque la cour d’assises d’Abidjan l’a acquittée des chefs d’accusation de « crime contre l’humanité » et de « crime de guerre » pour lesquels elle risquait 20 ans de prison. Mais celle qu’on surnommait la dame de fer ivoirienne a dû rester en détention, la justice de son pays l’ayant condamnée à 20 ans de prison dans une autre affaire « d’atteinte à la sûreté de l’Etat » pour laquelle elle risquait également 20 années de réclusion.
Pour nombre d’observateurs de la vie politique ivoirienne, il y avait bien de fortes chances que la native de Moossou – dans la commune balnéaire de Grand-Bassam – reste en détention, tant son influence est intacte au sein du Front populaire ivoirien dont son mari, l’ex-chef d’Etat Laurent Gbagbo est fondateur.
Mais c’est surtout qu’elle a été l’un des personnages du clan Gbagbo les plus haïs au sein de la Majorité présidentielle, notamment durant la crise postélectorale de 2010-2011 où elle surnommait l’actuel chef de l’Etat Alassane Ouattara « le chef bandit ». Elle était alors considérée comme la maîtresse à jouer de la stratégie de l’ancien pouvoir.
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La situation politique en Côte d’Ivoire a toutefois évolué. Les cartes ont été redistribuées et l’idylle entre les principaux alliés – le Rassemblement des républicains et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire – a pris de l’eau dans le gaz. Le PDCI d’Henri Konan Bédié refuse en effet de s’arrimer au plan de parti unifié promu par Alassane Ouattara et dont il a d’ailleurs été élu le président il y a quelques semaines.
En dépit de quelques membres qui ont rejoint le projet, Henri Konan Bédié et ses lieutenants les plus fidèles ont formellement dénoncé le parti unifié, y voyant une manœuvre du RDR de déroger à sa promesse de soutenir le PDCI lors de la présidentielle de 2020, comme convenu en 2015.
Après le limogeage de ministres PDCI et tout récemment la révocation de Noël Akossi-Bendjo, un de ses cadres, le plus vieux parti politique ivoirien a pointé « une dérive autoritaire du gouvernement », promettant de prendre les mesures appropriées.
Nombre d’analystes s‘étaient alors mis à envisager une alliance entre le PDCI et le Front populaire de Laurent Gbagbo actuellement incarcéré à la prison de la Haye pour sa présumée implication dans la crise postélectorale ivoirienne. Une hypothèse davantage illustrée par les appels au soutien dont a bénéficié le maire du Plateau Akossi Benjo de la part de cellules du FPI, dont le Cojep de l’ancien ministre de la Jeunesse Charles Blé Goudé, lui aussi en détention à La Haye.
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Toutefois, avec l’amnistie de Simone Gbagbo qui sacrifie les attentes des victimes de la crise, le président Ouattara vient de couper l’herbe sous les pieds de ses alliés du PDCI. Il peut dès lors entrevoir un véritable dialogue avec l’aile dure du FPI dirigée par Aboudramane Sangaré qui avait posé comme préalable à toute négociation, la libération de prisonniers politiques dont Simone Gbagbo.
Accusé de visser le dialogue social et politique, le chef de l’Etat ivoirien joue également la carte de l’apaisement avec l’un de ses supposés principaux rivaux, Soro Guillaume. Parmi les 800 prisonniers amnistiés figure en effet Soul To Soul, directeur de protocole du président de l’Assemblée nationale. Il avait été arrêté au lendemain des mutineries qui ont secoué la Côte d’Ivoire courant 2017, après que d’importantes quantités d’armes ont été retrouvées dans une de ses résidences à Bouaké, épicentre de ces mouvements d’humeur.
>>> LIRE AUSSI : L’UE dénonce une dérive autoritaire en Côte d’Ivoire Pour finir, le président tente ainsi de rassurer les chancelleries occidentales, ses principaux soutiens lors de la crise de 2011, qui ces derniers mois ont tenu un discours peu flatteur. En dépit d’une croissance soutenue, la question de la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire et de la justice, après la décennie de crise politico-militaire, était considérée jusqu‘à présent par les observateurs comme un point noir du bilan d’Alassane Ouattara.
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