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Réseaux sociaux et blogs, l'opposition qui dérange des dirigeants africains

Réseaux sociaux et blogs, l'opposition qui dérange des dirigeants africains

Egypte

Ils sont nombreux les pays africains à avoir eu recours à des ruptures internet, lors de manifestations anti-gouvernementales ou lors d‘élections. Une tendance qui démontre le poids des réseaux sociaux contre les régimes en place.

Le monde n’a pas fini de s’interroger à propos de la taxe sur le “commérage” annoncée par le président ougandais Yoweri Museveni. Même s’il a reprécisé son propos et annoncé que les taxes imposées sur l’utilisation des réseaux sociaux devraient permettre d’augmenter les recettes intérieures du pays, beaucoup pensent qu’il s’agit d’un subterfuge pour museler des voix dissonantes.

En début de semaine, une décision presque similaire a été prise en Egypte. Moins médiatisée que celle de l’Ouganda, elle n’en demeure pas moins restrictive pour les réseaux sociaux du pays. Elle donne, en effet, libre quartier aux autorités pour surveiller certains comptes d’utilisateurs de réseaux sociaux afin, selon elles, de combattre les “fausses nouvelles”.

Ce genre de mesure est bien tendance sur le continent africain où de plus en plus de gouvernements imposent des blocus sur les médias sociaux ainsi que les blogs, en dépit de l’impact non seulement sur les libertés individuelles, mais également sur l‘économie numérique.

Un phénomène qui prend de l’ampleur

Les exemples sont légion. Le mois dernier, la Tanzanie a décidé d’imposer un paiement de 900 dollars à tout blogueur qui veut ouvrir un site web. Dans un pays où le revenu journalier par habitant est moins de 10 dollars, la mesure à fait des étincelles. En Egypte, les autorités ont interdit les appels lancés sur les applications mobiles telles que WhatsApp ou Messenger, bloqué des centaines de sites Web locaux et internationaux et demande le lancement d’une plate-forme de type Facebook appartenant à l‘État.

Le Kenya a également adopté mi-mai une loi contre la cybercriminalité censée prévenir la divulgation de fausses nouvelles. Des pays comme l‘Éthiopie, le Tchad, le Cameroun, l’Ouganda, la RDC et l’Algérie ont, quant à eux, bloquer les applications WhatsApp, Facebook et Twitter lors de manifestations anti-gouvernementales ou d‘élections cruciales.

Pour beaucoup d’analystes, ces suspensions ou loi restrictives, viennent démontrer s’il est encore besoin, la corrélation entre le taux de pénétration internet et la place de plus en plus prépondérante des réseaux sociaux au sein de la politique africaine. Le taux de pénétration internet en forte croissance a permis au monde du digital africain de prendre son l’envol avec la création de médias indépendants, de blogs, et de groupe de discussions.

S’il est vrai que certains de ces espaces deviennent des fleurons de la propagation de fausses nouvelles, il faut reconnaître qu’ils sont aussi devenus une voix de contestation nouvelle contre les pouvoirs en place. Les manifestations anti-gouvernementales au Togo, les élections au Kenya, les manifestations anti-Mugabe au Zimbabwe, ne sauraient en témoigner autrement.

Face à une opposition parfois divisée, muselée ou tout simplement inexistante, les réseaux sociaux sont devenus des troubles-fêtes que les palais présidentiels veulent dans certains cas encadrer ou mettre sous silence.

Une économie également muselée

Pourtant, le manque à gagner est énorme. L’amélioration de l‘écosystème numérique permet du reste à l‘économie numérique de s’installer progressivement en Afrique. Pour le seul premier semestre 2018, les start-ups africaines ont par exemple levé 168,6 millions de dollars, contre 167,7 millions de dollars pour toute l’année 2017 secouée par de nombreuses coupures internet.

Alors que la répression s’intensifie, les activistes exhortent à “dénoncer” les nations qui enfreignent les droits numériques, en alertant les organisations continentales et internationales, y compris l’Union africaine, et en incitant les opérateurs télécoms à rendre des comptes aux consommateurs.

Car, aussi paradoxal que cela puisse paraître, les dirigeants africains sont eux-même engagés sur les réseaux sociaux, avec environ 83 % de gouvernements africains titulaires d’un compte Facebook selon Twiplomacy, qui conseille les États sur la stratégie numérique.

La preuve, c’est sur son compte Twitter que le président Yoweri Museveni a annoncé l’imposition de nouvelles taxes sur les réseaux sociaux.

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