Sierra Leone : vers une crise politique ?

Les désaccords observés ces derniers temps entre députés de l’opposition et ceux de la majorité pourraient dégénérer en crise politique très grave. Quitte à mettre le nouveau président Julius Maada Bio dans une position inconfortable.

Des hommes en uniforme en train de sommer des députés de sortir de la salle. C’est une vidéo postée hier sur Twitter qui montre ce spectacle qui s’est déroulé mercredi dernier. C‘étaient les 16 députés membres du All People’s congress (APC, Congrès de tout le peuple), principale formation de l’opposition qui étaient frappés par des injonctions judiciaires prononcées contre eux depuis lundi.

Police forcibly remove 16 opposition MP’s during the opening of the #SierraLeone parliament

=>Move follows High Court injunction barring the MP’s from parliament after claims by SLLP that the MP’s illegally received govt salaries during election campaign pic.twitter.com/xqBtHCdhz9

— Povo News (@povonewsafrica) 27 avril 2018

Conséquence : les autres députés de l’APC ont boycotté la session consacrée à la mise en place des instances de l’Assemblée nationale, laissant ainsi le champ libre à Abass Chernoh Bundu du Parti populaire du Sierra Leone (SLPP au pouvoir) d’accéder à la présidence de la 5è législature sierra-léonaise.

Soucieux de « l’unité et de la cohésion » au sein de l’hémicycle, le président de l’Assemblée nationale a appelé ses collègues à reprendre leurs activités parlementaires. “Il leur appartient de le faire parce que c’est un devoir à la fois envers leurs électeurs et envers le pays tout entier”, a déclaré Abass Chernoh Bundu dans un communiqué rendu public hier par le service de communication du Parlement.

Mais, si jusqu’ici l’APC n’a pas encore réagi à cette main tendue du président de l’Assemblée nationale, le différend né lors de la session inaugurale pourrait s‘étendre au-delà de l’hémicycle. Notamment au niveau des partis politiques.

Julius Maada Bio pourrait ainsi faire face à la toute première crise politique de son mandat. Et partant peiner à traduire dans les faits la « Nouvelle direction », projet grâce auquel il a été élu le 31 mars dernier à l’issue d’un deuxième tour qui l’a opposé à Samura Kamara.