Egypte
Début de relance économique, terreur, mesures d’austérité…. À la veille de la présidentielle dont le premier tour aura lieu du 26 au 28 mars, l‘Égypte reflète aujourd’hui l’image de ce que le général Abdel Fattah Al-Sissi en a fait ces quatre dernières années. Sans doute pour préparer sa réélection pour un deuxième et dernier mandat.
Héritier de son héritage. Aussi abscons que cela puisse paraître, Abdel Fattah Al-Sissi est bel et bien dans cette posture. Sissi, c’est aussi cet officier qui est arrivé en politique pour avoir rondement initié et mené à partir du 3 juillet 2013 un coup d’Etat qui s’est soldé par la destitution de Mohamed Morsi, le tout premier président démocratiquement élu après la chute d’Hosni Moubarak du fait de la révolution de 2011.
Plutôt, que de se précipiter au pouvoir, Al-Sissi laisse Adli Mansour gérer une transition d’un an pour se positionner en 2014. L‘élection présidentielle de cette année débouche sur la victoire d’Abdel Fattah Al-Sissi avec plus de 96 % de voix avec un taux d’abstention de plus de 53 %.
Un taux qui devrait en principe poser le problème de la légitimité d’Abdel Fattah Al-Sissi. Mais pas assez suffisant pour faire reculer le général dans sa quête du pouvoir. Al-Sissi parvient à réduire au silence la confrérie des Frères musulmans dont est issu Mohamed Morsi. Plus de 700 frères musulmans vont perdre la vie, selon des ONG. Et beaucoup de responsables de la confrérie sont aujourd’hui soit en prison, soit en exil.
Seul capitaine dans le bateau électoral
Et bien que débarrassé des frères musulmans, Al-Sissi se veut aujourd’hui le seul crocodile à vagir dans le Nil. Tant plusieurs acteurs politiques surtout les plus « sérieux » ont été écartés par des moyens aussi bien légaux qu’illégaux ou ont abandonné la course sans doute par peur.
C’est le cas de l’ancien Premier ministre Ahmed Chafiq qui a renoncé le 7 janvier dernier alors qu’il avait annoncé sa candidature deux mois auparavant. Quant au défenseur des droits de l’homme Khaled Ali, il a été disqualifié en raison d’une condamnation pour « atteinte la décence publique ».
Toutes les conditions sont ainsi réunies pour que le général soit élu dès le premier tour, même s’il aura pour seul adversaire Moussa Mostafa Moussa, président du parti El-Ghad, membre de la Majorité présidentielle.
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Défis économiques et sécuritaires
Si Al-Sissi a réussi tous ses coups politiques, il semble aussi sur la bonne voie sur le plan économique. Basée sur le pétrole, le gaz naturel, l’agriculture et le tourisme, l‘économie égyptienne reflète aujourd’hui les réformes menées ces quatre dernières années par Al-Sissi. C’est le cas de la réduction drastique des dépenses publiques et la dévaluation de la livre égyptienne. Des réformes qui se poursuivent puisque le 18 mars dernier, le ministère des Finances a annoncé la vente des actions de 23 entreprises publiques afin de lever plus de 4,6 milliards de dollars.
Bien que dénoncées par les populations, ces mesures ont été appréciées par le FMI qui a accordé un prêt de 12 milliards de dollars. Et quelques résultats encourageants sont enregistrés, à l’image de la réduction du déficit budgétaire qui est passé de 12 à 10 % entre 2016 et 2017, la diminution de 14 % des importations et l’augmentation de 10 % des exportations.
Mais, comme partout dans le Tiers-monde, l’embellie économique peine à toucher tout le peuple, car plus de la moitié des Égyptiens vit sous le seuil de la pauvreté avec un taux de chômage de plus de 12 %. Un défi qui reste à relever.
Autre hypothèque : la sécurité qui est souvent mise à mal par l’Etat islamique qui multiplie des attaques et attentats suicides. Les opérations de djihadistes comme les attaques de novembre dernier contre une mosquée ayant tué près de 235 personnes dans le nord du Sinaï n’ont contribué qu‘à une baisse significative de l’activité touristique qui contribuait pourtant à hauteur de 11 % au PIB avant 2011. Même si les 14 % de l’agriculture semblent intacts.
C’est donc cette Égypte tanguant entre malaise social et espoirs d’une résurrection économique qui s’apprête sans doute à réélire Al-Sissi. Lui qui a réussi à exhumer la méthode Moubarak, alors qu‘à l’instar de la Tunisie en 2011, le peuple égyptien avait voulu donner une autre orientation à son avenir.
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