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Au Malawi, la peur des "vampires" nourrit la vindicte populaire

Malawi

“Ce ne sont pas des bobards. On a bu mon sang”… Des phrases à créer la panique ; d’invraisemblables récits d’attaques de vampires sèment de plus en plus le chaos au Malawi, où des foules en colère ont lynché à mort des “suceurs de sang” présumés et contraint l’armée à intervenir.

Ici par exemple dans le village Ngolongoliwa au sud du pays, cette femme, Jamiya Bauleni dit avoir été attaquée il y a quelques semaines par un vampire.

‘‘Je me suis évanouie ; et lorsque j’ai repris conscicence, je me suis rendue compte que mon doigt avait été piquée et que mon doigt était engourdi comme si on m’avait anesthésiée. A-t-elle déclaré.

Tout comme elle, Florence Kalunga une voisine affirme avoir été attaquée dans la nuit : de la même façon que Jamiya. Une piqûre au doigt.

Ces récits sur la présence de vampires agitent régulièrement le Malawi, où les croyances traditionnelles restent très ancrées dans la population. Les albinos y sont notamment exécutés pour leurs organes, utilisés dans des rituels de magie noire.

Depuis septembre, des groupes d’autodéfense ont tué pas moins de neuf personnes soupçonnées d’avoir bu ou tenté de boire du sang humain lors de cérémonies de magie noire. Orlendo Chaponda a bien failli être victime de cette chasse aux “monstres”.

“Ils étaient là avec des couteaux et des briques et ont dit à ma femme : “où est ton mari, ou est-t-il ? Nous cherchons les suceurs de sang”. Donc ma femme leur a dit : “d’accord, cherchez partout alors, même dans la maison”. Ils sont entrés, et n’ont rien trouvé.” Raconte le fermier.

Graves conséquences sur l‘économie

Après s‘être emparées des campagnes, les rumeurs de vampires ont gagné Blantyre, la capitale économique du pays.

En octobre, des groupes de miliciens armés ont patrouillé dans des quartiers défavorisés à la recherche de “buveurs de sang”. Une personne a été brûlée vive et une autre lapidée à mort. Des actes condamnés par le président Peter Mutharika.

Les mesures de black-out mises sur pied ont été récemment levées, mais l’armée et la police restent mobilisées car la tension persiste.

Au total, plus de 250 personnes ont été arrêtées au Malawi en lien avec des violences liées aux rumeurs sur les vampires.

Loin d‘être anecdotique, l’agitation liée aux vampires a commencé à peser sur l’activité des districts du sud du Malawi, où les montagnes, très prisées des randonneurs étrangers, sont désormais désertes.

Depuis la mi-septembre, les touristes boudent la réserve forestière nationale de Likhubula (sud), se désespère un de ses employés, McDonald Kolokombe. “Ici, les gens sont guides, bagagistes ou vendeurs de souvenirs. Ils comptent sur les touristes pour vivre”, explique-t-il.

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