Gambie
Les soubresauts de l‘ère Jammeh remontent à la surface. Selon une enquête diligentée par le nouveau président gambien Adama Barrow, Yahya Jammeh se serait rendu coupable de meurtres et d’exécutions sommaires tout au long de son mandat.
L’enquête est en cours d’exécution. Mais les premiers éléments dont elle fait cas font froid dans le dos. En juillet 2005, l’ancien chef de l’Etat gambien Yahya Jammeh aurait commandité l’assassinat de 52 migrants qu’ils soupçonnaient de vouloir commettre un coup d’Etat.
À en croire Reuters qui rapporte le témoignage d’un agent de police qui était chargé d’arrêter les migrants, les services de renseignements gambien avaient reçu une information selon laquelle un groupe de personnes en provenance du Burkina venait renverser le régime Jammeh.
Pourtant, une fois en face des présumés comploteurs, le policier établira un profil différent. Des personnes “fatiguées, confuses, déprimées” et sans armes, avec les poches à peine remplies de quelques euros et dollars. “La plupart d’entre eux ne portaient même pas de chemises. J’ai immédiatement pensé que ces personnes étaient des migrants, pas des mercenaires”, a déclaré l’agent Pa Jallow à Reuters.
Deux jours après leur arrestation, des membres de la garde d‘élite de Jammeh, appelée “junglers”, sont venus au lieu où étaient détenus les migrants et les ont emmenés en petits groupes, a déclaré une autre source de police qui était présente. Huit des migrants ont été abattus dans une réserve d’oiseaux et les autres dans une forêt, avant d‘être déversés dans des puits, confie une source policière sous le couvert de l’anonymat.
Les enquêteurs en quête de preuve formelle
À en croire Reuters, certains des junglers ont attesté qu’ils ont effectué les meurtres sur les ordres de Jammeh et ont déversé la plupart des corps dans un puits à travers la frontière.
Dans des cas distincts, six personnes soupçonnées de coup d’Etat ont été exécutées en 2006 tandis qu’en 2012, neuf condamnés à mort ont été étranglés puis soumis au même sort que les migrants : jetés dans un puits, selon des témoignages rendus à la commission d’enquête.
Aussi sordides que sont ces témoignages, aucune preuve formelle n’a pour l’heure permis d’attester la véracité des faits. Les puits dont font mention les témoins, n’ont toujours pas été identifiés par les enquêteurs.
Au cours de ses 22 années de règne, Yahya Jammeh a été accusé de plusieurs violations de droits humains par la communauté internationale, les ONG et l’opposition gambienne. Avec ces nouvelles accusations, l’ancien président actuellement en exil en Guinée équatoriale après sa défaite à la présidentielle de décembre 2016, pourrait de nouveau susciter des appels à son inculpation devant la justice.
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