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La très sensible question du harcèlement sexuel en Egypte

Egypte

L’Egypte est confrontée à un problème à caractère social : le harcèlement sexuel, dont sont victimes les femmes et les jeunes filles. Mais en 2008, une femme du nom de Noha Elostaz devanait la première femme dans ce pays à faire condamner son agresseur, créant ainsi une grande première dans une société très conservatrice.

Des progrès ont été enregistrés depuis l’action posée par Noha. Action qui a permis l‘évolution du regard de la société. Aussi, les condamnations des agresseurs ont augmenté et les militants des droits de la femme reconnaissent des progrès.

A l‘époque âgée de 26 ans (en 2008), Noha faisait le tour des chaînes de télévision pour crier sa rage contre son agresseur. Elle venait ainsi de briser le vase d’un sujet tabou, dans une Egypte où le harcèlement sexuel est omniprésent.

Cette femme a vécu l’enfer et c’est le moins qu’on puisse dire. Son agresseur, du nom de Sherif Gebreel et qui était au volan de sa voiture, avait saisi un sein de la jeune femme (qui marchait tranquillement dans la rue) et l’avait traînée sur le sol, appuyant sur l’accélérateur.

Le sadique prenait plaisir à regarder par le rétroviseur la pauvre femme souffrir le martyre, se faisant déchirer les chairs sur le bitume pendant qu’elle se faisait trimballer comme un vulgaire sac de patates.

La peine de trois ans de prison a été infligée l’agresseur et des années de mobilisation sans relâche sur le terrain ont porté leurs fruits, dans une Egypte qui a longtemps fermé les yeux sur ce qu’elle qualifie “d’incidents isolés”, lorsque des femmes se font maltraiter par des hommes.

“Aujourd’hui, il y a un crime dans la loi appelé “Harcèlement sexuel” et une punition. Cela fait une différence. Tous les mouvements depuis 2011, politiques et non-politiques, ont aidé, et beaucoup de femmes ont commencé à porter-plainte. Il y a des cas qui ont été gagnés”, déclare Mozn Hassan, directrice exécutive de “Nazra for Feminist Studies”, une ONG féministe.

Depuis l’adoption en juin 2014 d’une nouvelle loi criminalisant le harcèlement sexuel, “Nazra for Feminist Studies” a remporté plus de 50 procès, obtenant le plus souvent des peines de prison pour les agresseurs.

“J’entends parler de tellement d’affaires. Des filles qui traînent des hommes à la police, c’est devenu quelque chose de courant”, reconnaît Noha Elostaz. “La situation s’est améliorée. Je le vois dans la rue.”

La chute d’Hosni Moubarak, tournant décisif dans le débat

La chute d’Hosni Moubarak, consécutive au printemps arabe de 2011, a permis l’intensification du débat autour de ce problème social. Pour rappel, de nombreux viols et autres formes d’agression avaient été enregistrés en marge du vaste mouvement d’humeur qui a vu la chute de l’ancien homme fort du Caire. Ces agressions avaient choqué l’opinion publique.

L’uns de ces agressions avait eu lieu en juin 2014 sur la célèbre place Tahrir, au cœur du Caire, durant un rassemblement qui fêtait l‘élection du président islamiste Abdel Fattah al-Sissi. Une vidéo de l’agression, partagée sur les réseaux sociaux, montrait une femme nue portant des traces de sang et des ecchymoses. L’infortunée était bousculée par des dizaines d’hommes qui continuent à se masser autour d’elle, tandis que des policiers essaient de la sauver.

Un mois plus tard, sept hommes étaient condamnés à la prison à vie et deux autres ont écopé de 20 ans de prison, pour des agressions sexuelles place Tahrir.

Victime de harcèlement sexuel de la part de son propre frère, Yosra Abdelaziz, une femme de 22 ans, a décidé de briser le silence et de mettre à nu ce lourd fardeau qu’elle porte.

“Maintenant, je vois que le scandale est la solution. Tout le monde me demande pourquoi je ne parle plus à mon frère. Je leur réponds que c’est parce qu’il a fait cela. Même au travail, parce qu’on travaille ensemble, quand quelqu’un me demande, je réponds que c’est parce qu’il a fait ça”, lâche-t-elle.

“Ce qui se passait avec mon frère, je n’en parlais à personne. Maintenant, j’en parle même sur Facebook”, précise l‘étudiante. Aujourd’hui, elle cherche à déménager, craignant pour sa vie.

Excédées par le manque d’action contre les agresseurs, des femmes ont manifesté dans les rues du Caire en 2013, brandissant des couteaux. Les victimes s’expriment de plus en plus et des graffitis anti-harcèlement ont même vu le jour sur les murs du centre-ville.

Et avec les campagnes de sensibilisation, ceux qui blâment les victimes peuvent changer d’avis et prendre conscience de l’ampleur du phénomène, estime Alia Soliman, porte-parole du groupe HarassMap.

Des conférences sont organisées par ce groupe dans les universités, de même que des campagnes à la télévision, à la radio et des formations pour les chauffeurs d’Uber sont aussi organisées.

D’après une étude menée par l’ONU et dont les résultats ont été publiés en 2013, pas moins de 99 % des femmes ont été victimes de harcèlement sexuel en Egypte. Elles y sont confrontées aux remarques obscènes, et même aux attouchements.

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