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Au Malawi, l'initiation sexuelle des jeunes filles défraie la chronique

Malawi

Peter Mutharika, le président malawite, a demandé au ministère de la Justice de son pays de se pencher sur un projet de loi, pour mettre fin à une tradition qui consiste à confier des jeunes filles à des hommes, chargés de les déflorer. Un certain Erica Aniva a même été arrêté dans le cadre de cette affaire.

L’affaire fait grand bruit au Malawi. Le président Peter Mutharika (voir photo) a récemment fait une sortie, au cours de laquelle il s’est exprimé sur cette question sensible.

« Je pense que ce fut une sage décision que d’arrêter cet homme. Une enquête est en cours et s’il se trouve qu’il a effectivement violé la loi, il sera jugé et condamné. Et je pense que cela va envoyer un signal à d’autres personnes qui font cela. Aussi, je pense que ce genre de pratique est inacceptable. Et comme je l’ai dit par la suite, nous aurons une loi plus complète, régissant les traditions culturelles qui sont nuisibles à la société », a dit le numéro Un du Malawi au cours d’une interview.

Maria Nthepheya, une des nombreuses jeunes filles victimes de cette pratique témoigne : « mes droits ont été violés. Je me rends compte maintenant que j‘étais obligée de dormir avec un homme que je n’ai pas choisi et il n‘était même pas temps pour moi d’avoir des rapports sexuels. Donc, je me sens toujours mal à propos de ça. Et c’est un vieil homme qui avait des rapports sexuels non protégés avec moi. »

Erica Aniva est l’un des hommes qu’on appele ici les « hyènes ». Ils sont chargés de déflorer les jeunes filles. Le but étant, selon cette tradition rétrograde, de les initier au mariage. Aniva, séropositif, a eu des rapports sexuels non protégés avec plus de 100 femmes et filles.

Et pourtant, cet homme avait été choisi par une ONG afin de lutter contre cette tradition aux fondements plus que farfelus. « En fait, je ne veux pas que les gens le sachent et se disent “pourquoi cet homme fait cela, alors qu’il a été nommé ambassadeur pour mettre fin à ces rituels ?” », dit Erica Aniva.

Mais cela ne l’a pas empêché de continuer sa besogne. Cela n’a pas non plus empêché les parents de ses jeunes victimes de continuer à lui envoyer leurs progénitures, pour des séances d’initiation charnelle. Selon Erica, il compte arrêter ce boulot d’une autre dimension.

Au nom de la tradition

“Lorsque les parents de ces jeunes filles viennent à moi, ils promettent de me verser de l’argent, si j’effectue ces rituels sexuels secrètement” lâche-t-il. En effet, cette pratique d’un autre âge est encouragée au Malawi par des parents, qui prétendent ainsi préparer leurs filles au mariage.

Les « hyènes » (aussi appelés les « nettoyeurs sexuels ») ne « s’occupent » pas que des filles vierges ou jeunes. Ils sont aussi sollicités pour combler le vide chez les veuves et les femmes infertiles, celles-là même qui n’arrivent pas à enfanter. 4 dollars, c’est la somme que touche un homme « hyène », pour remplir sa part de contrat.

En 2015, la Malawi a adopté une loi qui interdit le mariage des enfants, relevant l‘âge minimal des filles pour le mariage à 18 ans. Les défenseurs des droits de la femme ont salué l’initiative et demandent la fin pure et simple de la pratique des « hyènes », qui affecte la moitié des jeunes filles du pays.

Aniva et ses complices sont derrière les barreaux depuis le début de cette semaine, après un ordre émis par le président Mutharika.

Dans le monde, ce sont 15 millions de filles mineures qui sont mariées chaque année, dont une fille sur trois dans les pays en voie de développement, selon des chiffres de l’ONG Girls Not Brides.

Les défenseurs des droits de la femme fustigent le mariage précoce qui, selon eux, prive les filles de l‘éducation scolaire, augmente le nombre des violences domestiques et la mortalité des filles-mères, dont le corps n’est pas prêt pour l’enfantement.

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